Les cheveux de la poupée ~ Eva Almassy
Medium de l'Ecole des loisirs, 2009 - 60 pages - 7,50€
illustration de couverture : Franck Juery
La veille de son dixième anniversaire, Charlotte est invitée chez son oncle pour choisir une poupée en cadeau. Et pas n'importe quelle poupée ! Son oncle est un grand collectionneur qui rêve d'ouvrir son musée de poupées. Il en possède des centaines, tous les modèles, toutes les époques, toutes chargées d'une histoire. Charlotte est impressionnée mais hésite. Trop précieuse, trop belle, trop poussiéreuse, trop interdite, trop fragile, etc. Ce n'est pas facile de choisir l'élue, quand son regard se pose sur une magnifique poupée aux cheveux plus vrais que nature. Son choix est fait, son oncle est impressionné, il n'a que peu d'informations sur cette poupée, elle vient d'Allemagne, a probablement été conçue dans les années 40 et ses cheveux sont de vrais cheveux, pas du vulgaire synthétique. La demoiselle rentre chez elle, enchantée. Sa poupée, de plus, se couche le soir en échangeant quelques mots avec la petite fille, elle souhaiterait qu'on l'appelle Charlotte, elle lui confie deux, trois trucs rigolos, la magie est réelle, la connivence certaine, paf, le début d'une histoire d'amour est signé. Et puis le lendemain, patatras, Charlotte apprend de la bouche de son amie Marianne une autre histoire qui fait froid dans le dos, une histoire sur la guerre, sur les enfants déportés, sur les camps de la mort, et Charlotte n'est plus sûre d'aimer sa poupée. Soudain, elle lui apparaît effrayante.
J'ai bien aimé cette histoire, pourtant je ne suis pas sûre qu'elle puisse plaire à tous les lecteurs visés (12 à 16 ans). C'est un livre dans lequel on retrouve plusieurs thèmes - les poupées, la guerre, les disparus, la mémoire - et en même temps j'ai le sentiment que cela fait beaucoup pour un seul livre. On part de l'idée d'une poupée, chargée en mystère et en histoire, d'ailleurs un lecteur adulte y verra déjà quelques signes pour la tournure des événements, et dans la foulée on apprend que le passé familial de Charlotte, sa mère et son oncle, est lui-même chargé d'absences et de silence. C'est alors qu'une tierce personne vient ouvrir les yeux de la fillette, simplement le personnage de Marianne ne m'est pas apparu très crédible. A dix ans, qui connaît autant sur la déportation et les choses de la guerre ? ... Bref, ce sont des détails, mais des détails qui chiffonnent car ce livre mérite d'être lu, mais je ne sais pas par qui. Ma fille est encore trop jeune, pourtant je pense que cette histoire de poupée pourrait l'intéresser, mais l'histoire impliquée me semble trop pédagogique et lourde de significations.
J'attends d'autres avis pour en discuter.
> Pascale Pineau, sur Ricochet, pense que c'est un livre qui interroge et bouscule.
Un petit garçon idéal ~ Zeruya Shalev
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 45 pages - 7,00€
traduit et adapté de l'hébreu par Valérie Zenatti
illustrations d'Iris de Moüy
Gour est « le petit garçon à sa maman ». C'est lui le plus beau, le plus fort, le plus grand, le plus intelligent. Autant d'amour vous blinde une armure d'acier pour affronter le monde... mais l'école est une claque. Gour comprend qu'il n'est pas le plus beau, le plus fort, le plus grand, le plus intelligent. Le constat est terrible. Serait-ce sa mère qui est aveugle ? N'a-t-elle pas réalisé qu'il existait d'autres enfants mieux que lui ? Cette vérité le paralyse. Il ne faut surtout pas qu'elle s'en rende compte, ou alors elle cessera de l'aimer !
Eh oui, les enfants, je vais vous apprendre une nouvelle terrible : vous n'êtes pas la huitième merveille du monde, hélas pour vous, mais vous l'êtes et le resterez à jamais pour vos parents ! Le drame est dissipé.
C'est un délicieux petit roman qui vous l'expliquera, avec des baisers sur la joue qui laissent des traces de rouge à lèvres, tel un envol de papillons. Je vous le confirme, ce livre est craquant, Gour est un garçon adorable, et je ne connais pas d'enfant ni de maman qui n'a pas dévoré d'amour son bout d'chou en le noyant sous les plus folles déclarations.
Oui, amis parents, cette lecture aussi s'adresse à vous. Zeryua Shalev est l'auteur (très connu, selon moi) de romans talentueux, comme Vie amoureuse, au sujet plus que sulfureux. Un petit garçon idéal est son premier roman pour les enfants (et les plus grands), il est illustré par les petites touches candides d'Iris de Moüy, visez la couverture, c'est un ange, non ? Cela donne envie d'aller plus loin, et de craquer pour cette petite galette rouge où l'amour d'une maman et les questions d'un enfant jouent ensemble à la marelle.
C'est génial !
@ iris de moüy
L'Enchanteur ~ Louis Muratet
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 45 pages - 6,50€
illustrations d'Isabelle Bonameau
Un mystère, ce roman. Je n'arrive pas à dire si nous l'avons apprécié ou non. L'histoire est croquignolette, un brin saisissante avec la tournure fantastique dans les dernières pages, mais je la trouve bien légère pour séduire des lecteurs au-delà de huit ans.
Lou rencontre pour la première fois son cousin Toly. C'est un bébé ravissant, au sourire ravageur. Son papa dit de lui que c'est un Enchanteur, et effectivement il se passe des choses magiques depuis son arrivée. Les fleurs ne fanent plus, les portes se ferment toutes seules et la nuit un Spectre apparaît dans un nuage de fumée et poursuit la petite fille en la menaçant.
Ce gros contraste entre le début - guilleret et naïf - et la fin - abracadabrante - est déconcertant. Impossible de cerner le propos de l'histoire, est-ce du lard ou du cochon, de la fantaisie pure et dure, à prendre ou à laisser.
Et puis j'ai dégoté ceci...
A la question : qu'est-ce qui a nourri votre imaginaire ? la plupart des auteurs répondent : la lecture. Ce n'est pas le cas de Louis Muratet, tout jeune auteur, étudiant en 3e année de fac de cinéma, qui avoue ne pas lire, à part des BD, et surtout des mangas. Forcément, cette présentation sur le site de L'école des loisirs rend ce jeune auteur attachant et très, très original.
Rien que ça, j'aime beaucoup. Par contre, son livre... je ne sais pas. Même ma fille est mitigée, elle se sent trop grande et a trouvé que ce n'était pas très crédible, enfin elle a eu du mal à adhérer à l'histoire.
Pas grave...