Bargain with the Devil ~ Enid Wilson
*****
In Jane Austen's Pride and Prejudice, Fitzwilliam Darcy learns of the debacle involving Elizabeth Bennet's sister several months after he was rejected by Elizabeth, and volunteers to help find her sister, of his own accord. But what if Mr. Darcy demanded a reward to help her ?
*****
L'histoire commence juste après le couac de Hunsford. Lydia s'est enfuie avec Wickham, Elizabeth et son père sont à Londres pour les retrouver. En chemin pour Bond Street, Elizabeth rencontre Darcy à Hyde Park (on se rappelle avec émotion l'épisode de la lettre), malgré tout la demoiselle n'hésite pas à lui demander son aide. Darcy accepte, on croit relire le roman original, sauf que Darcy décide de négocier. Le monsieur est encore froissé du refus de la belle, il compte bien lui rappeler la sensation de gifle cinglante qu'elle lui a infligée précédemment et qui continue de le meurtrir. Pour l'heure, ses conditions sont encore vagues. Liz, qui n'a pas le temps de faire la fine bouche, se demande in petto s'il est temps pour elle de prier pour sa vertu ! ^-^
D'après la couverture, c'est fort probable !
Soyons fous, cette bluette écrite par l'australienne Enid Wilson est une petite chose coquine et insensée. Liz et Darcy sont beaucoup plus entreprenants, leurs regards sont sous-jacents, les sourires démoniaques et leurs gestes tellement plus explicites. Amis puristes, passez votre chemin !
C'est simple, tout commence lorsque Liz et Darcy se retrouvent aux trousses du couple en fuite, quelque part dans une petite ville de pêcheurs. Liz s'est déguisée en garçon, elle a choisi, contre l'avis de Darcy, de se joindre à lui car elle craint sa colère d'avoir été dupé par deux fois par Wickham, elle souhaite éviter le duel. Ainsi, elle se présente à lui, la cheville foulée et les habits trempés (elle vient de glisser dans l'eau). Darcy est légèrement en pétard, de plus l'orage approche et il est temps de se mettre à l'abri. Le couple trouve rapidement refuge chez l'habitant.
Liz et Darcy vont alors passer toute une nuit dans la même chambre, ajoutez qu'ils sont nus (leurs vêtements sèchent près du feu) et Darcy va bien arroser sa soirée. Résultat, il est complètement ivre lorsqu'il se glisse sous la couette en prodiguant moults caresses et paroles interdites aux moins de 16 ans !!!
Hihihi. Ce n'est pourtant qu'une mise en bouche.
Las, le dossier Lydia-Wickham connaît une triste fin. Liz et Darcy ne vont plus se voir pendant six mois, jusqu'à l'invitation à Pemberley. Je passe à vive allure les atermoiements respectifs, notre couple est enfin nez à nez dans le labyrinthe du parc et s'avoue leurs sentiments (en s'échangeant quelques baisers hardis). Le soir même, la douce Elizabeth brise sa coquille et sussure, franco, "Fitzwilliam, make me yours" !!!
Les Janeites viennent de pousser leur dernier cri d'horreur.
Verdict, empreint d'une grande clémence : voilà un petit roman de 100 pages, polisson, pas bien méchant, avec du bon et du moins bon aussi (après tout, c'est à la base une fanfiction !). Ceux qui n'imaginent pas Liz et Darcy autrement que s'échangeant des billets doux, le regard énamouré, les courbettes respectueuses, et où seule la scène du lac atteint son plus haut degré d'érotisme, oui effectivement passez votre chemin, ce roman n'est pas pour vous ! ;o)
Orgueil et préjugés et zombies ~ Seth Grahame-Smith
Flammarion, 2009 - 317 pages - 17€
traduit de l'anglais par Laurent Bury
« - Elle est tolérable, mais pas assez jolie pour me tenter, et je ne suis pas d'humeur à accorder de l'intérêt aux demoiselles que les autres hommes dédaignent.
Alors que Mr Darcy s'éloignait, Elizabeth sentit son sang se glacer. Jamais de sa vie elle n'avait été insultée de la sorte. Le code des guerriers exigeait qu'elle vengeât son honneur. En veillant à ne pas attirer l'attention, Elizabeth baissa la main jusqu'à sa cheville, où elle trouva la dague qu'elle dissimulait sous sa robe. Elle avait l'intention de suivre cet orgueilleux Mr Darcy à l'extérieur et de lui trancher la gorge.
Cependant, à peine avait-elle saisi la poignée de son arme que la salle se remplit d'un choeur de hurlements, aussitôt accompagnés d'un bris de vitres. Des innommables se répandirent dans la pièce, avec des mouvements gauches mais rapides ; les habits dans lesquels ils avaient été inhumés illustraient toutes les formes de désordre possibles. Certains portaient des robes en lambeaux, si bien que leur nudité en était scandaleuse ; d'autres, des costumes si crasseux qu'on les aurait crus faits de terre et de sang séché. Leur chair présentait des degrés divers de putréfaction ; chez ceux qui venaient de trépasser, elle était souple et légèrement verdâtre, alors que chez ceux dont la mort remontait à plus longtemps, elle était grise et friable. Leurs yeux et leur langue étaient de longue date tombés en poussière, et leurs lèvres se retroussaient en un perpétuel sourire de squelette.
Quelques-uns des invités, qui avaient la malchance de se trouver près des fenêtres, furent aussitôt capturés pour être dévorés. Lorsque Elizabeth se redressa, elle vit Mrs Long tenter de se dégager alors que deux monstres femelles lui mordaient la tête. Le crâne craqua comme une noix et projeta des éclaboussures de sang noir jusqu'aux lustres.
Tandis que les invités fuyaient en tous sens, la voix de Mr Bennet retentit à travers le vacarme.
- Mesdemoiselles ! Pentagramme de la Mort !
Elizabeth rejoignit aussitôt ses quatre soeurs, Jane, Mary, Catherine et Lydia, au centre de la pièce. Chacune des filles détacha un poignard de sa cheville et elles se disposèrent de manière à former les cinq branches d'une étoile, puis s'avancèrent simultanément. Chacun brandissait d'une main un poignard tranchant comme un rasoir, l'autre main pudiquement rangée dans le dos.
D'un angle de la salle, Mr Darcy regarda Elizabeth et ses soeurs progresser vers les murs, décapitant zombie après zombie sur leur passage. Il ne connaissait qu'une seule autre femme dans toute l'Angleterre qui maniait le poignard avec autant d'habileté, avec autant de grâce et avec la même précision mortelle.
Lorsque les filles atteignirent les murs de la pièce, le dernier des innommables gisait au sol, inerte.
En dehors de cette attaque, la soirée se déroula agréablement pour toute la famille.
(...) »
Une farce, ce roman !
Pas le temps d'avoir une petite pensée pour Jane Austen, ou tout juste, qui doit se retourner dans sa tombe. Cette parodie est à prendre à la légère, l'intrigue de base est la même que l'oeuvre originale (Orgueil et Préjugés) mais cette fois le Hertfordshire est ravagé par un terrible fléau : des attaques de zombies. M. Bennet ne gamberge plus dans son bureau, parmi ses livres poussiéreux, il a le souci de veiller à la défense de sa maison et passe son temps à aiguiser son poignard, nettoyer son mousquet et entraîner sa progéniture. Les filles Bennet sont des fines mouches, elles constituent l'armée de faction (en jupons et dentelles) à Longbourn et ses environs (elles ont même suivi un entraînement intensif dans l'art du combat à mort !).
Netherfield Park accueille ses nouveaux locataires, soit M. Bingley et toute la clique londonienne, dont le très orgueilleux Darcy. Vous l'avez compris, 85 pour cent du texte original ont été préservés, Grahame-Smith s'est ensuite contenté de fondre son grabuge du zombie ultraviolent pour un roman au-delà de toute morale. Les puristes crieront au scandale, les autres lecteurs penseront juste que c'est à prendre au second degré !
Car c'est effectivement cocasse, absurde, grand-guignolesque, invraisemblable, terrifiant et ridicule. Et pourtant, ce n'est pas totalement mauvais non plus, sauf si vous n'aimez pas les zombies et ce qui s'apparente à de la comédie très gore !
Pour ma part, j'ai ricané. J'ai franchement passé un bon moment, en reconnaissant que c'était osé, maladroit, en perte de vitesse au fil des pages et proche du sacrilège.
Ce livre de Grahame-Smith n'a aucune prétention, l'auteur a d'ailleurs de l'humour puisqu'il se présente lui-même comme un écrivain et scénariste américain qui ne s'est jamais remis de la lecture de Jane Austen ! Bien sûr, son délire littéraire est voué à l'oubli, en attendant il est bon de rire...
Et c'est à souhaiter que les lecteurs qui trouveront ce livre, sans connaître l'original, auront l'envie de découvrir la véritable pépite sans attendre !
D'autres facéties sont à craindre pour la suite : Sense and Sensibility and Sea Monsters ; Mansfield Park and Mummies ... Et un prequel à Pride and Prejudice and Zombies va paraître en mars 2010 sous le titre de Dawn of the dreadfuls, où Liz Bennet devient cette stupéfiante tueuse de zombies qu'on connaît.
Les Janeites sont sous le choc ! :o)