Je suis devenue invisible.
(...) Je me déplace sans bruit, comme un fantôme. Invisible à l'oeil nu. Et quand j'attaque, c'est fulgurant. Tu pourrais recevoir un coup mortel sans jamais savoir qui t'a tué.
Mais je ne dégainerai pas mon épée contre toi. Parce que tuer sans raison, de sang-froid, est contraire au bushi, le code des samouraïs.
Et je suis un samouraï.
Ceci signe le lancement d'une excellente série, avec deux tomes déjà disponibles :
Les filles du Samouraï de Maya Snow : 1. La Trahison 2. Le Guet-Apens.
Et j'ai tout simplement adoré !
C'est une histoire qui vous transporte au 13° siècle, au Japon. Les deux héroïnes, Kimi et Hana, sont les filles du Jito, élevées dans la tradition pour devenir des demoiselles accomplies, bien qu'elles rêvent avant tout de devenir des samouraïs. Du fait de leur sexe et de leur rang, c'est une chose impossible, mais leur père, sur la bonne foi de savoir ses filles prêtes à se défendre en toutes circonstances, a toléré qu'elles s'entraînent avec des armes d'homme, aussi n'est-il pas étonnant de voir Kimi et Hana manier l'épée avec une grande dextérité.
Beaucoup de bonheur, de richesse et de sérénité baignent chez les Yamamoto, mais tout sera balayé en une soirée.
Kimi et Hana doivent fuir et se refugient dans la forêt avant de tenter leur chance dans une école de samouraïs tenue par Maître Goku. Elles masquent leur réelle identité et se font passer pour des paysans. A défaut d'être acceptées pour élèves, les soeurs sont reçues pour devenir des serviteurs.
La vie au dojo leur offre un havre de paix temporaire, le temps de se former et d'asseoir leurs maigres acquis, elles vont aussi mijoter un plan pour retrouver le reste de leur famille et laver l'honneur des Yamamoto, qui a été souillé par une haute trahison.
C'est une série que j'ai découvert avec grand plaisir. Une série où se mêle la richesse de la culture japonaise, à travers les arts martiaux, les samouraïs et les ninja, mais aussi qui révèle l'importance des castes sociales, l'éducation des plus nobles à travers les cérémonies du thé, la danse et la calligraphie, et puis le code de l'honneur des samouraïs, le bushi.
Respect et tradition, à première vue, mais pas seulement.
L'histoire nous montre le tourment des ambitions politiques, des complots et des trahisons, les soeurs ne vivent plus dans la douce illusion de confort et de paix. La belle époque est révolue, les héroïnes, loin d'être des pleurnicheuses, sont fortes et courageuses et ont vite fait le deuil de leur cocon.
La lecture se révèle parfaitement réjouissante, j'ai même dévoré les deux tomes à la suite, je me suis régalée. C'est plus enfantin que Le clan des Otori, car cela peut se destiner aux lecteurs dès 11 ans, mais c'est aussi une passionnante série qui ne fait pas dans la dentelle (les combats sont assez sanguinaires). Il y a beaucoup d'action, le récit oscille entre un tempo classieux et le rythme trépidant, dans le tome 2, par exemple, l'aventure ne faiblit pas un seul instant. Nous suivons les soeurs accompagnées de leur ami Tatsuya, la province est au bord de l'implosion, on ne compte plus les ennemis, mais heureusement des alliés inattendus font aussi leur apparition. Si le lecteur peut, a priori, reprocher un certain manque de style et quelques maladresses, il ne boudera pas longtemps son plaisir. C'est une très bonne série, qui aura à coeur de nous étonner encore et toujours.
Il s'agit d'une tétralogie. Le tome 3 doit prochainement paraître.
Traduction française de Alice Marchand
illustration de couverture : Brandon Dorman
Flammarion, 2009