06/04/10

Cette nuit-là, nous écoutâmes jusqu'au petit matin le Pr Rufus Aloysius Winwood deviser des mystères sublimes et redoutables ...

... de la nature en sirotant des verres de brandy additionnés de quelques gouttes d'eau de Dantzig.

diable_du_crystal_palaceSous le charme d'une jeune beauté éthérée, Andrew Singleton s'engage à retrouver son fiancé disparu - ledit Frederic Beckford, entomologiste au British Museum, aurait montré une grande fébrilité suite à un entrefilet paru dans le journal et relatant l'accident d'un taxi avec un tigre. Depuis, nulle trace de l'animal mais les témoins affirment que la créature ressemblait à un énorme chat aux dents longues. Le célèbre zoologiste, le Professeur Winwood, vient alors en aide à nos deux Détectives de l'Étrange.

Une lecture qui s'inscrit sous le patronage de Conan Doyle, entre Sherlock Holmes et son Monde perdu ("C'était le diable en personne, tel que nous nous le figurions dans notre enfance.") : de quoi envisager un rendez-vous exaltant, plein d'esprit, d'humour et d'aventures insolites !

L'histoire ne manque pas de piquant ni de surprises - comme croiser un ptérodactyle au détour d'un chapitre. Voilà, voilà. Si les romans se suivent et les sujets varient, nuançant parfois mon intérêt, le charme lui demeure indécrottable. Fabrice Bourland a su toucher mon cœur. Ce mélange de péripéties aux rebondissements extraordinaires - déviant sur du fantastique - avec des enquêtes policières est en effet pour moi tout bonnement électrisant. J'aime aussi beaucoup les personnages et leur humour (on peut notamment savourer la description morphologique "tout en rotondité" de l'un d'eux). 

Le diable du Crystal Palace ~ Fabrice Bourland
Grands détectives - 10/18  (2010) - 275 pages - 7,00€

dans la même série : Le fantôme de Baker Street & Les portes du sommeil

 

 


tRICOT d'AMouR

tricot_damourJ'étais impatiente de relire un roman de Karin Serres, et la collection zigZag m'est très, très chère pour y avoir souvent trouvé des pépites et passé de jolis moments de lecture. J'ai donc accueilli Tricot d'amour avec beaucoup d'attente et d'impatience, je n'ai pas été déçue, j'ai adoré ce petit roman, adoré l'histoire, adoré les personnages et adoré les illustrations. (Ouf, il était temps de reprendre ma respiration.)

L'histoire, en quelques phrases, raconte la rencontre providentielle entre deux enfants souvent montrés du doigt par leurs camarades d'école - Kévin, le petit nouveau, porte des pulls tricotés en laine d'un goût douteux et Mira, au fond de la classe, est surnommée la tête à poux, même la maîtresse ne cesse de la gronder en lui collant des lignes à copier en punition. Las, les deux enfants ont pas mal d'atomes crochus mais une réalité saisit notre héroïne : Kévin est fils de boucher et Mira déteste la viande. Elle ne montre pas son aversion, elle n'ose pas, aussi lorsqu'elle est invitée chez lui, la demoiselle a le coeur au bord des lèvres. Va-t-elle oser franchir le seuil de la boutique ? Les visions d'horreur des animaux morts affichés sur les murs ou derrière les vitrines ne vont-elles pas lui faire tourner de l'oeil ? ...

Vite, vite, Mira se réfugie à l'étage supérieur où elle croise la petite grand-mère de Kévin, recroquevillée sur les coussins en train de dormir. Oui, c'est très, très touchant. C'est elle la grande tricoteuse de la maison. Elle qui offre à son petit-fils des pulls bariolés, originaux et éclatants, souvent sujets à la moquerie, mais Kévin assume. Pas seulement par bravoure, mais par amour. Quand le garçon sera porté absent pendant une semaine à l'école, Mira va s'inquiéter et trembler en écoutant les potins qui courent sur le boucher et sa famille. Juger sur l'apparence, dire et médire, bonjour radio potins ! Nous avons tous connu ça - les messes basses, les on-dit-que et les spéculations toutes plus dingues les unes que les autres. Quand on ne sait pas, on se tait. Hélas, dans la vie, même si on ne sait pas, on raconte n'importe quoi !

Et c'est ce que ce petit roman nous montre en soulevant le coin du rideau. Jamais dévoiler, juste suggérer. J'ai trouvé l'histoire belle, touchante et attendrissante. J'ai aimé le petit Kévin, sa famille et sa grand-mère tricoteuse. J'ai ressenti un grand souffle de tendresse à travers les pages de ce livre. Texte et illustrations font forcément bon ménage. J'étais donc sous le charme... et j'aimerais, oui j'aimerais qu'un jour Karin Serres me propose aussi un roman plus long, un roman pour doAdo par exemple car son univers me plaît beaucoup.

Tricot d'amour ~ Karin Serres
illustrations de Mathieu Demore
zigZag du Rouergue, 2010 - 93 pages - 6€

J'aime aussi beaucoup les petites notes à la fin du livre, où l'auteur et l'illustrateur ajoutent leur grain de sel pour expliquer comment ils ont envisagé ce livre. Cette fois, Karin Serres explique ceci : 

Quel rapport entre l'amour du tricot et une boucherie ? Comment deux univers si différents peuvent-ils se croiser pour tricoter une histoire ensemble ? C'est le mystère de l'écriture, des histoires inventées. Quand j'écris, je suis comme une éponge, un insecte ou un extraterrestre plein d'antennes : tout ce qui me touche dans la vie, je le capte, je l'absorbe. Et ces milliers de détails se mélangent à l'intérieur de moi pour se recomposer à leur manière et faire naître des histoires qui sont à la fois totalement imaginaires ET reliées par eux à la vraie vie.

Ahlala... qu'est-ce que ça me parle !

 

Posté par clarabel76 à 09:30:00 - - Commentaires [5] - Permalien [#]
Tags : , ,