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Chez Clarabel
7 novembre 2010

Lecture du soir #1

Je suis allongée depuis à peine cinq minutes que se pointe un garçon des CEP : classes des enfants précoces, rebaptisées par nous "classes des bouffons". Je fais mine de dormir parce qu'il est hors de question que je lui donne le moindre espoir de sympathiser avec moi.
J'entends le deuxième lit qui grince et je sens une odeur qui couvre celle d'eau de Javel de l'infirmerie. Et pour couvrir l'eau de Javel, il faut mettre le paquet.
En l'occurence, le paquet, ce sont ses chaussettes.
- T'as quoi exactement ? me demande-t-il.
Cet enfant précoce est peut-être un festival de neurones à lui tout seul, mais côté physique, ça laisse à désirer. Petit, gringalet, boutonneux et chaussettes pourries en prime, il coche toutes les cases. J'ai pas franchement envie de lui faire la conversation, alors histoire de m'en débarrasser une bonne fois pour toutes, je lance :
- J'ai un indien dans le jardin.
Evidemment, je m'attends à ce qu'il ouvre des yeux ronds comme des billes. A la place, il s'agite sur son lit, ce qui fait remonter l'odeur de ses chaussettes jusqu'à mon nez, et il déclare :
- C'est drôle, parce que moi, j'ai une grenouille affamée dans la tête ! Elle saute, elle saute jusqu'à ce que je lui trouve un truc à manger ! Et j'te jure sur la vie de ma mère que c'est épuisant !
C'est pile à ce moment-là que je découvre ses yeux d'un vert gazon. Des yeux tellement incroyables qu'ils pourraient me faire oublier la guirlande de boutons qui clignotent tout autour.
- La prochaine fois que tu verras ton Indien, compte les plumes sur sa tête. Chaque plume représente une épreuve remportée haut la main, comme tuer un bison, communiquer avec les esprits. Alors si ton Indien est tout déplumé, c'est que c'est un naze.
Puis il enchaîne en me disant qu'il s'appelle Youssef et qu'il est une sorte d'Indien avec son QI gros comme un oeuf de pintade qui l'encombre au moins autant que des plumes sur la tête.

extrait de : Un indien dans mon jardin, d'Agnès de Lestrade IMG_0722

Ce petit roman est génial, très drôle, il raconte l'histoire farfelue d'un homme - le papa de Mia - qui se réveille un matin en se prenant pour un Indien. En fait le problème est plus profond et la conséquence de vieilles plaies mal cicatrisées. Quand il était plus jeune, le papa de Mia a vécu quelques mois dans une réserve de la tribu walla-walla aux Etats-Unis, et ce après la mort de ses parents. Les années ont passé,  il n'a jamais pu oublier sa tribu et constate aussi qu'il n'a pas totalement fait son deuil. Il a donc besoin de chercher un signe, au coeur du cercle magique, afin de boucler la boucle (soulager sa conscience, en somme). Cela perturbe toute la famille, la vie sera chamboulée pendant un mois, pas de souci, chacun y mettra du sien, quitte à trouver des excuses bidons pour écarter les copains et les voisins trop curieux. Même tatie Ronchon, qui n'est pas née de la dernière pluie, rendra un grand service à tous en dévoilant sa moitié que personne n'avait jamais vue.
Ce petit roman est absolument charmant et étonnant car, sous l'humour, il vous raconte des tas de choses : Parfois, même les mots, ça fait trop mal. Ou parfois les signes sont juste sous nos yeux, il suffit de savoir les regarder.
C'est une jolie lecture qui parle des angoisses des parents vues à travers le jugement (ou l'inquiétude) des enfants, des signes qui surgissent sans crier gare (un bouquet de fleurs dans les bras, des yeux vert gazon), du soutien familial, de tendresse et d'espoir. Et en prime une nouvelle expression pour dire un truc bizarre : Y'a un Indien dans le jardin !

Dacodac du Rouergue (2010) - 57 pages - 6€

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6 novembre 2010

Cathy's Ring ~ Sean Stewart & Jordan Weisman

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C'est le dernier livre de la série, après Cathy's Book et Cathy's Key. Cathy possède l'arme fatale : le sérum qui rendrait la mortalité aux immortels, et devient ainsi la tête à abattre. L'Ancêtre Lu envoie des tueurs à ses trousses, la jeune fille flippe lorsqu'elle découvre des cadavres sous sa fenêtre, et ne se doute pas de l'identité de son mystérieux garde du corps. (La découverte ne cessera de l'étonner !) Après plusieurs pages de flottement, Cathy, complètement paumée, choisit de quitter la ville pour protéger ses proches, mais sa bande de potes intervient à temps pour lui taper sur la main. Ensemble, ils montent un plan d'attaque pour affronter des criminels suréquipés et surentraînés. Et surtout, tenir en échec l'Ancêtre Lu, un vieux dingue qui tue tout ce qui bouge.

Côté coeur, Cathy n'est pas mieux lotie, elle est partagée entre Denny et Victor. Mais s'agit-il d'une simple attirance pour le frère de sa jumelle diabolique (Jewel) ou d'une échappatoire, puisque toute relation avec Victor est passablement impossible !? Heureusement l'histoire ne s'appesantit pas en atermoiements amoureux. Il y a plus sérieux à résoudre, même si l'action est plutôt lente, l'histoire piétine et se boucle en un dénouement facile et un poil complaisant. (Mais heureux aussi, donc je suis contente.)

Globalement, j'ai trouvé que le livre manquait de peps, mais je n'ai pas été déçue non plus. Cette série a su révéler une héroïne avec beaucoup d'humour et un vilain caractère de fonceuse irréfléchie, j'aime beaucoup Cathy, son histoire a été attachante et parfois inattendue, dans l'ensemble elle a bien su mener sa barque, même quand ça partait dans tous les sens. Quant à l'emballage cadeau, en fait un accessoire de marketing sans grande utilité, je trouve ça joli (la couverture noire cartonnée) mais j'ai passé l'âge de jouer avec les documents en bonus.

Cathy's Ring ~ Sean Stewart & Jordan Weisman
illustrations de Cathy Brigg
Bayard jeunesse, 2010 - 196 pages - 15,90€
traduit de l'anglais (USA) par Pascale Jusforgues

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5 novembre 2010

Azilis : Le Sortilège du Vent

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J'étais particulièrement anxieuse avant de lire ce 3ème et dernier tome de la série, soucieuse de la fin que je pressentais injuste mais inévitable, angoissée de ne plus retrouver Kian, qui est parti en brisant le coeur d'Azilis (et le mien), et parce que la jeune femme est également ensorcelée par Myrddin, ce barde au charme si troublant. Ses enseignements lui valent toute l'estime et l'admiration de l'enchanteresse, en échange elle a promis de se donner à lui, oui elle a osé, mais avant cela il faut qu'elle retrouve Ninian, elle a rêvé de lui, enchaîné comme un esclave, et seul Myrddin peut l'aider.

Leur relation n'est pas simple, Azilis est également tombée amoureuse de lui, or une partie d'elle se refuse toujours, ne veut pas croire à la sincérité du barde. Sa magie est trop puissante, flirte avec les interdits, peut-être a-t-il abusé de sortilèges inavouables pour la séduire ?

De son côté, Kian est plus taciturne que jamais. Il a suivi Arturus jusqu'en Cornouailles afin de rallier les roitelets de la région, la tâche est rude, la menace d'une invasion n'est jamais loin, et c'est ce que recherche le jeune homme, à braver la mort pour mettre un terme à ses souffrances morales. Un voile funeste entoure chacun de ses trop rares passages dans ce livre, c'est déconcertant.

C'est probablement le tome le plus enivrant de la série, même si chaque roman m'a passionnée. Je crois que la sensation d'aboutissement a eu pour effet de me griser, hélas la fin arrive beaucoup trop tôt, les événements se précipitent, cet empressement me dérange, mais puis-je contester ? Non, bien sûr. Valérie Guinot a eu parfaitement raison d'en arriver là. Cette fin est pleinement satisfaisante. C'est un déchirement de quitter cet univers qui était devenu familier et attachant, m
ais la suite appartient à l'histoire et aux légendes. Azilis, Niniane, Kian, Myrddin... Ils ont été les acteurs d'une formidable épopée, romantique et chevaleresque. J'ai adoré suivre leurs parcours, j'ai vibré à leurs côtés, c'était magique ! Et je pèse mes mots...

( A noter : Bladelor, la coupable...)

Azilis, tome 3 : Le Sortilège du Vent - Valérie Guinot
Rageot (2010) - 400 pages - 16€
couverture : Stéphanie Hans

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4 novembre 2010

Mauvaise Graine - Orianne Charpentier

mauvaise_graineAprès La petite capuche rouge, Orianne Charpentier nous raconte l'histoire de Jérémy, un garçon de quinze ans, pas très grand, pas bon à l'école, un peu mal dans ses baskets, et qui n'aime pas du tout sa vie tout en rejetant la faute sur ses parents. Chez eux, c'est triste, c'est gris, c'est petit. Même les repas de Noël sont surfaits, ça sent l'étroitesse et l'ennui.

Jérémy a beau vivre à la campagne, avec des champs à perte de vue, il étouffe et il a besoin d'espace. En fait, il a du mal à s'accepter et passe à côté des choses importantes, ou essentielles. Il ne voit pas l'inquiétude de ses parents, ou trop tard. Il ne comprend pas ce que cache la mine soucieuse de son père, les commentaires acides de la voisine, ne supporte plus les bavardages de sa soeur aînée, qui suit des études à Paris, et qui sans le savoir l'écrase encore plus, le faisant se sentir minable et incapable.

Quand Jérémy découvre la maladie de son père, son comportement aussi va changer. Il va s'intéresser à la vie des siens, aimer ce qui l'entoure, ne plus espérer l'impossible, se rapprocher de Méthilde, qui est belle, intelligente mais impossible à amadouer. C'est d'ailleurs un prolongement de la même petite bande aperçue dans le précédent roman d'Orianne Charpentier, il y a Sarah et Léopoldine aussi, et j'espère qu'à leur tour elles auront leur mot à dire dans d'autres romans.

Car l'auteur possède beaucoup de finesse pour décrire l'adolescence en perte de vitesse, pour raconter l'errance, les doutes et les angoisses de l'âge ingrat. Cela me rappelle aussi le roman de Martin Page,
Le club des inadaptés, parce que c'est une histoire quasi universelle, celle de jeunes gens qui manquent de confiance en eux et qui n'ont pas encore trouvé leur place. La maladie sert de prétexte pour mettre à plat tout ce qui va de travers et permettre ainsi au garçon de quinze ans de moins se regarder le nombril et de s'assumer un peu mieux. Je trouve juste un peu dommage le choix de cette couverture, les illustrations de Sébastien Mourrain me manquent !

Gallimard, coll. Scripto (2010) - 135 pages - 7,50€

« J'ai peur d'être comme ces champs que nous traversons. De rester là immobile pour toujours, entre mon village et la forêt, à regarder le blé pousser et les nuages s'enfuir, sans que rien ne change jamais pour moi. J'ai peur de voir tous les gens que j'aime me quitter un à un sur les ailes du vent, pour aller voir ce qu'est le métro de Paris ou le Sahara, et que leur vie ressemble à un grand courant d'air qui passerait trop loin. »

« Je venais de découvrir que la vie, ma vie, changeait selon les mots que je trouvais pour la décrire. Ce n'était pas une question de mensonge, c'était une question de point de vue. Au bout d'un moment, j'ai décidé que je n'étais pas un garçon de quinze ans parmi des grands champs vides : j'étais un garçon de quinze ans avec un ciel immense au-dessus de lui. »

3 novembre 2010

Le Secret de l'Ange - Les Vampires de Manhattan #5

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Jack et Theodora sont en fuite, quelque part dans la campagne italienne, alors qu'ils croisent un groupe de villageois à la recherche d'une jeune fille disparue et proposent leur aide. A New York, Mimi Force, devenue la Régente, panse ses peines avec amertume, quand une vidéo publiée sur le net vient mettre le feu aux poudres. Une étudiante de Duchesne aurait été kidnappée, ses jours sont comptés, son agresseur menace de la brûler vive et de révéler l'existence des vampires. Pour l'occasion, Mimi se lie avec Oliver, le familier de Theodora, et convoque la Venator Deming Chen, une nouvelle venue dans cette saga, pour résoudre cette enquête ô combien fumeuse.

Ce cinquième tome n'est pas le plus palpitant de la série, mais en tant que maillon, il est important pour avancer et en apprendre plus sur les Pétruviens, l'héritage des Van Alen, le sort de Kingsley, le lien brisé entre les jumeaux Force, l'Etoile du Matin, le triglyphe et j'en passe. Sans oublier toutes ces histoires de disparitions, loin d'être le fruit du hasard, elles sont là pour alimenter l'intrigue globale, et non pour faire diversion.

La série ne ressemble plus à celle qu'elle était à ses débuts, les récents événements ont beaucoup chamboulé le paysage originel, les personnages vont et viennent, certains ne seront plus, d'autres ont laissé leur place au profit de nouveaux venus, comme la super-détective vampire, Deming Chen. Ainsi les horizons s'élargissent, enrichissant l'histoire et ses enjeux, brouillant volontairement les pistes, sans apporter de réelle solution.

Le Secret de l'Ange n'apporte en effet pas beaucoup de réponses à toutes nos questions, voilà pourquoi je pense qu'il met en place le prochain tome qui aura la lourde tâche de démêler l'écheveau entre Theodora, Jack et Mimi (et pourquoi ne pas trouver un miracle pour Kingsley). Les Sang d'Argent reviendront aussi sur le devant de la scène, puisqu'eux non plus n'ont pas été très présents dans ce livre, même si la menace plane toujours. Et je ne doute pas que la brillante Deming jouera un rôle majeur à l'avenir, quitte à remplacer l'un ou l'autre des protagonistes déjà en place. En attendant, rendez-vous est pris à Alexandrie, où tout ce petit monde semble se diriger sans s'être concerté, mais il faudra encore patienter une année pour assister au feu d'artifices !

Le Secret de l'Ange - Melissa de la Cruz
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 295 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

 

 

Et la fameuse vidéo qui sert aussi de trailer :

 

Misguided angel hangin' over me
Heart like a Gabriel, pure and white as ivory
Soul like a Lucifer
Black and cold like a piece of lead
Misguided angel, love you 'til I'm dead

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2 novembre 2010

Là où j'irai - Gayle Forman

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Voilà la suite la plus attendue de l'année !!! En 2009, ma plus belle émotion m'avait été donnée par Si je reste, de Gayle Forman. Rappelez-vous, Mia et Adam, un accident de voiture, une famille brisée et une jeune fille qui ne sait plus s'il lui faut rester ou partir avec les siens... C'était beau, c'était fort mais ce n'était pas assez. Aussi, l'auteur a exaucé nos prières muettes et a écrit la suite de leur histoire, trois ans après.

Et c'est là que notre coeur se brise, car Mia et Adam ne sont plus ensemble ! Leurs chemins se sont séparés : elle est partie à New York pour ses études, elle n'a plus jamais donné de nouvelles. Aujourd'hui elle est en train de devenir une violoncelliste de renom et donne un concert au Carnegie Hall. De son côté Adam a propulsé son groupe de rock sous les feux de la rampe, c'est la consécration mais notre rocker n'est point satisfait. L'histoire, cette fois, nous est donc reportée par son intermédiaire, et rien que pour ça, cela vaut toutes les danses de la joie, car Adam est un garçon formidable !

En cette soirée d'août, Mia et Adam vont se revoir par le plus grand des hasards, ils vont passer une nuit à parcourir les rues new-yorkaises, tout en tournant autour du pot. Pas une fois ils n'aborderont le passé, même si le malaise est palpable, Adam notamment voudrait crever l'abcès mais ne s'en sent pas capable. On le découvre amer, torturé et meurtri par la rupture, encore à fleur de peau, partagé entre la colère et la rancune. Il est donc nécessaire que notre petit couple se parle vraiment.

Mais avant d'en arriver là, Gayle Forman fait appel aux flashbacks pour tisser sa toile, pour parler de la vie qui a filé pendant ces trois années, et nous rappeler l'amour fou et véritable que nourrissait Adam pour Mia. C'est si touchant, j'en avais des papillons dans le ventre (la première fois où ils sont partis camper, par exemple), et cela alimentait d'autant plus mon incrédulité et mon envie de savoir pourquoi, mais pourquoi, hein, Mia !?!

Lorsque les langues se délient, et les larmes coulent, c'est toujours aussi fort et aussi bon. C'est une délivrance pour tout le monde, mais ça ne signe pas le point final, au contraire c'est toujours si mouvementé, comme les montagnes russes, et ça continue, encore et encore, rien n'est jamais gagné, mais qu'est-ce qu'on reste scotché jusqu'au bout, le coeur débordant d'espoir. Je n'en dis pas davantage, mais Adam je t'aime d'amour. C'est tout.

Là où j'irai - Gayle Forman
Oh ! Editions (2010) - 280 pages - 16,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod

Je rappelle un passage du livre précédent, parce qu'il dit tout et parce qu'il me donne les larmes aux yeux, rien que d'y repenser ... "If you stay, I'll do whatever you want. I'll quit the band, go with you to New York. But if you need me to go away, I'll do that, too. I was talking to Liz and she said maybe coming back to your old life would be too painful, that maybe it'd be easier for you to erase us. And that would suck, but I'd do it. I can lose you like that if I don't lose you today. I'll let you go. If you stay."
Gayle Forman (If I Stay)

Lu avec le casque sur les oreilles ... ce roman est également pétri de musique (du rock, du blues, du folk), j'adore !

 

Elle est partie pour la Juilliard School au début septembre. Je l'ai accompagnée en voiture à l'aéroport. Elle m'a dit au revoir, m'a embrassé. Et elle a déclaré qu'elle m'aimait plus que la vie même. Puis elle s'est avancée vers le portique de sécurité.
Elle n'est jamais revenue.

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