17/12/10

Les super-héros n'ont pas le vertige

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Depuis sa petite enfance, Maurice a la conviction d'être un super-héros et sa voisine, Mme Polenta, ne lui dira pas le contraire. Hélas, dans la vie, ses proches restent aveugles : ses parents vivent dans leur bulle (ils ne comprennent même pas les mots de l'institutrice) et sa petite soeur est une plaie ambulante (son jeu Sorcière-Sorcière n'a nulle autre utilité que de tester la patience !). A l'école, Maurice se montre discret, jusqu'à l'arrivée du nouvel élève, Jupiter. Car aussitôt Maurice a le sentiment que ce garçon vient exprès de croiser sa route pour révéler ses fonctions cachées.

Bon, la mission est délicate : d'abord il y a Juliette Baccara, auprès de laquelle Maurice perd tous ses moyens. C'est bien simple, dès qu'elle est dans les parages, sa langue lui colle au palais. La timidité le cloue sur place. Comment venir au secours de Jupiter, nouvelle cible des trois brutes de l'école, et surtout comment se sauver lui-même quand il devient la tête de turc attitrée parce que son moi profond s'est prononcé trop bruyamment (et de façon trop agressive, selon la maîtresse) ? Comble de tout, Jupiter a osé confier qu'il trouvait Juliette particulièrement mignonne. Argh, c'est la crise ! La vie d'un super-héros n'est vraiment, vraiment pas facile. Mais Maurice s'est juré de briser la malédiction qui pèse sur sa famille (oui, je sais, on n'y comprend plus rien), il croit en ses rêves, il croit en ses chances et il croit en son potentiel, même Mme Polenta a foi en lui et donne les meilleurs conseils au monde. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard !

J'ai été étonnée par ce roman, qui débute dans un grand tourbillon d'humour, et qui glisse doucement dans une certaine gravité inopinée. La lecture est jolie, elle traite de la timidité avec sérieux et détachement. Par contre je me sens perplexe face à l'évolution de l'histoire : il y a un passage triste (était-il utile ?), les parents me sont apparus trop à côté de la plaque, je n'ai pas cerné leur rôle, en fait l'histoire part un peu dans tous les sens, et pas toujours pour un bien. Je m'avoue déconcertée par cette lecture, où règne une sensation de légèreté quelque peu maladroite. J'ai même ressenti du soulagement à la fin. C'est la première fois qu'un roman de Colas Gutman me laisse aussi songeuse (moi qui ne jure que par lui, c'est un auteur talentueux, lisez La vie avant moi par exemple, cela avait été un vrai coup de coeur !). Bon, allez... on fera comme si. Vivement le prochain !

Les super-héros n'ont pas le vertige - Colas Gutman
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2010) - 95 pages - 8,50€
illustration de couverture : Marc Boutavant

Posté par clarabel76 à 17:30:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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La vie, c'est pas du gâteau, Jake, comme chacun sait. Mais le gâteau reste du gâteau.

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Avoir lu récemment Les trois premières notes de Siobhan Parkinson a été une bonne chose, et une moins bonne. Soit, cela m'a donné envie de continuer à découvrir l'univers de cet auteur, et franchement le doute n'est plus possible, j'aime beaucoup son style (que je trouve peut-être davantage destiné à un adulte). Par contre, Le rire de Stella est un peu trop semblable à ce que j'ai déjà lu. L'histoire de Jake est proche de celle de Mags, dans sa structure et dans l'esprit. Du coup, je n'avais plus l'effet de surprise, c'est un peu dommage.
L'histoire ? Jake a onze ans, il aime le foot et les poissons, il n'aime pas les filles ni les bébés. Manque de bol, le voilà promu grand frère d'une petite Marguerite, surnommée Daisy. Ses parents ont cru bon de ne pas lui en parler, il est face au fait accompli, bonjour le manque de délicatesse. Comment voulez-vous qu'il digère tout ça ?!
Peu après cette nouvelle, il rencontre Stella, qui n'habite pas très loin de chez lui et qui est toujours accompagnée de ses petites soeurs. Pourquoi colle-t-elle Jake ? Comment se fait-il qu'elle semble si bien le connaître ? Malgré ses doutes (c'est une fille et elle est bizarre), il prend de plus en plus plaisir à être en sa compagnie. C'est encore trop tôt pour parler d'amitié, ce qu'il y a entre eux est fragile, mais nous n'en sommes pas loin. Et puis, le drame arrive. Paf. C'est moche, et quelque peu disproportionné. Pourquoi infliger un tel poids à un chouette gamin ? Car non seulement Jake est bouleversé, mais il pense aussi qu'il est entièrement coupable de ce qui est arrivé.
Heureusement tout se termine bien. Mention spéciale à Mrs Kennedy, une mamie gâteau exemplaire. Elle connaît toutes les réponses, elle donne des ailes aux envies, elle encourage les rêves pour devenir grand et elle écoute beaucoup. C'est une femme rare et précieuse ! Et on en a bien besoin, la vie n'est pas toujours drôle pour Jake, et ce roman se révèle à la fois tendre, léger, touchant, grave et perturbant. J'avais envie de l'aimer, mais... il me rappellait trop un autre, et puis Mags m'était davantage attachante (pas que Jake me laisse indifférente non plus, mais ce môme est terriblement sérieux pour son âge, il grandit, ce n'est pas simple, surtout quand ça se complique et quand tout tourbillonne autour de lui). Bref, c'est un livre triste, doux et dur, avec une fin apaisante. Tout un programme.

Le rire de Stella - Siobhan Parkinson
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2009) - 196 pages - 10€
traduit de l'anglais par Dominique Kugler
illustration de couverture : Aude Picault 

Posté par clarabel76 à 13:45:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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