Pêle-Mêle Clarabel #17
De nouvelles petites gouttes de lecture...
Un joli roman d'été, Amis de coeur de Kate Banks. Lou et Ollie sont les meilleurs amis du monde, ils ont grandi ensemble jusqu'à l'âge de 8 ans. La famille d'Ollie déménage, Lou a le sentiment de perdre une partie d'elle. En dépit de la séparation, ils ne cesseront jamais de se voir et passent toutes leurs vacances côte à côte. Vient l'été de leurs treize ans, l'été qui n'aurait pas dû exister. Leurs familles avaient prévu de visiter le nord de l'Europe, mais suite à un contretemps professionnel, tout ce petit monde a annulé leurs projets pour se retrouver dans la maison des grands-parents. Nous sommes en Italie, il fait beau, on mange des glaces, on se dore la pilule au soleil, on fait de la voile et de la poterie, c'est reposant, envoûtant, le charme opère... Cet été-là, il y a aussi Martin, le petit-fils des voisins. Sa présence met un peu de piment dans les sentiments des uns et des autres, donne à réfléchir sur le temps qui passe et le corps qui change, sur l'enfance qu'on quitte tout doucement et sur ce monde inconnu qui attend en tapant du pied. Il faut s'arracher du nid douillet, et hélas la vie va drôlement chambouler cette tendre quiétude. Car la fin est vraiment très triiiste. Je ne m'y étais pas du tout attendue, ou j'avais imaginé autre chose. Quelle déchirure. J'ai tourné la dernière page avec un gros poids sur le coeur. Mais je ne regrette pas le voyage non plus.
Cette lecture m'avait été suggérée par Bauchette, merci.
Gallimard, coll. Scripto (2006). Traduit de l'anglais par Anne Krief.
Honte sur moi ! J'avais prévu de lire le roman de David Walliams depuis au moins un an. Pfff, qu'est-ce que ça passe. Et puis c'était une lecture que je voulais partager avec ma fille. C'est intéressant de lire à deux, cela donne une autre dimension à l'histoire et ça rappelle aussi que les attentes ne sont jamais les mêmes... Bref, voici donc l'histoire d'un jeune anglais de douze ans qui, comme l'indique le titre du roman (Le jour où je me suis déguisé en fille), va vivre une expérience complètement loufoque. Depuis le départ de sa mère, Dennis vit avec son frère et son père dans une maison où le câlin est proscrit et où le foot, rien que le foot, et encore le foot est la seule religion pratiquée. Dennis est un champion, ça tombe bien. Par contre, sa mère lui manque cruellement. Pour pallier cette absence, Dennis aime feuilleter le magazine Vogue. Il aime les belles robes, cela lui rappelle sa mère sur la seule photographie qu'il possède d'elle. Bien entendu, son père lui interdit formellement de continuer à acheter de la presse féminine. Son frère se moque de lui. Qu'importe, il vient de rencontrer Lisa, la plus jolie fille de l'école. Elle aussi est passionnée de mode. Ensemble, à force de passer du temps et de papoter sur ce qui leur tient à coeur, ils vont donc se lancer dans un projet fou. Cocasse. Délirant. Epatant. Cette affirmation de soi et de vouloir être soi envers et contre tout est une belle leçon de tolérance et du droit à la différence. Et puis, c'est drôle ! C'est un roman qui se lit facilement, le ton est délicieusement facétieux (on croirait du Roald Dahl), le texte très aéré et le tout merveilleusement illustré par Quentin Blake. THE Quentin Blake. La classe, quoi. En bref, un petit roman à l'humour anglais, très sympathique.
Lu et conseillé par Gaëlle, merci tout court.
Gallimard jeunesse (2009). Traduit de l'anglais par Catherine Gibert.
Plus j'écoute le dernier album de Nouvelle Vague et plus la séduction opère... Au départ ce n'était pas gagné. C'est bon de se tromper !
Série : The MacLeods of Skye
Et c'est reparti pour un tour ! Alex MacLeod (le frère de Rory) est de retour d'une mission longue et fastidieuse, lorsqu'il surprend l'attaque d'un convoi par des brigands sanguinaires. Là, il vole au secours d'une demoiselle en détresse - Meg Mckinnon, une petite chose trempée jusqu'aux os, qui tient en joue son agresseur et reste bouche bée devant son sauveur (il quittera la scène aussitôt, sans avoir prononcé le moindre mot). Quelques mois après, Alex et Meg se retrouvent à la cour du roi. Lui fait mine de ne pas la connaître, elle est persuadée du contraire. Il est toujours en mission secrète, cette péronnelle menace ses plans, à eux de se tenir à distance (car, accessoirement, Meg est à la recherche d'un époux, un homme loyal, fort et de confiance, et non un mercenaire qui vend ses services au plus fort, comme le prétend Alex - mauvais candidat, donc).
Bien entendu, plus ils essaient de s'éviter et plus ils se collent ! C'est LE schéma classique, et je mords à l'hameçon avec grand plaisir. Je n'oublie pas les à-côtés rebattus (le romantisme, les clichés, blablabla). L'auteur insiste également trop sur l'impossibilité de leur union, à tel point que le suspense est éventé (ils sont faits l'un pour l'autre, ils vont se marier et vaincre l'insurmontable, bah voyons !). Ce n'est pas une grande saga flamboyante, il manque de la passion sauvage et folle (oui, je sais) mais j'ai tout de même trouvé ce deuxième livre meilleur que son prédécesseur (lequel était potable, sans plus). Les premières rencontres entre Alex et Meg arrachent quelques sourires, ce n'est pas le nirvana non plus (le côté fleur bleue parfois me pèse) mais ça se lit avec plaisir ! Enfin j'ai bien aimé sur le moment.
Et le fameux passage qui marque LA rencontre entre nos héros (c'est vous dire...) :
Soudain, en une fraction de seconde, sa prière fut exaucée sous la forme d'un impressionnant destrier noir qui surgit d'entre les arbres.
Un chevalier. Non, un guerrier. Il ne portait pas d'armure, mais la cotte de mailles d'un chef. Sa carrure seule faisait de lui un être d'exception. Il était l'homme le plus puissant que Meg ait jamais vu. Grand et musclé, il semblait taillé dans la pierre, tant il était imposant.
La jeune femme fut parcourue d'un frisson de terreur. Un agresseur allait-il en remplacer un autre ? Leurs regards se croisèrent. Elle demeura bouche bée face à ses yeux d'un bleu limpide, dans un visage viril en partie dissimulé par une barbe de plusieurs jours. Elle décela une autorité incontestable chez cet homme, mais aussi quelque chose de rassurant.
Je rappelle mon avis sur le premier livre (La Loi du Highlander) :
Lui, Rory MacLeod, fier Highlander, accepte pour promise Isabel MacDonald, fille du clan ennemi. Le pacte est signé pour un an et un jour, après cela c'est chacun chez soi. Turlututu, la belle demoiselle ne l'entend pas de cette oreille. Sur les conseils de son oncle, vil et sournois, elle doit tout mettre en oeuvre pour faire perdre la tête du Highlander, afin de lui dérober ses secrets. C'est facile quand on possède la beauté et l'intelligence d'Isabel... Et pourtant, Rory résiste ! Il ne veut pas, non, il résiste. Oh bien entendu, il brûle secrètement de passion pour la donzelle, il rêve de lui faire connaître les plaisirs de l'amour, mais le Highlander est un gentleman. Il ne veut pas abuser de la situation, bien qu'il partage le lit d'Isabel, où rien, jamais, ne se passe, pas un frémissement, à peine un effleurement, et encore par accident ! Notre Highlander se refuse d'enfreindre son code de l'honneur, il est noble, il restera chaste, on croit rêver !
Oui mais voilà, c'est une jolie histoire d'amour, teintée de romantisme et auréolée d'un voile d'érotisme, et si vous en attendiez plus, c'est bien dommage ! L'histoire aurait pu être un poil plus drôle et coquine, d'abord si l'auteur avait cessé de répéter quinze mille fois le terrible dilemme qui oppresse l'un et l'autre des protagonistes, ensuite s'il y avait eu un peu moins de longueurs et de maladresses, l'ensemble n'est rien d'autre que convenu et attendu.
Restent le fantastique paysage écossais, l'île de Skye dans toute sa splendeur, le sentiment d'appartenir à un clan car la famille de Rory MacLeod est attachante, et vivre à Dunvegan vous procure une délicieuse sensation de bulle réconfortante, sans oublier quelques bonnes scènes classiques (et efficaces), comme lorsque Isabel s'affiche dans une robe indécente au moment du souper, excitant la jalousie de Rory, qui l'entraîne aussitôt par le bras jusqu'à leur chambre pour l'obliger de se changer. Ou lors de l'agression dans les sous-bois par un vilain voisin, Rory intervient in extremis pour sauver la vertu de sa demoiselle en détresse et commence - enfin ! - à manifester son affection. Globalement, c'était gentil, mais j'espérais plus de sensations fortes ! ...
Traduit de l'américain par Elisabeth Luc - J'ai Lu, coll. Aventures & Passions (2010)
Le troisième tome sortira le 16 mars !