Ciel voilé, brouillard. Faible visibilité.
Je ne sais pas si vous connaissiez Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti. C'est une histoire d'amour fou entre un agriculteur et une bibliothécaire. Tout les sépare, mais ils s'aiment et sont attirés l'un par l'autre, envers et contre tout. Ils vont rompre, se retrouver, impossible de s'oublier. Benny va vivre en couple avec une autre, Désirée veut un bébé. Et nous avons Le Caveau de famille ...
Ô ma douleur ! J'ai failli déprimer en lisant cette suite. Et pourtant, c'est facile de s'y retrouver, on parle de vie de couple, de vie de famille, de concessions et autres compromis qui vous flinguent, des envies et des manques, des frustrations qui s'accumulent et qui rendent le coeur lourd et amer... Mais qui a envie de lire ça ? Pas moi.
240 pages qui me rappellent la vraie vie ou ce qu'on nous assomme dans les reportages tv - non merci ! Sans compter que je suis un peu contre les idées du roman... la vie de couple tue l'amour, la vie de famille l'enterre. Au secours ! Je ne sais pas vous dire à quel point ce bouquin m'a dérangée. J'en avais de plus en plus marre et j'étais pressée d'en finir.
Il faut dire aussi que j'avais totalement craqué pour Benny et Désirée, il y a cinq ans. J'avais espéré pour eux des lendemains meilleurs et des rêves impossibles à réaliser. Bref, je les voulais heureux. Je pensais qu'en bravant les barrières qui les enfermaient chacun de leur côté, ils seraient parvenus à être plus forts que tout. Il n'en est rien ! J'ai comme l'impression que ce roman, en plus du reste, veut me convaincre que les opposés s'attirent mais qu'ils ne peuvent pas être heureux. Hop, total échec.
Et puis ce n'est même pas drôle. C'était un point fort du précédent roman, mais là j'ai trouvé que c'était essentiellement acerbe et donc démoralisant. En somme, je suis déçue et très triste parce que c'est désormais l'image qu'il va me rester du couple de Benny et Désirée. Vision d'un couple qui partage le même toit, alors qu'ils sont devenus des étrangers l'un pour l'autre - bleh.
Le Caveau de Famille - Katarina Mazetti
Gaïa (2011) - 237 pages - 20€
traduit du suédois par Lena Grumbach
Voici des extraits :
Il y a la partie joyeuse et qui fait sourire ...
- Tu pourras faire ce que tu veux dans notre chambre, à part faire monter des messieurs ! ai-je dit.
J'avais encore à l'esprit le malaise qui s'était installé la dernière fois que je m'étais mis en tête d'égayer un peu la pièce.
- Si tu la veux entièrement blanche et sans rideaux avec un lit d'hôpital en tube d'acier pour toi, n'hésite pas ! Et une lampe de chevet, bien sûr, mais l'extinction des feux est à dix heures ! Tout ce que je demande, c'est de garder mes bonnes vieilles couvertures de cheval et mes oreillers crottés, et un petit tabouret dans un coin pour poser mes vêtements.
- Dix heures ? a-t-elle dit d'une voix assez pointue.
- Après tu liras avec une lampe de poche sous la couverture. Je me lève à cinq heures et demie, moi.
Elle pouffa.
- Tu sais, c'est comme ça que les livres sont les meilleurs !
Voyez, un petit nuage de perturbation qu'on a réussi à dissiper en bonne intelligence. C'était prometteur pour l'avenir. Ce qu'on est obligé de supporter, on peut tout aussi bien apprendre à l'aimer.
Et puis le reste...
(...) je n'aurais pas échangé la Crevette même contre Julia Roberts. Elle est toujours mon amour impossible, ma Crevette désespérante dans ses savates qui font cloc cloc, du vomi de bébé sur l'épaule et des cheveux tellement emmêlés qu'on dirait qu'elle s'est coiffée avec un pétard... Elle ne s'est jamais mise en quatre pour son apparence avant, ce n'est pas avec notre mariage qu'elle a commencé, pourrait-on dire. L'autre jour quand elle s'est fâchée tout rouge seulement parce que je suis entré dans la cuisine chercher des tenailles, elle a même commencé à délirer sur de la thérapie familiale, alors je me suis dit que là, tu rêves ma petite Crevette, si je t'ai prise dans la barque, je te mènerai à bon port, même si je dois t'amarrer au banc de nage. Et d'ailleurs, comment tu trouverais le temps d'aller chez un thérapeute, toi qui te plains de ne même pas avoir le temps d'aller au cinéma ?
- Je me demande si tu m'as jamais aimée, a-t-elle reniflé quand je me suis permis quelques commentaires sur son planning ce jour-là. En tout cas, il est évident que tu ne m'aimes plus. Tu ne me vois que comme une stagiaire incapable qui serait en apprentissage chez toi.
Comment ça, "aimée", qu'est-ce qu'elle veut dire ? Les femmes parlent d'amour et se rappellent les anniversaires de mariage et la Saint-Valentin et elles se pendent à votre cou et demandent si vous les aimez. Bengt-Goran, lui, il a acheté de nouvelles jantes à Violette et moi, putain, j'ai quand même construit la véranda !
Je crois qu'il en va de l'amour des hommes comme de l'infarctus des femmes. Il n'est jamais détecté, parce qu'il a de tout autres symptômes !