Résister plus et obéir moins.
Nous galopions sur un sentier de sable et d'herbes mêlés. L'air me fouettait le visage. J'étais stupidement heureux. La nature me semblait n'avoir été créée que pour moi. Les branchages, qui de temps à autre me flagellaient le visage, activaient mon sang et ravivaient mon bonheur. La vie valait décidément d'être vécue - ici et pas ailleurs.
C'est bien trop court, mais c'était tout de même un récit entraînant, au nom d'une cause perdue d'avance, sauf qu'il faut le faire. C'est le combat du pot de fer contre le pot de terre. L'Arizona Oil Company fait main basse sur toutes les terres pour son exploitation pétrolière, seul Granpa résiste. Plus jamais on ne le délogera de ses terres. Pour son ranch, pour son petit-fils, pour la nature sauvage, pour la faune et la flore, il veut se battre.
L'adolescent et lui se livrent à des menus actes de terrorisme, ils sabotent les engins pour retarder les travaux. Granpa, chevauchant son fidèle destrier, portant crânement son Stetson sur sa chevelure blanche, la Winchester à l'épaule, foule le sol sans jamais baisser la garde. C'est un modèle, un homme fier et revêche, qui a pris sous son aile son petit-fils après la mort de ses parents. Et son héritage, ce n'est pas seulement un ranch, des chevaux, des hectares de plaines, mais un flambeau à brandir, qui consiste à préserver la nature, à se donner pour elle et la préserver, à refuser l'engrenage infernal, la civilisation et son désir d'expansion, de grandeur, de folie.
Et ce roman a d'autant plus d'impact qu'il est raconté comme s'il s'agissait d'un western, avec le charme et le dépaysement, en plus du message écologique et militant. Très, très bon !
Granpa' - roman de Christophe Léon
Editions Thierry Magnier (2010) - 60 pages - 7,20€
illustration de couverture : Mathis
Vivre avec l'étranger
Un petit texte intelligent et limpide sur la question de "l'étranger" par sa définition politique, anthropologique, philosophique et psychologique. Surtout, aucune crainte ! C'est clair comme de l'eau de source. La collection (Chouette penser !) se destine aux enfants et tend à vouloir expliquer des questions essentielles en des réponses simples (il existe une thématique assez large, comme par exemple Pourquoi on écrit des romans de Danièle Sallenave, que j'ai lu il y a quelques mois mais j'étais restée sur ma faim).
Sur le sujet "Vivre avec l'étranger", il m'est apparu nécessaire à lire et à faire partager. C'est une lecture que BEAUCOUP devrait consulter afin de se rappeler ô combien on s'enrichit de l'autre et de ses différences. C'est ce qui fait bouger le monde, en plus de nous faire grandir.
Le livre est donc composé en plusieurs parties, qui sont les suivantes : L'étranger ou l'autre que soi - De l'étranger aux étrangers - L'état et ses étrangers - Soi-même comme un autre - Le moi caché - Vivre, apprendre et partager avec l'étranger.
On trouve en marge des petites chouettes savantes qui expliquent les termes qui pourraient freiner la compréhension (pour les plus jeunes), en plus de citations d'auteurs (Baudelaire, Machiavel, Marcel Proust, Freud...), tout ceci dans un décor orange, illustré de façon abstraite par Alexis Beauclair.
Ce qu'il faut retenir, donc, c'est le propos de ce livre. On chuchote, on soupire, on lit haut et fort des passages qui nous parlent, on souligne et on aimerait tant que ce soit une vérité entendue, une leçon de choses pour les amnésiques. Je me suis sentie totalement concernée par ce texte, j'ai aimé son approche et ses explications simples, la question de "vivre avec l'étranger", au sens le plus large, est retournée dans tous les sens et la conclusion n'est pas non plus moraliste. Elle est déclarative, et tellement évidente. Vraiment, j'ai trouvé cette lecture enrichissante et utile pour tous !
Aller à la rencontre de l'étranger, et ne pas simplement coexister, relève toujours d'une sorte de pari, mais ce pari peut être récompensé : les langues se réinventent par emprunts ; la vision de l'humanité s'enrichit et s'élargit ; les choix de vie que l'on fait pour soi-même sont plus réfléchis ; la créativité y trouve de nouvelles ressources.
Texte de Marie Gaille - Illustrations d'Alexis Beauclair
Gallimard jeunesse Giboulées / Chouette Penser ! (2011) - 70 pages - 10 euros