"J'avais six ans quand maman m'avait vendue à un cirque."
D'abord je dois avouer que j'ai totalement succombé à la couverture, que je trouve très belle. Ensuite je me suis surprise à tourner les pages du livre plus vite que mon ombre, c'est vrai que l'histoire est pour les 12 ans et plus, mais on s'attache tellement au récit de la petite Ellen. A six ans, sa mère la vend à une directrice de cirque, qui veut en faire un petit singe (funambule et acrobate), son corps est du caoutchouc, la petite est jeune, influençable, l'aubaine est trop belle ! L'histoire montrera que cette Madame Zénitha a abusé de la détresse de la mère et menti à l'enfant pendant des années, on imagine les conséquences lorsque la vérité éclatera au grand jour. Est-ce trop tard pour renouer avec le souvenir d'une existence, ou faut-il se servir de son expérience comme d'un tremplin pour franchir une autre étape de la vie ?
Ce sont des questions qui se poseront en temps et en heure. En attendant, nous suivons le quotidien d'un petit cirque suédois au lendemain de la première guerre mondiale. C'est simple, mais animé d'un enthousiasme authentique et généreux très communicatif. Ellen prend goût à sa nouvelle vie, malgré la sévérité de Madame Zénitha, et s'épanouit sur scène. Sur le camp, elle compte de nombreux amis, comme Welda, la femme à barbe, qui fera office de seconde maman. C'est peut-être une vision édulcorée et gentille de la vie du cirque, après tout l'histoire est racontée par Ellen, mais on ne perd pas de vue les coups durs, la concurrence déloyale entre les compagnies, les trahisons et les départs. C'est un petit monde clos, les amitiés se font et se défont, il y a certes une certaine naïveté et sensibilité dans le vécu, mais c'est ce qui rend aussi la lecture positive et enthousiasmante. On en sort avec le sentiment d'avoir lu un chouette bouquin, qui peut séduire tous ceux qui ont dans le coeur une petite fascination pour le cirque et sa vie autour.
L'Enfant du Cirque, par Camilla Lagerqvist
Bayard jeunesse, coll. Millézime, 2011. Traduit du suédois par Ludivine Verbeke.