08/12/11

"J'avais six ans quand maman m'avait vendue à un cirque."

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D'abord je dois avouer que j'ai totalement succombé à la couverture, que je trouve très belle. Ensuite je me suis surprise à tourner les pages du livre plus vite que mon ombre, c'est vrai que l'histoire est pour les 12 ans et plus, mais on s'attache tellement au récit de la petite Ellen. A six ans, sa mère la vend à une directrice de cirque, qui veut en faire un petit singe (funambule et acrobate), son corps est du caoutchouc, la petite est jeune, influençable, l'aubaine est trop belle ! L'histoire montrera que cette Madame Zénitha a abusé de la détresse de la mère et menti à l'enfant pendant des années, on imagine les conséquences lorsque la vérité éclatera au grand jour. Est-ce trop tard pour renouer avec le souvenir d'une existence, ou faut-il se servir de son expérience comme d'un tremplin pour franchir une autre étape de la vie ? 

Ce sont des questions qui se poseront en temps et en heure. En attendant, nous suivons le quotidien d'un petit cirque suédois au lendemain de la première guerre mondiale. C'est simple, mais animé d'un enthousiasme authentique et généreux très communicatif. Ellen prend goût à sa nouvelle vie, malgré la sévérité de Madame Zénitha, et s'épanouit sur scène. Sur le camp, elle compte de nombreux amis, comme Welda, la femme à barbe, qui fera office de seconde maman. C'est peut-être une vision édulcorée et gentille de la vie du cirque, après tout l'histoire est racontée par Ellen, mais on ne perd pas de vue les coups durs, la concurrence déloyale entre les compagnies, les trahisons et les départs. C'est un petit monde clos, les amitiés se font et se défont, il y a certes une certaine naïveté et sensibilité dans le vécu, mais c'est ce qui rend aussi la lecture positive et enthousiasmante. On en sort avec le sentiment d'avoir lu un chouette bouquin, qui peut séduire tous ceux qui ont dans le coeur une petite fascination pour le cirque et sa vie autour. 

L'Enfant du Cirque, par Camilla Lagerqvist
Bayard jeunesse, coll. Millézime, 2011. Traduit du suédois par Ludivine Verbeke. 

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Avec des bagues aux doigts, des nœuds dans les cheveux.

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La vie de Sophie sans sa soeur Emily ne ressemble plus à rien. Juste du vide, un gouffre immense, impossible à combler. Toute communication avec la mère est rompue. Elles se fuient, l'une dans sa chambre pour maugréer ou se réfugier sur le toit d'une terrasse, l'autre dans son bureau, à bichonner sa collection d'objets perdus. Pourquoi tout ce gâchis ? 

C'est en parcourant son journal intime, entamé exprès dans l'exercice de sa thérapie, que nous suivons Sophie dans sa vie de tous les jours. C'est triste, on s'attache à ses secrets, on a envie de comprendre ce qui la ronge, on aimerait lui venir en aide, mais à la place on la perd. Sophie fait des crises de panique, elle est émotive et instable, elle se fâche avec sa meilleure amie, tombe amoureuse, s'accroche à ses souvenirs et porte un fardeau trop lourd pour elle. Comment vit-on en se sentant coupable, responsable de la perte d'un proche ? Comment accepter l'inacceptable ? 

Au milieu de ce brouillard, on trouve une petite éclaircie avec la poésie (et les cafés poétiques !). Sophie, qui pensait n'avoir aucune sensibilité artistique, découvre le pouvoir des mots. La poésie sert en effet à exprimer en quelques mots, quelques phrases, tout ce qu'on n'arrive plus à prononcer à voix haute. Et c'est ce long cheminement que le roman raconte, un travail de deuil, de reconstruction, de douleur et de remords que l'on absorbe (car ce n'est que vers la dernière partie du roman qu'on découvre exactement le drame qui a frappé cette famille). En attendant, c'est triste, c'est vrai, mais c'est une bonne tristesse pour tirer vers le haut, pour faire bouger les choses. Dans ce sens, cela fait du bien. J'ai juste pleuré à deux reprises, mais je ne pense pas que l'intention de l'auteur était de verser dans le pathos. C'est juste moi qui... Bref, après un premier roman bouleversant, cf. Ne t'inquiète pas pour moi, Alice Kuipers confirme avec ce roman doux et triste tout le bien que je pense d'elle. 

2 Filles sur le Toit par Alice Kuipers
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2011. Traduit de l'anglais par Dorothée Zumstein. 

Posté par clarabel76 à 12:00:00 - - Commentaires [11] - Permalien [#]
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