Je suis née, je m'y habitue.
Shosha est née en colère, dit sa mère. Depuis toute petite, la jeune fille n'a jamais voulu qu'on lui impose d'agir ou de penser dans un sens si elle souhaitait faire autrement. L'adolescence venant, Shosha est en pétard contre son changement de maison et de lycée. Elle se sent seule, sa prof de philo lui cherche des poux, ses camarades se moquent d'elle, elle se plante lors de ses examens, ses parents sont fermés à toute discussion, alors Shosha se réfugie dans de sombres réflexions. Elle repense notamment à la disparition de son oncle, pendu chez lui, le drame de la famille. Depuis, personne n'ose en parler. A côté de ça, Shosha part en croisade contre le projet de son prof d'histoire (visiter le camp d'Auschwitz), et se défoule par écrit. Y'en a marre de de ces histoires de misère, de déportation, de haine, d'extermination.
Cela vous donne une idée d'ensemble de la colère de la demoiselle, très vive, et je crois que cela a fini par m'échapper. J'ai apprécié la façon dont l'auteur a amené son sujet, c'est un texte bien construit et intéressant, souligné de références littéraires de qualité irréprochable, tout ça fait élégant et raffiné, vraiment pas de problème. A ce portrait d'adolescente en quête d'identité, se présente un secret de famille dont on avait déjà deviné la teneur (difficile d'en faire un mystère, rien que par le titre et le prénom de la narratrice). Que dire, donc, si ce n'est que je n'ai pas été alpaguée par la révolte de Shosha. Ou alors je pense que cela ne me concerne plus, ou bien est-ce trop réaliste pour avoir envie de m'y frotter même en lecture... je ne sais pas, la rencontre n'a pas provoqué d'étincelle. C'était bien, mais un peu éreintant.
Je renaîtrai de vos cendres, par Elisabeth Brami
Flammarion, 2012.