Joe Millionnaire
Le père de Joe a fait fortune en créant un papier toilette révolutionnaire, mais ce n'est pas du goût de ses camarades de Saint-Cuthbert (une école privée, huppée, snobissime). Résultat, Joe n'a pas de copain, il se sent seul, plus seul que jamais. Il a beau être riche et pouvoir s'offrir tout ce qu'il désire, l'argent n'achète pas l'amitié. Il pense qu'en s'inscrivant au collège public, sous couvert d'anonymat, il aura plus de chance pour être apprécié pour ce qu'il est. Et c'est comme ça qu'il va rencontrer Bob.
Bob est un sacré numéro, c'est un bonhomme qui n'a pas de chance, il est grassouillet, pas méchant pour deux sous, ses camarades d'école se moquent de lui, c'est une bille au cross mais il tient à prouver qu'il n'est pas si nul que ça en redoublant d'efforts (tout, mais pas dernier à la course !). Et pourtant il n'hésite pas à échanger sa place avec Joe, au risque d'essuyer les moqueries des autres. Ceci étant, nos deux complices viennent de signer un pacte d'amitié, un vrai. C'est le début du bonheur.
C'est le deuxième titre que je lis de David Walliams, après Le jour où je me suis déguisé en fille, et quel régal! Attendez-vous à une lecture très drôle, qui s'appuie sur des aventures foldingues et des personnages attachants. Dans l'absolu, c'est très proche de l'humour de Roald Dahl.
C'est aussi une histoire touchante, susceptible de sensibiliser le lecteur sur les vraies nécessités dans la vie (on parle beaucoup d'argent et de possessions matérielles, sans oublier la solitude, la tromperie, les relations bidons, la convoitise et le manque de confiance). Certes l'ensemble se veut farfelu et excessif, mais il ne faut pas négliger la réflexion qu'elle suscite chez le lecteur.
Ou alors celui-ci se contentera d'admirer la typographie pas banale de l'ouvrage (avec des listes de tout et n'importe quoi, des recettes et des menus, des exclamations de rire, des freins qui crissent, des coups dans la porte, des gros mots, des questions qui font des vagues...), en plus de suivre cette belle histoire d'amitié, et même les illustrations de Tony Ross s'approprient sans effort les rouages de l'intrigue, en se fondant à merveille dans le décor.
Un bon moment à partager.
Joe Millionnaire, par David Walliams
Albin Michel jeunesse, coll. Witty, 2012 (nouvelle collection pour les 8-12 ans)
traduit de l'anglais par Valérie Le Plouhinec
- entretien avec Béatrice Vincent, directrice de collection, chez Gaëlle ICI