« Tu as reçu quoi pour tes quatorze ans ? J'ai appris que j'étais laide. »
A quatorze ans, Zoé comprend qu'elle est laide. C'est le beau Walter qui le lui a dit et ça fait horriblement mal. Alors, Zoé décide de devenir méchante et se fait les griffes sur sa famille. Il faut dire que ses proches sont une invitation au défoulement, entre le père qui a renoncé à s'impliquer, la mère qui s'enferme dans la cuisine en grinçant des dents, le frère pas assez et les soeurs trop... le constat est déprimant !
Et comme cela ne suffit pas, Zoé crée un club réservé aux moches, le Club des Mouches. Le succès n'est pas au rendez-vous (qui a envie de s'afficher parmi les moches ?!), mais Zoé ne baisse pas les bras. A force de se lancer dans de nouvelles expériences et de se casser les dents, il est temps de prendre des mesures radicales : se mettre en spectacle, montrer sa laideur, ne plus se cacher en rejetant la faute sur les autres.
C'est un roman qui se veut fantaisiste dans son approche, dérisoire dans sa façon de décrire les choses, doux-amer dans son propos, et qui peut se vanter d'avoir un style inimitable. Je crois même que j'ai davantage aimé ce livre pour son écriture que pour l'histoire en elle-même. Dès les premières phrases, vous comprenez que vous tenez un livre désopilant, original et remarquable.
Et Zoé est une héroïne attachante, avec un solide sens de l'ironie, un humour féroce et une volonté de fer. Hélas, c'est aussi et surtout sa carapace, sa manière de se protéger. Parce que l'adolescence est cruelle, le regard des autres sans pitié, c'est compliqué de s'accepter et de faire en sorte que les autres vous acceptent aussi. Un vrai parcours du combattant.
Celui de Zoé est grinçant, touchant, virevoltant, montrant les doutes et les interrogations de la jeune fille, pour finalement révéler qu'il existe toujours une issue de secours. C'est un roman pétillant et mordant, servi par une écriture enivrante.
A découvrir, car la lecture est tout sauf triste !
Les aigles ne tuent pas les mouches, par Luc Baba
éd. Thierry Magnier, 2011 - illustration de couverture : Olivier Marboeuf