Je vous écris cette lettre...
Presque chaque jour, le grillon écrit une lettre à la chenille. Mais il ne lui envoie jamais, car il la trouve toujours trop, ou pas assez. Pourtant, un matin pas comme les autres, il décide de l'inviter à dîner...
Grillon est éperdument amoureux de Chenille, il aimerait lui envoyer une lettre mais les mots lui manquent. Alors il décide de l'inviter à dîner, de façon simple mais élégante. Il demande l'aide du castor pour lui mitonner une potée (ça ne lui dit rien du tout, mais le nom lui plaît !) et attend avec fébrilité l'arrivée de sa tendre amie. Chenille est coquette, bavarde et pas du tout intimidée, ce qui contraste avec les silences religieux de Grillon.
Toute la délicatesse de l'album repose dans le traitement raffiné de la timidité en amour, en passant par la découverte de l'autre, la valse des hésitations et le jeu de séduction. Pour parfaire le tout, les illustrations de Nathalie Choux sont un bonheur pour les yeux, j'aime beaucoup la tendresse exprimée dans les traits des personnages, il y a un petit quelque chose de doucement poétique dans l'air ! Même l'écriture de l'histoire m'a paru subtile et recherchée, s'appuyant sur les silences et les soupirs. Une très belle réussite.
Le dîner du Grillon, par Astrid Desbordes & Nathalie Choux (Autrement, 2012)
★☆ Patabulle #2 ★☆
Deuxième titre dans la collection de Patabulle !
Patabulle est un petit chien rigolo, à qui il arrive des aventures extraordinaires. Il habite un petit coin de paradis, dans une maison sur pilotis, et il a aussi un jardin dont il s'occupe avec passion jusqu'au jour où il découvre que les plantes ont poussé sauvagement et qu'il faudrait faire un peu de ménage là-dedans. Mais Patabulle est trop tenté par le plant de courgettes géant car il trouve amusant de l'escalader en faisant des pirouettes. Il finit par grimper tellement haut que les nuages viennent lui chatouiller le visage ! Profitant d'une petite sieste, le nuage l'emmène en voyage, loin, très loin... Et au moment de se réveiller, que ne voit-il pas débouler droit sur lui ? Un vaisseau-pirate, avec à son bord Libellune la terrible !
J'avoue que je craque complètement pour le chien Patabulle et ses histoires rigolotes et charmantes. Le texte est écrit de façon poétique, avec des rimes, ce qui rappelle la magie des comptines (d'ailleurs il existe une chanson interprétée par Capucine !). Et que dire des illustrations qui sont comme la crème chantilly dans un chocolat liégois (absolument indispensable !) ... beaucoup de charme naïf et enfantin, un peu dans la veine d'Iris de Moüy, je trouve, avec des couleurs pastel et une touche de fantaisie, bref c'est une invitation au bonheur.
Patabulle cultive son jardin, par Juliette Vallery & Tristan Mory
Actes Sud junior, 2012
« Préparez-vous à vous battre, braves chevaliers ! crie le roi Jules. Protégez le château de l’attaque des dragons!»
Jules, Léo et Gaspard construisent un super campement : une grande boîte en carton, un tissu et quelques bâtons, deux trois sacs en plastique et cinq, six briques...
Un album où l'imagination est mis au service de l'aventure et du rêve. Trois enfants vont construire une cabane dans le jardin et jouer à combattre les dragons et les monstres. Ils comptent même y passer la nuit ! Hmm, pas sûr ?! Car les monstres à deux pattes viennent enlever un par un les vaillants chevaliers, laissant le roi Jules seul maître à bord. Après tout, c'est lui le plus grand, il n'a peur de rien !
Cet album, qui me fait subjectivement penser à Maurice Sendak, est de facture classique, l'histoire est charmante, avec des illustrations douces... pour une lecture dont le plaisir n'est jamais désavoué. Les plus jeunes apprécieront.
Le roi Jules et les dragons, par Peter Bently et Henlen Oxenbury
Pastel, 2012 - traduit par Claude Lager
"Oh come on," he says to the stone. "I promise to use it for the power of good. No girls' locker rooms, I swear."
(Ce deuxième tome a probablement bénéficié de mon appréciation enthousiaste du film, I am number Four, vu récemment.)
Au programme : plus d'action, moins de crise d'adolescence - ou presque.
John, Six et Sam sont en cavale, ils veulent retrouver les autres numéros et en découvrir davantage sur leurs origines. Ils ont aussi compris qu'ils ne devaient plus se planquer mais affronter leurs ennemis pour vaincre.
L'intrigue avance pas mal sur ce plan, le seul embêtement c'est d'avoir des pauses dans le récit pour suivre l'histoire de Marina, une jeune fille qui a grandi dans un couvent en Espagne. Elle aussi cherche des réponses à ses questions et a trouvé le début d'une piste en la personne de John Smith, lors de son tumultueux passage à Paradise dans l'Ohio.
Alors que j'avais été déçue par l'évolution du personnage central dans le 1er tome, j'ai cette fois trouvé que John s'impliquait plus sérieusement dans sa mission. De plus, ses déboires sentimentaux ne sont pas au centre de tout, ce qui est un soulagement. (Il pense beaucoup à Sarah, mais est également attiré par Six...)
En somme, cette suite opère une avancée intéressante qui fait honneur à la motivation ultime de la série, à savoir être de pure distraction, avec un zest de suspense et d'action. De nouvelles données peuvent surprendre, des nouveaux personnages font également leur apparition, le rythme est soutenu, parfois stressant et la fin est plutôt bluffante. De quoi titiller la curiosité et la patience du lecteur !
Le Pouvoir de Six, par Pittacus Lore
éditions J'ai Lu, coll. Baam!, 2012 - traduction de Marie de Prémonville