The Force- always may it be with you.
Ce petit livre est une perle d'humour, dont la ligne directrice se résumerait à ceci : comment Maître Yoda a sauvé la vie d'un petit groupe de ratés. L'approche est farfelue, mais ne manque pas de singularité. Dennis, qui n'a pas peur du ridicule, arrive à l'école avec une marionnette de Yoda en origami qu'il porte au bout du doigt. Il prétend que son Yoda détient un vrai pouvoir, qu'il suffit de l'interroger pour régler vos soucis. Outre l'aspect extravagant, c'est aussi la meilleure façon d'aborder les sujets fâcheux (être ou ne pas populaire, aborder une fille, ne pas planter son interro, devenir un champion de sport...), tout en distillant un brin de fantaisie. C'est imparable : on s'attache au petit groupe des six copains et on s'amuse des situations les plus grotesques qu'ils rapportent (le livre se présente comme un journal, avec les témoignages de tous les acteurs, parce qu'il y a une volonté d'expérience scientifique là-dessous). L'idée est franchement géniale, j'ai beaucoup rigolé et j'attends la suite, avec Dark Vador, en me réjouissant d'avance !
Didn't Gandalf say "With great power comes great responsibility"? (If it wasn't Gandalf, maybe it was Thomas Jefferson. Or Spider-Man's uncle.)
L'étrange cas origami Yoda, par Tom Angleberger
Seuil jeunesse, 2012 - traduction par Nathalie Zimmermann
La Soupe magique
Fanny et sa soeur Mélanie sont deux petites lapines qui ont ouvert un restaurant de soupe dans la forêt. C'est un vrai succès, tout le monde se régale. Elles n'hésitent pas non plus à venir en aide à Henri, le vieil ours qui est en train de mourir de faim au pied de l'arbre Fantastique, dès lors qu'une perruche arc-en-ciel vient leur en informer. Une pleine marmite de soupe plus tard, et le voilà requinqué ! Pour remercier les deux lapines, il leur offre en cadeau les baies magiques de l'arbre, des baies multicolores qui font naître l'idée d'une nouvelle recette pour le lendemain...
Voilà une petite histoire toute mignonne, évoquant l'amitié et l'entraide, illuminée par la simplicité des traits purs et raffinés des illustrations typiquement japonaises. C'est ravissant, avec en bonus la recette de la soupe spéciale aux légumes de la forêt.
La soupe magique, par Hiroyuki & Nami Adachi (Autrement, 2012)
“Once you want something, everything changes.”
Dans une société durement frappée par les Horreurs, une guerre abominable qui a fait de nombreuses victimes, une poignée de survivants a eu l'idée de créer la Cité, une ville-rempart à l'intérieur de laquelle confort et sécurité sont les maîtres mots. Pour cela, un scientifique a décrété qu'il aurait trouvé l'origine du Mal dans le cerveau et qu'il suffirait d'un Nouveau Baptème pour éradiquer la source du problème. Ainsi, le monde serait plus sûr, à l'abri des sentiments qui seraient les causes des tourments des humains. Et pour bien répartir le rôle de chacun au coeur de la Cité, les individus sont classés sous des étiquettes, A comme Admirable, la crème de la crème, puis les autres... les pires étant les E. En fait, ils sont condamnés et souvent exilés loin des murs de la Cité.
Evie a dix-sept ans, c'est une fille placide, elle est fiancée à Lucas, un ami d'enfance, et semble prendre la vie comme elle vient. En vrai, elle est tiraillée entre vouloir bien faire et approfondir le fond de ses pensées. Ses nuits sont hantées par des cauchemars, ses propres parents lui disent d'oublier et vont jusqu'à demander l'intervention du Frère (le grand manitou de la Cité) pour chasser son trouble et la convaincre du bon sens de son existence. Mais Evie a d'autres secrets, comme être amoureuse de Raffy, le frère cadet de Lucas. C'est un garçon à problèmes, un trouble-fête, qui prétend qu'il existe une faille dans le Système et le clame sur tous les toits, sans réellement saisir que cela met sa vie en danger. D'ailleurs, l'administration ne tarde pas à réagir en le classant sur sa liste noire. Seule solution pour lui : la fuite. Evie suivra-t-elle son amour ou rentrera-t-elle dans le rang ?
Longtemps ce roman m'a fait penser à celui d'Ally Condie, Matched (ou Promise en VF). Mais c'est un peu le sentiment qui arrive lorsqu'on lit de plus en plus de dystopies. Les livres souffrent des comparaisons et il devient un peu difficile de surprendre le lecteur.
D'office, je l'avoue, je n'ai pas été emportée par ma lecture. Dans sa volonté de montrer une société où les sentiments sont les maux de l'humanité, Gemma Malley a adopté un ton froid et guindé à son récit, mais le résultat laisse le vague sentiment d'avoir un souffle romanesque quasi éteint.
Même les sursauts d'action dans la deuxième partie n'ont pas réussi à me convaincre du contraire... Car j'ai malheureusement rencontré un autre souci au cours de ma lecture : je ne me suis pas attachée aux personnages. Evie, Raffy et Lucas manquent de profondeur, ils sont comme des pantins qui répondent aux commandes de l'intrigue, mais ils ne montrent aucun intérêt.
Tout dans ce roman paraît si fade, c'est gênant. (C'est d'ailleurs une constante chez l'auteur, déjà La déclaration avait révélé cette faille... Les personnages étaient prisonniers de l'atmosphère et de l'intrigue. Ils ont souvent laissé de marbre le lecteur, alors qu'ils vivaient des évènements forts. Le contraste est perturbant.)
L'histoire elle-même manque d'originalité, sauf si vous n'avez jamais lu de dystopie de votre vie, alors vous avez toutes vos chances pour en apprécier les ficelles. J'attendais beaucoup de cette lecture, néanmoins j'ai continuellement eu l'impression d'avoir déjà lu la même histoire dans d'autres livres. C'est dommage.
Sentiment 26, par Gemma Malley
Michel Lafon, 2012 - à paraître le 12 avril.
Traduction de Marianne Roumy. Titre VO : The Killables.
Je remercie Camille pour l'envoi en avant-première.