04/05/12

"I told you, I have no desire to put myself under the thumb of any man, ever again."

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Par une nuit pluvieuse, Gabriel rencontre Callie et son fils Nicky au bord d'une falaise. La jeune femme cherche un abri pour son fils, sans révéler toutefois qu'elle est princesse et lui prince héritier, menacé de mort, et qu'elle souhaite se tenir à distance de ses ennemis, sans éveiller le moindre soupçon. Lui, Gabriel, ne voit qu'une belle dame au caractère trempé, veuve, elle a décidé de mener sa barque en toute indépendance, ne voulant plus subir le joug masculin. Il lui offre le gîte et le couvert, elle accepte... du bout des lèvres.

A sa façon, Callie est adorable dans son obstination à ne vouloir compter sur personne, à maintenir ses origines secrètes et à surprotéger son fils. Nicky a une jambe boiteuse, il a peur des chevaux mais ne demande pas mieux de vivre comme un gamin normal, si bien qu'il se sent très vite à l'aise chez Gabriel. C'est un homme remarquable, très attentif, taquin aussi. Il est totalement sous le charme de Callie, et le lui fait savoir en lui volant des baisers, elle joue les belles effarouchées, qui tape du pied et du poing, mais n'en paraît pas moins insensible pour autant.

Il y a aussi toute une petite tribu qui vient se greffer au trio, ce sont des personnages secondaires très attachants, qui rendent le récit encore plus fluide et agréable à suivre. On se glisse avec aisance et bonheur dans l'existence de cette communauté, on s'y sent très bien, mais pour les besoins de l'intrigue, il faut que ça bouge à Londres, où on prend réellement connaissance avec les fameux Archanges du Diable (c'est le nom de cette série !). Et là, la famille de Gabriel Renfrew dévoile ses secrets, ou une partie, ce qui augure de belles heures de lecture. C'est d'ailleurs ce que je retiens de cette jolie romance, une touche de délicatesse et de romantisme, c'est mignon comme tout, ça ressemble à un cocon douillet, on aime les personnages, il y a une belle alchimie au sein du couple, l'histoire connaît quelques revers avec une fin en suspension (toutes les questions n'ont pas eu leurs réponses, il me semble, qu'en est-il du vilain de l'histoire ?!). En somme, c'est une lecture classique et potable, une mise en bouche savoureuse, où il manque toutefois un petit ingrédient indéfinissable...

Le Cavalier de l'orage (Les Archanges du Diable #1), par Anne Gracie
J'ai Lu Aventures & Passions, 2012 - traduit par Catherine Berthet 


C'est moi qui l'avais fait éclore, ce petit sourire, au coin de sa bouche en bouquet de fleurs.

Deux nouveaux titres viennent compléter la chouette collection ZigZag, que j'affectionne particulièrement. Ce sont deux romans très attachants, admirablement écrits, avec des formules et des petites phrases qui touchent, paf, en plein coeur, avec des histoires tendres et amères, d'une perspicacité qui ne laisse pas indifférent. 

Ça déménage !  par Cécile Chartre - illustrations de Charlotte des Ligneries (Rouergue, coll. ZigZag, 2012)

La vie d'Alexandre, huit ans et des pépettes, n'était que bonheur et tranquillité dans sa petite maison à la campagne, jusqu'au jour où maman et lui sont partis en ville, dans un appartement, parce que papa a décidé de refaire sa vie avec une autre. Pour Alexandre, c'est le début d'une douce rébellion. Il n'aime pas, mais alors pas du tout, son nouveau foyer. Et puis sa mère ne cesse de le coller, de le câliner, c'est insupportable. Même le chat Jean-Claude Chipolatas préfère quitter le navire, après avoir bien noyé le lit de son urine... Hmm, Alexandre aussi veut manifester son mécontentement, lui aussi voudrait qu'on lui rende sa liberté, mais au contraire, sa mère ne cesse de l'étouffer. Il tente d'exprimer son chagrin par la colère et la force, il tape du pied et du poing, les voisines sont d'ailleurs très mécontentes, mais lui s'en fiche... il veut retourner à sa vie d'Avant. Il veut son papa, avoir une discussion, comprendre que les larmes ne sont pas que pour les minus, qu'il faut parler pour expliquer l'inexplicable, que la vie est sans cesse une nouvelle histoire à écrire, avec d'autres maisons et d'autres familles, mais ça ne veut pas dire qu'on change de parents, non. Ni de nom, ni de prénom. Parfois, la vie d'après n'est pas aussi affreuse.

-) Ce petit texte permet de mettre des mots sur le désarroi des enfants, pris dans le feu des tourments des adultes. Ce n'est jamais facile, il y a beaucoup de maladresse et de tristesse, mais heureusement la vie offre aussi la possibilité de rebondir et de croire en des lendemains plus jolis. 

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L'histoire d'Aimée est celle d'une petite fille qui a grandi dans un foyer, parce qu'elle n'a plus de parents. Elle a été abandonnée quelques jours après sa naissance, avec juste un petit mot où était inscrit son prénom. Aimée s'est construit un petit cocon avec ses soeurs d'adoption, mais elle n'a jamais osé avouer que le manque de maman était de plus en plus pesant. C'est en voyant sa copine Clémence qu'elle a compris ce que signifiait l'amour d'une mère, et en cachette Aimée s'est inventé une maman de papier. Au foyer, les filles pensent que c'est un mot d'amour de Medhi. Medhi et ses sanglots qui mangent tous ses mots. Medhi avec un sac de problèmes qui pèse une tonne et un coeur aussi grand que le haut du ciel. Et même si Aimée est méfiante vis-à-vis de l'amour, elle n'est pas insensible au regard doux et triste de Medhi, à ses yeux lourds comme l'amour, à sa lettre avec des ratures et plein de fautes d'orthographe... Et puis, il suffit d'un baiser sur la joue pour faire naître un sourire sur le visage du garçon, c'est dire le potentiel d'Aimée à donner du bonheur. Pourquoi ne pas aller plus loin, alors ? Et croire enfin qu'elle aussi peut faire des trucs bien dans sa vie.

-) Ce petit roman fait bougrement du bien, même si le sujet n'est pas gai et encore moins joyeux, il échappe toutefois à paraître sinistre ou démoralisant, et c'est ça que j'aime dans cette collection, la volonté de ne jamais baisser les bras, d'admettre que la vie n'est pas rose tous les jours mais que ça ne veut pas dire qu'il faut cesser d'y croire. Une vie sans parents, par exemple, c'est ce qu'il y a de plus douloureux pour un enfant. Et la petite Aimée est drôlement attachante à sa façon, parce qu'elle est aussi à fleur de peau, elle passe son temps à observer le monde, à se poser des questions, à avoir des envies, à avoir peur de les vivre ou de simplement les ressentir... La magie d'un livre, c'est donc d'offrir des rêves et des ailes dans le dos, de vous chambouler la tête et le coeur avec toutes ces belles idées. Je crois qu'on n'en a jamais en trop ! 

L'invention des parents, par Agnès de Lestrade - illustrations de Lucie Albon (Rouergue, coll. ZigZag, 2012)