Tom Gates, c'est moi !
Ce type d'ouvrages (journal intime / roman graphique) a le vent en poupe auprès des enfants qui n'aiment pas beaucoup lire. Ils se surprennent en effet à engloutir plus de 200 pages sans rouspéter et apprécient ce rythme de lecture où le texte se fond avec les dessins, qui sont nombreux, et puis c'est très rigolo.
Présentation de Tom Gates : toujours en retard à l'école, oublie souvent ses devoirs à rendre, adore dessiner en classe, n'aime pas son voisin Marcus Meldrou, craque pour sa voisine Amy Porter, a conscience que celle-ci le snobe et fait tout pour attirer son attention (peine perdue), a pour meilleur pote Derek avec lequel il tente de lancer un groupe qui se cherche un nom (dernière trouvaille : les clebs zombies), ferait tout pour assister au concert de Rodeo 3, se chamaille constamment avec sa grande soeur Delia, ne range pas sa chambre, déteste les photos de classe et invente tout le temps des excuses à la gomme que les adultes ont du mal à avaler.
L'humour est simple, le narrateur est un gentil clown fort sympathique, l'histoire est une succession d'anecdotes ancrées dans la vie de tous les jours, ce n'est pas d'une grande originalité mais ça plaît quand même, et puis c'est une lecture qui a le mérite d'amener les plus récalcitrants à la lecture donc c'est de nécessité publique !
Tom Gates, c'est moi ! par Liz Pichon
Seuil jeunesse, 2012 - traduit par Nathalie Zimmermann
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux...
Dans ce chouette petit roman, on trouvera :
- une fillette autoritaire
- son meilleur ami qui pense tout le contraire de ce qu'il fait
- des parents qui s'aplatissent comme des carpettes
- une grand-tante revêche
- un petit frère pleurnichard
- une maman débordée, et qui invente des recettes de cuisine douteuses
- un chat au pelage satiné
- une maison étrange, cachée au milieu des détritus, et protégée par un jardin de camélias
- une armée de chats qui aiment l'odeur de la morue
- une salle de musique, et des miroirs
- un moulin à café qui transforme les larmes en bonbons
Enfin bref, voilà une belle lecture envoûtante, hantée par des personnages inquiets et inquiétants, à commencer par Marguerite, la vieille dame au visage félin, avec des pouvoirs de sorcière, qui vit seule entourée de chats, mais aussi les trois enfants, curieux et craintifs, qui vont sortir de cette aventure plus confiants, Armand va apprendre à dire non à voix haute, Flavie va s'adoucir et se dire que finalement elle est douée pour la musique, Marius va sécher ses larmes de crocodile, seuls les parents Marilac resteront des pantins, tandis que la grand-tante Clarisse sera sérieusement secouée.
C'est une lecture magique, poétique, enchanteresse. Gaia Guasti possède un vrai don de conteuse, avec sa touche de facétie et de fantaisie.
La dame aux Chamélias, par Gaia Guasti
éd. Thierry Magnier, coll. Le feuilleton des Incos, 2012
♪♫ Rockoholic ♪♫
Le roman s'ouvre sur un enterrement, celui du grand-père de Jody. C'était un type original, rock-n-roll dans sa façon de vivre et de penser. C'était un modèle pour la jeune fille. Aussi, elle tire une tronche de vingt kilomètres au cours de la cérémonie trop traditionnelle et pompeuse. Jody est en guerre avec sa mère, alors elle décide de pirater les ondes et de semer la zizanie en mémoire de son aïeul.
Résultat, Jody est punie et interdite d'aller au concert de son groupe préféré, The Regulators. Elle s'enfuit de chez elle et se réfugie chez son meilleur pote, Mac. Celui-ci lui offre son billet pour qu'elle puisse vivre son rêve pour de bon, car Jody est folle amoureuse du leader du groupe, Jackson Gatlin.
Elle est prête à tout pour attirer son attention, et c'est de bon matin qu'elle se rend dans la file d'attente pour être placée au premier rang. Le temps s'écoule lentement, alors Jody fait preuve de sarcasmes en observant la foule des fans. Mac vient de temps à autre lui tenir compagnie, parce qu'il faut tout de suite le souligner, ce garçon est génial ! Un vrai soutien. Un amour de copain. Une patience du tonnerre. Une écoute sans faille. Une présence sûre. Bref, spécimen à adopter de toute d'urgence.
Jody se sert honteusement de son amitié, sans réaliser qu'il y a peut-être un petit quelque chose derrière. Elle est aveuglée par Jackson Gatlin, complètement mordue par cet inconnu qu'elle croit connaître à travers les coupures de journaux. Et lorsque l'occasion se présente, elle + lui seuls au monde, la jeune fille prend une décision radicale. Elle embarque Jackson loin de son monde de pacotilles, le rockeur est épuisé, usé, drogué par les amphétamines, en mode zombie sous hallucinogène.
Cette rencontre providentielle va vite ressembler à un cauchemar sans nom, puisque Jody va découvrir une autre facette de son idole... et la déception est rude. De plus, la presse fait les gros titres sur la disparition du chanteur, il va falloir trouver une solution, finir de jouer la comédie et forcer Jackson à sortir de sa coquille.
Le situations les plus cocasses vont se succéder, Jody est une héroïne tordante à sa façon, qui ne manque jamais de ressources et qui fait face sans rechigner, cette parenthèse dans sa vie va lui apporter beaucoup, comme de calmer ses relations tendues avec sa mère. Et puis le roman ne cache rien de l'envers du vedettariat et de la folie adolescente et du sentiment jusqu'au boutisme qui frappe un peu tout le monde lorsqu'on cherche à échapper aux contraintes. Enfin bon, ça reste une lecture traitée sur le mode humoristique, mais qui se révèle assez conventionnelle à la longue.
Rock Addict, par C.J. Skuse
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2012 - traduction d'Alice Marchand
illustrations de couverture : Anne Simon