"You've felt it, haven't you? Those feelings that seem to get so big in your chest, like something is so beautiful it aches?"
L'univers dystopique de Heather Anastasiu est un univers technologique, où les cartes à puce et les ports USB servent à réguler les sentiments des humains, condamnés à vivre selon une discipline stricte. Du coup, ils sont complètement amorphes et agissent comme des zombies. Seule Zoe se surprend à ressentir des sensations délicates qui la font sursauter. En gros, elle est capable de glitcher, ce qui est désormais une menace pour elle car elle risque d'être désactivée. Alors elle panique et choisit de s'enfuir, mais elle est rattrapée par un type, Adrien, qui la conduit à la Surface (là où flottent des gaz toxiques, des restes du cataclysme nucléaire qui a provoqué la fin du monde).
Brider les émotions humaines est un sujet déjà abordé dans un roman comme Delirium, toutefois le traitement dans GLITCH se révèle moins profond, limite juvénile et maladroit. Zoe est une héroïne cruche, qui s'adapte aux découvertes avec une naïveté pas du tout touchante (son comportement, dans la deuxième partie du roman, fait lever les yeux au ciel). Un troisième personnage va entrer dans l'arène et compliquer inutilement l'intrigue amoureuse (ce cher Max, pour ne pas le nommer, passe pour un obsédé de service, faut-il en rire ou pleurer, franchement j'hésite !).
D'un autre côté, l'auteur a beaucoup de choses à raconter, avec des tas d'éléments et des rebondissements à tous les étages, l'intrigue en devient habile et séduisante. C'est dommage qu'au coeur de ceci, les motivations des personnages nous inspirent aussi peu de compassion ou d'intérêt. J'avoue avoir été de plus en plus perplexe face à l'embrouillamini des troubles sentimentaux qui saisissent l'héroïne. Je sors donc de cette lecture avec une impression de manque ou d'imperfection qu'il faudrait corriger pour améliorer la suite, car la matière première n'est pas mal du tout, juste mal exploitée.
Glitch, par Heather Anastasiu
Robert Laffont, coll. R, 2012 - traduit par Madeleine Nasalik