Pêle-mêle Clarabel #53
C'est l'automne ! Voici donc un panaché de lectures savoureuses, et de saison (tant qu'à faire). Les trois albums s'inscrivent dans des registres différents, le premier est volontairement désopilant, le deuxième nous transporte vers un dépaysement total mais plante sa petite graine dans notre coeur parce qu'on ressent beaucoup de chaleur et de confort pour l'histoire, et enfin le troisième, tout simplement superbe, réveille en nous notre fibre artistique, mais surtout notre sensibilité à la poésie. Vous verrez, vos yeux vont rouler dans tous les sens pour ne pas louper le moindre détail.
Catégorie Lecture désopilante :
Pour ravir les papilles de sa dulcinée Leila-la-laie, Jean-Glier se met en quatre pour lui préparer son menu préféré, à savoir : un caneton farci aux oeufs de grenouilles, des marrons grillés et une glace à l’eau. La belle est exigeante, il ne faudrait pas la décevoir. Alors il lui demande de venir le trouver chez lui, sitôt qu'un filet de fumée s'échappera de sa cheminée. Les mois vont passer, Jean-Glier va chasser et pêcher ses ingrédients, il va les installer chez lui, les engraisser et les bichonner, oui c'est bizarre, on commence à se poser des questions. Notre sanglier instaure une relation de plus en plus proche avec ses ingrédients, lesquels deviennent de grands enfants intelligents. Ils ne sont pas nés de la dernière pluie et vont comprendre les motivations cachées de leur hôte... bouh, quelle horreur ! Panique à bord, les amis. Mais Véronique Komai ne va pas franchir les limites interdites et peaufiner son dénouement. La tendresse est de mise, dans ce texte ponctué d'humour et de jeux de mots qui prêtent à sourire.
Le menu préféré de Leila-la-laie, par Véronique Komai (Pastel, 2012)
Catégorie Lecture Cocooning :
Tout commence quand Suzie Truie et Simon Cochon partis en vadrouille rentrent chez eux et découvrent leur petit nid occupé puis ravagé par Léone Oursonne et Vincent Elan. Bon, pas besoin de se mettre en pétard car tout ce petit monde se connaît et s'apprécie. Pourquoi ne pas vivre tous ensemble et construire une grande maison pour l'hiver ? ! Après avoir passé un coup de fil aux castors, les travaux débutent aussitôt et voient sortir de terre une demeure imposante et pleine de charme. Ça sent le confort douillet, la chaleur du feu de bois, les bonnes odeurs en cuisine, la tisane qu'on avale le soir avant de filer sous la couette... La description de la routine est saisissante de familiarité, et c'est ce qui fait qu'on se sent heureux et à son aise entre les pages de cet album. Les animaux se comportent comme des humains (ils se servent du téléphone, ils conduisent des camions, ils se rendent en ville pour faire des emplettes). Et puis la facture s'élève à une montagne de sandouiches au beurre de cacahuètes ! C'est tellement bon de se plonger dans ce royaume de la simplicité, de l'amitié et de l'entraide. Une lecture pleine de révélations, pour moi !
La maison dans les bois, par Inga Moore (Pastel, 2012)
Catégorie Lecture pour épater la galerie :
J'avais lu et beaucoup apprécié le premier album de Gwendal Le Bec, Le Roi des Oiseaux, qui a reçu la Pépite de l'album 2011, Prix du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. J'avais aussi déjà vu fleurir sur les blogs des libraires leurs avis élogieux concernant ce nouveau titre et, ma foi, je n'ai pas été déçue non plus. L'auteur nous prend par la main et nous invite à nous pencher sur son livre, et plus particulièrement sur les détails de la faune et la flore d'un bois. Là, le mulot pointe son museau mouillé sous les feuilles craquantes, ici la belette se glisse entre deux pierres froides, ou un faisan se fraie un chemin parmi les fougères, un blaireau laboure l'humus de son museau pointu et le sanglier se roule bruyamment dans une mare de boue (oui, c'est peut-être Jean-Glier attendant sa belle Leila-la-laie !).
Les couleurs de cet album sont superbes, elles soulignent le jour déclinant, les mouvements des animaux et de la forêt, certains cherchent un coin pour se cacher ou dormir, d'autres se réveillent et entament une ronde nocturne. C'est beau, tout simplement. Précis et délicat, assez poétique aussi dans sa façon de raconter son histoire. L'auteur s'emploie également à trouver les mots justes, les mots vrais pour décrire cette nature si belle et énigmatique aux yeux des enfants. C'est ce qu'on pourrait nommer un petit bijou, non ?
Un bois, par Gwendal Le Bec (Albin Michel jeunesse, 2012)
pour vous convaincre, lisez le magnifique billet de Bauchette -) ICI !