Qui a dit que les bisous, c'est pour les bébés ?
Après un lundi rouge passion, on fait chuter la pression avec des petites lectures dont le sujet a su toucher ma corde sensible.
Kaï est un petit garçon de neuf ans qui ne supporte plus qu'on l'embrasse. Le jour de son anniversaire, il tend la main à sa famille et déclare qu'on doit le traiter comme un grand et cesser de lui donner des bisous. C'est insupportable, à la fin ! Ses parents sont chiffonnés et voudraient comprendre cette grève du bisou. Au lieu de s'en formaliser, ils vont patienter le temps qu'ils estiment que doit durer cette crise. Seul le grand-père, qui n'a plus toute sa tête, ne se gêne pas pour poser un baiser baveux sur la joue de son petit-fils. Qu'on ne s'avise pas de lui donner des ordres non plus !
C'est finalement dans la cour de l'école que Kaï va réfléchir à ce qu'il inflige à ses proches. Par la faute du nouvel élève, prénommé Pascal. Celui-ci est tout le temps seul dans son coin. Une fois, Kaï a même vu qu'il pleurnichait en silence. En creusant bien, il découvre que le garçon ne se console pas de la mort de son papi. Kaï va alors décoller du sol, en pensée. Il va être frappé par l'inspiration : soudain, il comprend qu'avoir envie de faire des bisous, ce n'est pas réservé aux bébés. C'est donner aux autres de l'amour, du réconfort, faire preuve d'amitié, de sensibilité etc.
Un petit roman tout doux et apaisant, où l'on évoque avec pudeur le chagrin des enfants après la perte d'un être cher. Tellement juste, tellement vrai. Avec pour héros un petit garçon aux idées farfelues et à l'imagination débordante (il suffit de découvrir ses jeux de récréation, c'est un bonheur !).
par Thomas Gornet & illustrations d'Aurore Petit (Rouergue jeunesse, coll. Zig Zag, 2012)
Ceci m'amenant à évoquer le très bouleversant Où es-tu, Lulu ?
Un matin, Théo découvre l'absence de son ami Lulu. Son maîtresse, avec les larmes aux yeux, lui apprend que son ami a eu un accident et qu'il ne reviendra plus. L'enfant est accablé pour le chagrin, les questions et l'incompréhension. Ses parents eux-mêmes se sentent impuissants pour le consoler. Ils murmurent des phrases maladroites : C'est comme ça, la vie. Ou il y a des jours où le ciel perd ses couleurs. C'est tellement plus facile de raconter des histoires pour s'évader.
Et puis, le temps passe. A petits pas, Théo avance sur son chemin. Le chagrin s'estompe ou s'apprivoise. Théo a grandi avec. Il sait maintenant qu'il y aura des jours de chagrin, des jours de fête, des jours de doute. Le souvenir de son ami restera intact, présent dans un coquillage, une bille ou un marronnier.
Que n'aurais-je pas donné, deux ans plus tôt, pour avoir cet album entre les mains ! A l'époque, ma fille a perdu une copine d'école dans des circonstances tragiques. Après le choc, l'immense chagrin et l'incompréhension. Un chagrin multicolore tant l'éventail des émotions était grand. En lisant cet ouvrage, j'y ai instinctivement repensé. C'est là, en nous, toujours. Parce qu'elle aussi a été frappée par un drame personnel, Laurence Pérouème livre des mots justes et sensibles pour évoquer la mort et accompagner l'enfant et les parents qui y sont confrontés à surmonter ces instants difficiles. Une lecture précieuse, encadrée par des illustrations lumineuses.
par Laurence Pérouème et Cécile Rescan (naïve, 2012)