L'histoire du soir #10 : Ogre, cacatoès et chocolat, par Cécile Roumiguière & Barroux
Manon est une collectionneuse de mots. Elle en choisit un dans le dictionnaire, elle l'apprend, le tourne, le retourne dans sa tête. Puis elle le recopie sur un bout de papier. Elle écrit des mots porte-bonheur pour se protéger, et d'autres mots très longs, des mots pour rêver.
Manon est une petite fille qui aime collectionner les mots. Elle les recopie sur des bouts de papier et les range dans son sac. C'est son arme secrète. D'ailleurs, ça lui sera précieux lorsqu'elle tombera nez à nez avec l'ogre de la forêt. Ce dernier est énorme, redoutable, grognon et impatient. Il s'ennuie, donc il a faim. Il avalerait bien la petite demoiselle, mais celle-ci rouspète. A sa façon, elle lui dégaine sa science et utilise ses mots si précieux pour lui clouer le bec.
Euh ... un cacatoès ? la mer ? du chocolat ? Mais ce gros monstre est un ignorant ! Comme ce serait méchant de se moquer, aussi Manon préfère le prendre par la main. Un mot en amenant un autre, c'est tout un chemin auréolé de mystère et sujet à la fascination qui se présente à lui. D'ailleurs l'ogre n'a plus envie de tout croquer sans réfléchir. Il est rassasié de nourritures spirituelles !
Toutefois, quand la fillette est coincée dans les rochers, c'est sa force physique qui sera bien utile. On peut dire que ces deux-là ont su se trouver. Elle avec son intelligence et son amour des mots, lui avec son charme rustique et son envie d'apprendre, la connivence est parfaite.
C'est une très jolie histoire, qui se récite à voix haute. Vous en apprécierez les tournures et la petite mélodie. Cécile Roumiguière est une poétesse, une magicienne, vous le savez. Son histoire est un vibrant hommage à toute cette poésie qui se balade autour de nous, parce que les mots sont beaux, les mots sont précieux, les mots sont une arme dont il faut se servir dans un but particulier (pour le bien, quoi). Très belle leçon de tolérance, empreinte de délicatesse et de facétie.
Ogre, cacatoès et chocolat, par Cécile Roumiguière et Barroux (Belin jeunesse, 2012)
et puis les mots, tout aussi magiques, poétiques et envoûtants, de Juliette,
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l'essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L'enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c'est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L'amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L'été sous la charmille
Et l'hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Et retrouverais dans mon soulier
Ma mandarine de Noël
Le complot de la Dernière Aube
La lecture des tomes précédents est nécessaire pour la compréhension de ce livre ! (en savoir plus en un clic)
Troisième tome, et probablement le dernier de la série ! Toutes les questions ont trouvé une réponse, nous avions abandonné Neil Galore plus dépité que jamais, après la débandade des évènements provoqués par la terrible Brigade Pâle, mais plus déterminé que jamais aussi ! Il veut trouver l'ennemi, mettre un terme à leurs pratiques perverses et redoutables, dans le même temps il aimerait bien en savoir plus sur ses origines (et balayer la nouvelle d'un revers de la main), réunir ses anciens acolytes, la belle Elly en particulier, et gagner ses lettres de noblesse au sein de la prestigieuse Agence Pinkerton (on pourrait facilement le considérer comme l'ancêtre de Fox Mulder !).
Sans trop en dévoiler, sous peine de livrer des révélations secrètes, je tiendrai en estime ce troisième tome, pour son ambiance western, son dynamisme, ses personnages attachants, son histoire où l'on respire la poussière, l'odeur du colt et du whisky, les ennemis implacables, les secrets de famille enfin dévoilés, même si guère brillants. J'ai aimé cette série, complètement, et pourtant j'ai trouvé ce troisième tome légèrement moins enthousiasmant. Pas décevant, mais disons que j'avais des attentes haut placées ! C'est une série que je conseille à tous les amateurs du genre, ils ne regretteront pas le détour.
L'Agence Pinkerton, tome 3 : Le complot de la Dernière Aube, par Michel Honaker
Flammarion, 2012 - illustration de Benjamin Carré
Tout cela ressemble à une grande farce, dit-il. Mais l'histoire est jolie.
L'orphelinat d'Abbey Road est loin d'être un lieu rempli d'amour et de tendresse, les fillettes en manquent cruellement, aussi tentent-elles de se serrer les coudes, de s'évader dans la lecture, de visiter des coins cachés et de porter aux nues lady Bartropp, leur bienfaitrice. C'est ainsi que Joy et Margarita font la découverte de tunnels, sous l'abbatiale, et tentent de s'y glisser pour explorer cet univers inconnu.
L'aventure connaîtra un revers étonnant, qui confortera le charme de cette lecture à l'ambiance délicieusement mystérieuse. On s'attache aux personnages, des jeunes filles curieuses et rêveuses, certaines ont des dons qui sortent de l'ordinaire, de quoi accentuer l'étrangeté de l'intrigue, au pouvoir tellement fascinant ! Et puis le cadre est beau, un peu gothique, comme coupé de la réalité, plongé dans un autre temps. Les orphelines sont des petites demoiselles accablées par le doute et les questions, tyrannisées par la mesquinerie de certaines bonnes soeurs (j'ai adoré les détester !)... Comment vous dire ? Cette lecture bénéficie d'un halo de charme, de mystère et d'élégance qui constitue un véritable atout de séduction. Je recommande ce roman à la jolie couverture illustrée par Christel Espié !
Les orphelines d'Abbey Road, tome 1 : Le Diable Vert, par Audren
Ecole des Loisirs, 2012 - illustration de couverture : Christel Espié