L'histoire du soir #30 : Le chevalier et la forêt, par Anaïs Vaugelade
Un jour, comme c'est le jour de son anniversaire, le petit chevalier reçoit une boîte avec, dedans, un pistolet. Youpi, tralala, il est fou de joie et se sent ragaillardi. Pour la peine, il brave l'interdiction de traverser la forêt. Même pas peur ! Son pistolet viendra à bout de tous les dangers.
En chemin, il croise une coccinelle, qui lui offre trois points pour exaucer ses voeux. Il poursuit son épopée mais les ennuis commencent très tôt. La forêt grouille de plantes grimpantes, rampantes, de lianes vengeresses, qui cherchent à vous entortiller entre ses filets. Le garçon résiste, mais flûte il est prisonnier ! Son pistolet ne peut rien pour lui. Alors il fait appel à ses trois voeux.
Les armes, la force, la puissance, peuh ! ça ne vaut pas un clou quand il suffit d'une étincelle de génie. Une petite goutte d'eau, le miracle de la nature, ses lois ancestrales, vitales et le voici, le voilà, notre petit chevalier a trouvé la sortie.
Une lecture qui prête à sourire, terriblement espiègle, elle nous plonge dans un enfer vert, avec une Mère Nature qui joue aux marionnettes en se moquant allègrement des sabres et des lasers. Plus qu'un chevalier, notre petit bonhomme est rusé comme un Sioux ! Un album parfaitement cocasse et adorable.
Le chevalier et la forêt, par Anaïs Vaugelade (Ecole des Loisirs, 2012)
“Scared?" "You haven't lived until you go grave robbing.”
Ari est une jeune fille paumée, ballottée de foyer en foyer depuis l'enfance, c'est une solitaire barricadée derrière sa carapace de dure à cuire. Elle doit à son physique hors du commun, des cheveux et un regard couleur de lune, le sentiment de ne pas appartenir au même monde qui l'entoure. C'est ainsi qu'elle entame des recherches sur ses origines, sa mère est morte, elle ne sait rien sur son père. Elle trouve un début de réponse dans un hôpital psychiatrique, de quoi lui filer les jetons, puis se trouve nez à nez avec un guerrier débarqué de nulle part et déterminé à lui faire la peau.
Ni une, ni deux, elle décide de se réfugier à New 2. C'est le nouveau nom donné à la Nouvelle-Orléans. La région vit désormais en totale autarcie, suite au déferlement des ouragans qui ont tout ravagé sur leur passage. Sa mère y aurait également séjourné, peu avant sa naissance. Ari cherche quelques pistes, fait des rencontres, s'incruste dans une vieille maison délabrée où se sont réfugiés des gosses débrouillards et particulièrement doués. Il y a comme des ondes fantastiques qui planent dans l'air, Ari est complètement déstabilisée.
Et puis elle rencontre Sebastian, un beau garçon au charme ténébreux, qui lui donne un coup de pouce, en plus de lui faire ressentir de nouvelles sensations. C'est délicieux, pas mielleux pour un sou. Et ça n'occulte pas la quête du savoir, de comprendre qui est Ari, de quelle malédiction sa famille semble marquée. Parce que c'est le point fort du roman, son ambiance envoûtante, nimbée de charme et de mystère. Le décor planté à la Nouvelle-Orléans est tout aussi fascinant, avec son folklore, son vaudou, ses spectres et ses excentricités. On frissonne, de plaisir et d'effroi.
Peu à peu on avance dans l'histoire et on découvre de nouveaux horizons, c'est surprenant, assez grisant aussi. Il faut dire que j'ai aimé ce livre dès les premières pages, et je n'ai jamais ressenti le moindre ennui par la suite. Tout me plaisait, tout m'enchantait et m'étourdissait. L'héroïne est une battante, mais ses errances sont nombreuses, justifiées, elles permettent de progresser dans le récit selon son rythme, sans brusquer, sans bondir, sans soupirer non plus. J'ai vraiment beaucoup aimé, autant pour le fond que pour la forme. Car c'est un roman qui ne cesse de nous balader en beauté, avec les froufrous des bals et du carnaval, sans pour autant masquer les ombres menaçantes, qui s'invitent à la fête et font craindre le pire. J'ai été pleinement enchantée par cette découverte, vivement la suite !
Le noir lui va si bien, par Kelly Keaton
Fleuve Noir, coll. Territoires, 2012 - traduit par Marie-Hélène Méjean-Bernaille