“There had been a secret planted under my bedroom window all my life.”
L'histoire se passe quelques années après Blood magic et concerne la fille de la maléfique Joséphine Darly, mais rassurons-nous, Mab Prowd est une jeune fille délicate, sensible, qui oeuvre pour le bien. Depuis la mort d'Arthur, son mentor, elle est devenue le nouveau Diacre et doit réaliser un sort pour chasser une malédiction, mais l'expérience dérape et va frapper Will, un garçon qui se promenait au même moment dans la forêt, avec ses deux chiens.
C'est seulement quelques jours après qu'il réalise qu'il ne se sent pas bien et doit revoir Mab dans sa ferme. La jeune fille promet de lui venir en aide, comme elle a juré de sauver un petit garçon qu'elle héberge et qui a subi l'ascendance mauvaise de son père. Nous renouons ainsi avec la magie du sang, les incantations et les sacrifices, mais ce n'est pas bien méchant, beaucoup moins que dans le précédent livre, qui était plus saisissant. C'est même le reproche que je ferai à BLOOD LOVERS : c'est une lecture moins forte, moins percutante, peut-être parce qu'elle n'a plus le privilège de la nouveauté non plus. L'histoire est ici assez simple et évidente sur toute la ligne, pas de grandes surprises à prévoir, peut-être dans la dernière partie, et encore...
J'ai toutefois apprécié suivre l'histoire d'une certaine Evelyn Sonnenschein à travers sa confession, ou sa déclaration d'amour, qui remonte à quelques années. Le reste du roman est raconté alternativement par Will et Mab, avec un bémol pour les passages concernant le garçon dont les soucis familiaux ne m'ont pas particulièrement emballée. Je préfère largement me plonger dans l'univers plus sombre, plus grisant, plus poisseux de la magie, c'est d'ailleurs le point fort de Tessa Gratton qui dresse un décor fantastique et fascinant. Il serait néanmoins temps de se renouveler, car la recette a eu un goût de réchauffé avec ce roman.
Blood lovers, par Tessa Gratton
La Martinière J. (2012) - traduit par Anne-Judith Descombey
“She was the purest, biggest truth.”
Mackie Doyle n'est pas un garçon ordinaire, avec ses cheveux blancs, sa peau très pâle, son air de souffrir dès qu'il s'approche du fer, ses maux de tête et sa fatigue perpétuelle, bref le garçon est un adolescent effacé, qui ne sort qu'avec sa bande de potes, certains soirs, pour écouter du rock ou jouer au billard, mais sinon il reste chez lui, où on fait comme si tout va bien, ses parents ont remisé l'inox au fond des placards, seule sa soeur Emma est attentive à ses baisses de régime.
Pourquoi ? Car des années plus tôt, c'est elle qui a surpris une silhouette se glisser dans la chambre de son frère, s'approcher du berceau, s'emparer du bébé et en déposer un autre avant de s'enfuir. C'est une pratique courante dans la petite ville de Gentry, mais personne n'ose en parler ouvertement. Un récent drame risque de secouer toute la communauté, lorsque la fille aînée des Stewart, Tate, prétend que ce n'est pas sa soeur qu'on vient d'enterrer et qu'elle va remuer ciel et terre pour avoir des réponses. Elle se tourne vers Mackie, qui panique et s'enfuit.
Sa santé le mettant de plus en plus au supplice, Mackie fait appel aux seules personnes susceptibles de l'aider, des personnes comme lui, qui vivent dans des galeries souterraines, qui font semblant d'être comme tout le monde, qui se nourrissent des émotions humaines et qui tentent de communiquer, à leur façon, de l'énergie. Mais ce marché a un prix, Mackie doit accepter le deal, ou sinon la Méchante de l'histoire va sortir ses griffes et faire un massacre.
L'histoire est superbement parée d'un climat sombre, oppressant et mystérieux, c'est particulièrement fascinant, mais sitôt qu'on soulève le voile, qu'on gratte les artifices, on découvre une intrigue qui se réduit comme une peau de chagrin. Vraiment très peu consistante. C'est à se demander si la magie essentielle de ce livre ne réside pas entièrement dans son univers, gothique et effrayant, car les éléments autour sont vides d'intérêt. C'est même assez simpliste, jusqu'à la fin, pas très folichonne non plus. Si vous aimez les romans d'ambiance, les petites villes hors du commun, avec leurs légendes qui font peur, vous apprécierez de connaître Gentry, "un océan de monospaces, de pelouses et de golden retrievers".
L'Echange, par Brenna Yovanoff
éd. Michel Lafon, 2012 - traduit par Isabelle Saint-Martin