“Things denied, things untold, things hidden and disguised.”
J'ai attendu que le buzz autour du nouveau roman de JK Rowling s'essouffle pour enfin saisir l'occasion de découvrir ce qu'il recelait. Et ma foi, je n'ai pas du tout été déçue ! C'est franchement une lecture brillante, captivante et très amère que l'auteur nous propose, chacun jugera selon sa sensibilité, pour ma part j'ai été embarquée dès les premières pages.
Tout commence par le décès brutal de Barry Fairbrother, la quarantaine, époux et père de famille comblé. Il était également membre du conseil paroissial, c'est d'ailleurs le petit détail qui fera toute la différence, car à l'occasion de l'élection du nouveau membre, une série de passions intimes va se déchaîner.
Les chapitres sont dans l'ensemble assez courts, car ils permettent un tour d'horizon pointilleux sur la communauté de Pagford, une bourgade charmante, qui se veut chic et noble, mais qui souffre d'une épine dans le pied avec l'implantation d'une cité et une clinique de désintoxication. Une partie de la société rétrograde trouve que cela fait désordre dans le paysage, et voudrait refourguer le paquet à la commune voisine, Yarvil.
Evidemment, Barry Fairbrother était un partisan de cette cité nommé Les Champs, dont il était originaire et avait su s'élever en devenant un membre respectable et respecté de la petite ville. Il avait d'ailleurs pris sous son aile la jeune Krystal Weedon dans son équipe d'aviron, afin de l'éloigner de son milieu désœuvré avec sa mère junkie, son petit frère surveillé par les services sociaux, tout ça sans père ni boulot.
On découvre tout un petit noyau de personnalités assez caractéristiques, la veuve éplorée et rancunière, le meilleur ami sentimentalement instable, le grand manitou qui pousse son fils à se lancer en politique, l'épouse de celui-ci qui noie son ennui dans l'alcool, la femme médecin aux nerfs fragiles, l'assistante sociale qui a cru avoir droit à sa part de bonheur, le type aigri qui se défoule en tabassant ses proches, sans oublier les adolescents, autres éléments déclencheurs, car ils sont les spectateurs désabusés de cette foire aux monstres, et eux aussi ont leurs comptes à régler.
Ce regard posé sur notre société est cynique, sans concession et sans équivoque. Pour ceux qui en seraient restés à une vision magique et enchanteresse de l'univers de Harry Potter, ils trouveront matière à être bousculés et à regretter ce changement de registre. En ce qui me concerne, j'ai été bluffée. J'ai opté pour l'écoute en Audiolib de cet épais roman de plus de 600 pages, du coup cela représente pas loin de 21 heures de lecture attentive. C'est impressionnant, mais honnêtement je n'ai pas vu le temps passer et j'ai été captivée par cette magistrale orchestration, qui a bien su souligner l'intensité dramatique au fil des chapitres.
Une place à prendre, par J.K. Rowling
Texte intégral lu par Philippe Résimont / Traduit de l'anglais par Pierre Demarty
Grasset, 2012 - Audiolib, 2013