“You wanted hearts and flowers,” he murmurs.
Nous avions abandonné une Anastasia en pleine reprise de ses moyens, choisissant de fuir sa relation malsaine avec Christian, et j'avais grandement applaudi ce choix. Clap clap clap. Hélas, la résistance de la demoiselle aura duré ... 20 pages. Quelle désolation ! Ana a donc commencé son boulot, elle est assistante auprès d'un éditeur indépendant, lequel semble lui porter une attention bien pressante. Hmm, c'est alors que Christian réapparaît avec ses cadeaux, ses virées en hélicoptère et ses tons graves et impétueux, tout ça parce qu'il n'est pas content de la mine de déterrée de sa petite copine, qui a aussi perdu quelques kilos, le comble du comble, car ... à quand date son dernier repas ?! (pff)
Eh oui, c'est toujours, toujours la même rengaine. Christian se pose en mâle dominateur, mais c'est ridicule, Ana est naïve et ne cesse de minauder. Au secours. Dès lors qu'il lui propose de revoir les bases de leur relation (encore un contrat ?), elle frétille d'excitation. Enfin une relation avec des fleurs et du chocolat ? Naaan... Je sature. Autant j'avais pu rigoler avec les débuts de cette série olé-olé, autant cette fois je m'escrime et je jure que la plaisanterie a assez duré.
Et cette farce dure trois tomes, pitié STOP. C'est chiant et y'en a marre de ces fadaises et autres niaiseries. Le pire, c'est qu'il y a maintenant des tonnes de bouquins qui ont pris le relais et qu'on ne trouve plus que ça (de la médiocrité et du porno vulgaire). Que passe cette mode au plus vite et qu'on retrouve des histoires plus croustillantes, drôles et écrites avec une vraie plume.
Rien à redire sur l'interprétation de Séverine Cayron, juste et stoïque quand on songe aux singeries qu'elle doit débiter, c'est le seul bon point à sauver de ce livre à écouter.
Cinquante nuances plus sombres, par E.L. James
JC Lattès / Audiolib, 2013 - traduit par Aurélie Tronchet
Texte intégral lu par Séverine Cayron, avec la participation de Julien Bocher
“Things denied, things untold, things hidden and disguised.”
J'ai attendu que le buzz autour du nouveau roman de JK Rowling s'essouffle pour enfin saisir l'occasion de découvrir ce qu'il recelait. Et ma foi, je n'ai pas du tout été déçue ! C'est franchement une lecture brillante, captivante et très amère que l'auteur nous propose, chacun jugera selon sa sensibilité, pour ma part j'ai été embarquée dès les premières pages.
Tout commence par le décès brutal de Barry Fairbrother, la quarantaine, époux et père de famille comblé. Il était également membre du conseil paroissial, c'est d'ailleurs le petit détail qui fera toute la différence, car à l'occasion de l'élection du nouveau membre, une série de passions intimes va se déchaîner.
Les chapitres sont dans l'ensemble assez courts, car ils permettent un tour d'horizon pointilleux sur la communauté de Pagford, une bourgade charmante, qui se veut chic et noble, mais qui souffre d'une épine dans le pied avec l'implantation d'une cité et une clinique de désintoxication. Une partie de la société rétrograde trouve que cela fait désordre dans le paysage, et voudrait refourguer le paquet à la commune voisine, Yarvil.
Evidemment, Barry Fairbrother était un partisan de cette cité nommé Les Champs, dont il était originaire et avait su s'élever en devenant un membre respectable et respecté de la petite ville. Il avait d'ailleurs pris sous son aile la jeune Krystal Weedon dans son équipe d'aviron, afin de l'éloigner de son milieu désœuvré avec sa mère junkie, son petit frère surveillé par les services sociaux, tout ça sans père ni boulot.
On découvre tout un petit noyau de personnalités assez caractéristiques, la veuve éplorée et rancunière, le meilleur ami sentimentalement instable, le grand manitou qui pousse son fils à se lancer en politique, l'épouse de celui-ci qui noie son ennui dans l'alcool, la femme médecin aux nerfs fragiles, l'assistante sociale qui a cru avoir droit à sa part de bonheur, le type aigri qui se défoule en tabassant ses proches, sans oublier les adolescents, autres éléments déclencheurs, car ils sont les spectateurs désabusés de cette foire aux monstres, et eux aussi ont leurs comptes à régler.
Ce regard posé sur notre société est cynique, sans concession et sans équivoque. Pour ceux qui en seraient restés à une vision magique et enchanteresse de l'univers de Harry Potter, ils trouveront matière à être bousculés et à regretter ce changement de registre. En ce qui me concerne, j'ai été bluffée. J'ai opté pour l'écoute en Audiolib de cet épais roman de plus de 600 pages, du coup cela représente pas loin de 21 heures de lecture attentive. C'est impressionnant, mais honnêtement je n'ai pas vu le temps passer et j'ai été captivée par cette magistrale orchestration, qui a bien su souligner l'intensité dramatique au fil des chapitres.
Une place à prendre, par J.K. Rowling
Texte intégral lu par Philippe Résimont / Traduit de l'anglais par Pierre Demarty
Grasset, 2012 - Audiolib, 2013