04/04/13

"J'avais apprivoisé mon petit cheval sauvage. (...) J'allais enfin devenir qui je suis."

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Seize ans. Vincent Cuvellier est en échec scolaire. Il décide de tout plaquer et de s'inscrire à l'ANPE. Il n'a aucune idée de ce qu'il voudrait faire, mais gratter le papier, oui, ça lui plaît bien. Alors il participe à un concours pour Jeune écrivain. Et paf, il remporte le premier prix avec son texte complètement barré et irrévérencieux. Tout de suite il impose son ton, son style, sa verve. Déjà, ça dérange les bien-pensants, les intellos, les amoureux de la dialectique, et tous ceux qui se servent de la culture pour humilier et mépriser les autres.

Car c'est un point d'honneur chez l'auteur, celui qui consiste à vouloir s'exprimer simplement, en se rapprochant le plus possible de la langue orale. Pour montrer qu'on parle dans les livres comme dans la vie de tous les jours. C'est un moyen de décomplexer ceux qui sont sortis du sentier de la scolarité, par exemple, et rappeler que les livres doivent être accessibles à tous les cancres, les incultes, les non-lecteurs. Pour en finir avec cette barrière invisible et réconcilier ceux qui craignent la littérature, et les livres, parce qu'ils se sentent en décalage. Frileux ou snobés.

Rien que pour ça, ce petit livre (seulement 76 pages) vaut le coup d'œil.

La fois où je suis devenu écrivain, par Vincent Cuvellier
éditions du Rouergue, coll. doAdo, 2012

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"... elle savait avec certitude que le seul travail qu'elle voulait faire, c'était être elle-même."

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Comment, en seulement 72 pages, vous raconter l'essentiel d'une adolescence qui tâtonne ? C'est l'exercice auquel s'est brillamment plié Martin Page, en accomplissant un petit miracle. Car il dit tout en quelques phrases, quelques mots jamais choisis au hasard, et qui sonnent justes. Il saisit l'essence même de l'âge ingrat, cette période de transition, faite d'indécision. Et il dessine un portrait de jeune fille avec pudeur, sensibilité et émotion. C'est merveilleux !

C'est donc l'histoire de Séléna, élève au collège, qui a pour unique amie, Vérane, clouée dans un fauteuil roulant. Un soir, en rentrant chez elle, ses parents lui annoncent, avec la mine solennelle, que jamais, ô grand jamais, il ne briserait ses ambitions de devenir une artiste. D'ailleurs, ils insistent pour qu'elle se destine à choisir cette branche. Ils vont tout mettre en œuvre pour réveiller cette fibre artistique, qui sommeille en elle. Ils en sont convaincus et plus motivés que jamais !

Séléna, par contre, est déconcertée. Elle ne comprend pas cette soudaine décision, ce qui dicte ses parents à vouloir la guider dans une voie, plutôt qu'une autre, ce qu'ils cernent en elle pour croire qu'elle est une artiste en herbe. L'adolescente est paumée ! Elle, qui promène son spleen dans la ville avec une aisance propre à elle, qui ne croit pas non plus qu'on peut décider pour un autre et le forcer à agir de la sorte, bref Séléna est en quête d'elle-même, de ses idées et de son identité. Et ça, c'est déjà un métier à temps plein !

Ce petit texte dit vraiment beaucoup de choses, malgré sa brièveté. C'est de toute beauté, tendrement farfelu mais animé d'une sincère ambition de rassurer les jeunes, qui veulent suivre leurs envies et ne pas se laisser influencer par les diktats des parents.

Plus tard je serai moi, par Martin Page
Rouergue jeunesse, coll. doAdo, 2013

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► Rita la féroce fée rousse ◄

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Vous ne le saviez peut-être pas, mais ce sont les petites fées qui viennent en aide à tous les bébés pour apprendre à marcher ou à prononcer leurs premiers mots. Les fées blondes, pour les filles. Les fées brunes, pour les garçons. (Hmm, je sais.) Aussi, lorsqu'une petite fée rousse vient au monde, les fées en chef sont bien embêtées. Cette petite Rita ne peut pas suivre le cursus des fées traditionnelles, il faut la cacher car elle ne servira à rien.

Cette solution n'est guère brillante. D'ailleurs, Rita décide de se venger en jouant les méchantes car elle est malheureuse et se sent seule. Elle découvrira finalement qu'elle peut se révéler utile auprès des grands enfants qui manquent de confiance en eux. Elle peut les aider à faire de beaux dessins, à ne pas oublier d'aller aux toilettes ou à boucler leurs lacets de chaussures.

Encore une petite histoire qui donne du baume au coeur ! On y parle aussi bien de la jalousie entre frères ou soeurs, de différence et d'acceptation de l'autre, de diversité et de richesse... Un joli récit au service du respect à avoir les uns envers les autres. Encore une fois, beaucoup de peps dans la narration de Maureen Dor, avec la petite musique et la chanson de conclusion (plus un exercice dédié aux enfants qui doivent retrouver les mots manquants). C'est définitivement une collection riche et attrayante, même si les idées ne sont pas nouvelles, il faut reconnaître que le travail se base sur un enthousiasme sincère et communicatif. A tester !

Rita la féroce fée rousse, par Maureen Dor et Olivier Nomblot (les éditions Clochette, 2011)

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Posté par clarabel76 à 08:45:00 - - Commentaires [3] - Permalien [#]
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