"Trouvez l'amour, Marcus. L'amour donne du sens à la vie."
Cet épais roman de 630 pages représente en version audio pas moins de 21 heures d'écoute ! Ooooh, encore un exploit ! Mais heureusement, l'histoire est prenante, habilement construite, basée sur le judicieux principe de gober tous les propos du narrateur, qui nous force à emprunter une multitude d'impasses, avant de rebrousser chemin et d'arriver vers une issue, pour le moins, triste et amère. Globalement j'avoue que ce roman a su me prendre dans ses filets, même si l'histoire n'est peut-être pas exceptionnelle, elle est vraiment bien ficelée.
Cela commence sur l'arrestation de Harry Quebert, un écrivain qui doit sa renommée à la publication d'un roman à succès. Le corps d'une adolescente de quinze ans a été retrouvé dans son jardin, il s'agit de la jeune Nola Kellergan, disparue depuis une trentaine d'années, avec laquelle il aurait entretenu une liaison. Quel scandale ! Aussitôt, Marcus Goldman débarque dans la petite ville d'Aurora, dans le New Hampshire, et jure de prouver l'innocence de son maître et ami.
Mais quelle enquête ! que de révélations ! que de secrets enfouis ! Les tentatives d'intimidation vont également sortir leur museau, la population d'Aurora va se terrer sur elle-même, suspicieuse et songeuse. Tout le monde devient potentiellement coupable, peu à peu les langues se délient, et on replonge dans le passé, revivant les faits, les souvenirs, les supputations... C'est particulièrement retors et diabolique. Même les victimes deviennent des bourreaux, on a vite le tournis, à force d'être baladé entre le vrai et le faux.
A côté de cette sombre affaire, on découvre également les dessous de l'édition, le vedettariat, la panne d'écriture, la construction d'un livre selon 31 règles. Tout ça est foncièrement passionnant, cela participe au mouvement. Par contre, c'est assez long aussi, avec une pelletée de clichés (comme celui concernant la mère de Marcus) et une succession de rebondissements qui risque fort de lasser le lecteur. C'est le pari du schéma à rallonges, un projet ambitieux et plutôt réussi, avouons-le. J'ai ainsi plongé avec le plaisir de me perdre dans cette histoire-fleuve, bardée de retentissements, et je n'ai pas vu le temps passer. Et puis cela reste une lecture de pur divertissement, donc je ne regrette rien. La version Audiolib est encore une fois de qualité impeccable.
La vérité sur l'Affaire Harry Quebert, par Joël Dicker
éditions de Fallois, 2012 / Audiolib, 2013
Texte intégral lu par Thibault de Montalembert (durée : 21 h 15)
"Comme j'avais dévoré Harry Potter, je m'étais créé une image un peu fantaisiste des pensionnats."
Je ne sais pas ce à quoi je m'attendais au moment d'ouvrir ce livre, mais d'abord j'ai été plutôt surprise de découvrir l'histoire d'Eva, basée en 2012. Oui, vous dis-je, j'avais supposé une histoire totalement différente, j'ignore pourquoi... Mais ceci ne m'a pas du tout refroidie, car cela démarrait assez fort, puisque la jeune fille, prodige en informatique, excite sa mère et son beau-père en enchaînant les provocations et en collectionnant les renvois scolaires. Dernière solution : une école privée, pour petits génies qui, comme elle, se sentent trop à l'étroit au sein d'un cursus ordinaire.
Son arrivée à l'institut Sainte-Magadalen se solde sur une sensation grisante d'être enfin à sa place, bien accueillie et entourée d'une nouvelle amie, Ruby, avec laquelle elle passe un merveilleux weekend, chez la mère de celle-ci, dans une propriété splendide, avec aussi en décor le petit copain de Ruby. Après quoi, tout part en cacahuète. Soudainement, inexplicablement. J'ai même relu quelques lignes plus haut pour chasser cette impression d'avoir loupé quelque chose. Hmm, déjà ça sentait le moisi.
Et puis, l'autre versant de l'histoire nous plonge en l'an 152, chez les gladiateurs romains. Nous avons Sethos Leontis, jeune, intrépide et redoutable, qui est grièvement blessé lors d'un combat et qui tombe dans l'équivalent d'un coma. Il sera emmené et soigné chez les parents adoptifs d'une jeune fille qu'il a brièvement rencontrée, Livia, et dont il est tombé fou amoureux. Sauf que, son statut lui interdit d'envisager la moindre pensée romantique envers cette demoiselle, laquelle est déjà fiancée aussi, sans compter que la mère, Flavia, en pince pour lui. Ahem, ahem, ahem.
Très vite, j'ai compris que l'histoire allait partir dans tous les sens, qu'elle allait être tirée par les cheveux, criblée de clichés et de détails absurdes. Et encore, toute la première partie est sommairement acceptable et intéressante, c'est seulement la suite qui part en sucette. Cela devient n'importe quoi, c'est confus, compliqué à suivre, c'est un vrai fourbi ! J'ai eu beaucoup de mal pour en venir à bout, et franchement j'étais soulagée d'en finir avec ce roman. Terrible déception, donc.
Parallon, par Dee Shulman
Robert Laffont, coll. R, 2013 - traduit par Frédérique Fraisse