18/04/13

“A Japanese can live on a teaspoonful of rice a day. We were the best breed of worker they had ever hired in their lives.”

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Au début du XXe siècle, des célibataires américains ont choisi, sur catalogue, leurs épouses d'origine japonaise, après avoir échangé quelques lettres et photographies. Ces demoiselles, de tous âges et de tous horizons, ont ainsi tout quitté dans l'espoir d'une vie meilleure, mais la réalité s'est finalement révélée différente. Car toutes ces jeunes filles, avec des rêves débordant des poches, n'ont malheureusement pas trouvé l'amour à leur arrivée. La plupart ont en fait été considérées comme du bétail, de la main d'œuvre docile et bon marché. Et les époux n'étaient pas des banquiers ou de riches négociants en soierie, mais de simples fermiers, logés dans des tentes ou des cabanes.

Amère désillusion pour toutes ces Japonaises, piégées dans un mariage sans âme, sans vie, sans tendresse ! Mais lorsque certaines d'entre elles ont appris à faire contre mauvaise fortune bon cœur, ou su établir une véritable harmonie familiale, elles ont ensuite été frappées par les horreurs de la guerre, l'attaque de Pearl Harbor et les mesures gouvernementales visant à parquer tous les immigrés d'origine japonaise dans des camps, perdus dans les montagnes. Partagées entre la honte, l'incompréhension, l'impuissance et l'amertume, nos héroïnes ont assumé leur nouveau destin sans broncher.

Le récit de Julie Otsuka est foncièrement intéressant, intelligent, poignant et instructif. Par contre, ce que je trouve dommage, même si cela fait partie du choix de l'auteur, c'est d'avoir délibérément parlé à la première personne du pluriel, montrant ainsi qu'il s'agit d'un témoignage collectif, toutes unies dans la même galère. Le problème, c'est que l'ensemble m'est apparu impersonnel, avec une distance établie, sans possibilité de s'attacher à une histoire ou un personnage en particulier. Ce ne sont finalement que des visages anonymes, on a beau ressentir ce que ces jeunes femmes ont pu éprouver dans cette expérience de vie, mais il en découle aussi un sentiment de vide. C'est assez déconcertant.

A la narration, nous avons Irène Jacob, dont le charme et la subtilité confèrent à l'écoute une mélodie gracieuse, aux accents doux et puissants selon les besoins. C'est particulièrement agréable ! Lecture courte, seulement 3h47 ! Dans le même registre, je vous conseille Le fil à recoudre les âmes de Jean-Jacques Greif.

Certaines n'avaient jamais vu la mer, par Julie Otsuka
Audiolib, 2013 / Phébus, 2012 - Traduit par Carine Chichereau
Texte intégral lu par Irène Jacob

PRIX FEMINA ETRANGER 2012

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"Oui, je pense que tout ce qui vient du passé n'est pas dépassé."

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J'avais suivi de loin l'engouement des lecteurs et des libraires pour ce roman, dont j'ignorais absolument tout de l'histoire. J'avais supposé qu'il s'agissait d'une lecture tendre et délicate, aux doux pouvoirs apaisants. Eh bien, j'avais raison, un peu, mais j'avais tort aussi. En fait, cette histoire est beaucoup plus bouleversante que je ne l'aurais cru !

Nous découvrons une femme de 47 ans, Jocelyne, surnommée Jo, mercière à Arras, mariée à Jocelyn (!) depuis une vingtaine d'années et mère de deux enfants (sa troisième fille est morte à la naissance). C'est une femme heureuse et comblée, même si les épreuves, elle connaît aussi. Comme beaucoup de monde, elle avait rêvé d'une autre vie, mais les aléas du destin ont fait que ... Ce n'est pas de l'amertume qui accompagne ses mots, aujourd'hui. Après un rapide tour d'horizon, Jocelyne s'estime chanceuse.

Et puis, elle gagne au Loto une somme faramineuse. Elle conserve le chèque dans sa poche, n'en parle à personne. Parce que, "la convoitise brûle tout". Alors, Jo continue de mener son petit train de vie, avec ses copines, les jumelles coiffeuses, toujours fofolles, mais extrêmement perspicaces. Elle ne dit rien à son mari non plus, elle attend, elle part en weekend, elle est plus amoureuse que jamais, enfin détendue, après des années de hauts et de bas. Dans son coin, elle dresse des listes, de ses envies, de ses besoins, de ses rêves. Elle tient aussi un blog de tricot, qui connaît un succès fulgurant. Non, vraiment, Jocelyne a tout pour être heureuse. Alors, ces 18 millions et des pépettes pèsent de plus en plus dans la poche...

L'histoire, finalement, va nous surprendre, nous mettre k-o, nous choquer et nous bouleverser. Nous sommes plus près que jamais de Jocelyne, nous ressentons sa détresse, ses peurs, sa rancune, son désarroi. Sa belle histoire devient tragique. Elle qui se pâmait à la lecture de Belle du Seigneur prend conscience du gouffre qui l'attend lorsqu'on a longtemps cru à l'amour absolu. Qu'est-ce que c'est poignant ! D'un seul coup, ce roman qui m'apparaissait léger, attendrissant et drôle s'est revêtu d'un voile d'amertume, d'où l'on sort plus déboussolé que jamais. Enfin, c'est bon aussi ! C'est un roman généreux et honnête, qui nous porte à apprécier les petits plaisirs simples de la vie ordinaire. Sans mièvrerie, sans cynisme. Et quelle prouesse de la part de l'auteur, d'avoir su se glisser dans la peau d'une femme, avec les mots justes, les émotions à fleur de peau. C'est ce qui touche aussi.

Odile Cohen, également la voix d'Amy dans Les apparences, parfait à apporter à la musique des mots du roman un ton juste, tendre et profond. Encore un beau moment de lecture que nous offre Audiolib ! (Comptez seulement 3h30 de lecture, avec en bonus un entretien avec l'auteur.)

La liste de mes envies, par Grégoire Delacourt
Audiolib / JC Lattès, 2012 - Texte intégral lu par Odile Cohen

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17/04/13

Pommes d'amis ♥

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Clo est une vieille dame, qui vit seule et passe ses journées à peindre. Le soir, elle écoute à la radio son émission préférée, animée par Gwendoline. Un jour, un chien sonne à sa porte. Il s'appelle Trotte et veut lui vendre des pommes. Une belle arnaque, songe Clo, et pourtant elle l'invite à partager son toit. Trotte a un avis très perspicace sur les peintures de Clo, ça tombe bien car elle cale sur sa dernière œuvre.

Mais Trotte doit absolument écouler son stock de pommes pour rembourser son emprunt bancaire. Ensemble, ils cherchent des solutions, font appel à un marabout et vont même jusqu'à troquer quelques pommes contre les blettes du voisin, également désargenté. Alors, tous ces bouts d'histoires et de rencontres vont bien évidemment conduire à un heureux dénouement.

Car Delphine Bournay est fortiche pour raconter des histoires d'amitié et d'entraide, cf. la série des Grignotin et Mentalo, c'est particulièrement cocasse et attendrissant, avec des dessins tout simples mais drôles et attachants. J'ai beaucoup aimé l'esprit du livre, l'humour des personnages, la simplicité avec laquelle ils trouvent des réponses à tous leurs petits soucis, et j'espère secrètement que d'autres livres verront jour, avec les mêmes personnages !

Pommes d'amis, par Delphine Bournay (Ecole des Loisirs, 2013)

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Ma vie heureuse ☺☼

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Dunne est une petite fille qui se déclare heureuse et dresse même une liste des choses agréables dans sa vie. Mais surtout, elle s'estime chanceuse d'avoir pour meilleure amie Ella Frida, qu'elle a rencontrée à l'école et avec qui elle partage tout. Or, un jour, elle apprend que son amie doit partir. Et là, c'est son petit monde qui s'écroule. Dunne devient malheureuse, elle n'a plus goût à rien, elle repense même à sa maman qui est morte. Elle est triste et décide de se venger sur ses camarades d'école. Mais au terme d'une bagarre de trop, Dunne se rend compte qu'elle a gaffé et doit présenter ses excuses.

Ce petit roman, amplement illustré, raconte avec simplicité les premiers pas d'un enfant à l'école, pour se faire des amis, pour apprendre, pour aimer, pour se quitter, pour pleurer, pour avoir des bobos, pour se cogner aux autres, pour pardonner et se faire pardonner ... C'est une histoire pour apprendre à grandir, dans la joie, la bonne humeur, avec quelques larmes aussi à verser aussi, parce que grandir, ça n'est pas toujours facile. Mais la vie heureuse, oui ça existe ! Ce petit bouquin est charmant, il véhicule des idées toutes mignonnes, simplistes mais pas bébêtes.

A conseiller pour les plus jeunes.

Ma vie heureuse, par Rose Lagercrantz (illustrations d'Eva Eriksson)
Traduit par Nils Ahl - Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2013

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# Pêle-mêle Clarabel #

dernièrement, ont été lus sans être commentés :

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Le pays incroyable, exploré et décrit par Norman Messenger (Seuil jeunesse, octobre 2012)

Débarqué sur une île étrange, Norman Messenger va croiser des habitants pas plus hauts que des poupées, des arbres à voile qui ne poussent que sur de petites barques en bois ou encore des oiseaux qui portent d'immenses cuissardes pour ne pas se mouiller les pieds. Détournant avec humour les planches des naturalistes du XVIIIe siècle, il dépeint un univers fantasque et merveilleux. Les inventions graphiques sont encore plus délirantes que les inventions verbales, au service d'une imagination débordante. 

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Monsieur Buvard de Bruno Heitz (Rouergue jeunesse, avril 2013)

Monsieur Buvard buvait tant qu'il en devenait tout noir. C'est pour ça qu'il avait perdu son travail. Un jour qu'il cherchait un emploi, il rencontra Papier Photo. Et Papier Photo (très sensible aux problèmes d'argent) lui fit une proposition malhonnête. C'est là que ses ennuis commencèrent. Monsieur Buvard eut bien du mal à se racheter une conduite, bref à se blanchir. 

Monsieur Buvard a été publié initialement dans les années 90 aux éditions Mango. Il fait ici l'objet d'une réédition actualisée et notamment mise à la page côté numérique.

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Lola de Olivier Douzou (Rouergue jeunesse, octobre 2013)

Lola, c'est une vache de lait, l'héritière d'une certaine Jojo qui dans sa métamorphose fit un jour apparaître une constellation.
Lola est là pour un hommage à ce livre point de départ - en 1993 - de la collection jeunesse du Rouergue.


16/04/13

Même les singes tombent.

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C'est le deuxième roman de JC Grangé que je découvre, et je m'avoue plutôt chanceuse car j'ai une nouvelle fois apprécié plonger dans l'univers de cet auteur. L'histoire se concentre sur l'enquête acharnée, limite obsessionnelle, de l'inspecteur Olivier Passan, sur les traces d'un tueur en série surnommé l'Accoucheur (car toutes ses victimes sont des femmes enceintes). L'homme est tellement pris dans sa traque qu'il en perd pied, le principal suspect a réussi à l'accuser de harcèlement, ses collègues le prennent pour un fou, et même sa vie de famille a été brisée.

En plein divorce, Olivier observe son épouse avec une certaine lassitude. Naoko est japonaise, elle possède une beauté froide et impénétrable qu'il admire toujours en secret, mais les années ont eu raison de leurs sentiments. Passan est un passionné de culture japonaise, sa femme constituait presque pour lui un joyau à sa collection. Mais Naoko n'a pas non plus livré tous ses secrets, elle entend désormais reprendre sa liberté et assurer à ses enfants un équilibre de vie que leur père n'était plus à même d'offrir.

Enfin, c'est plus compliqué. Car Passan aime ses petits avec férocité. Aussi, quand il découvre que son maniaque aurait probablement pénétré dans l'enceinte de sa maison, il voit rouge. Il ne veut pas alerter Naoko et cherche à gérer seul la situation, seulement la belle Japonaise devient d'humeur suspicieuse et alimente sa rancune avec une énergie décuplée par la colère et le sentiment de trahison.

Toute la première partie du roman se montre particulièrement glauque, avec des détails de scènes sanguinolentes, et un suspense qui ne cesse d'aller crescendo. Cela donne une certaine idée de la lecture qui nous attend, même si les rebondissements ne vont cesser d'intervenir en cours de route. La lecture de Benoit Marchand se veut solennelle, poignante et implacable. Sur un ton âpre, parfois braillard, le comédien ne nous épargne pas et nous fait basculer dans un univers de démence et de noirceur. Le dénouement de cette histoire est, d'ailleurs, assez bluffant. Le final est grandiose !

Kaïken, par Jean-Christophe Grangé
Audiolib / Albin Michel, 2012
Texte intégral lu par Benoit Marchand (durée d'écoute : 14 heures)

15/04/13

"To love light, you have to love dark."

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Mon avis sera beaucoup plus modéré, concernant cette lecture qui m'aura laissé un goût amer. Certes, la couverture est très belle et l'univers que nous réserve l'auteur est très original, aux parfums exotiques et ensorcelants. De même, la traduction met en avant une écriture peaufinée, élégante et aux pouvoirs envoûtants. Pourtant, je n'ai pas été transportée par l'histoire en elle-même.

Que je vous introduise à cet univers étrange : nous sommes dans un pays qui ressemble au Brésil, dans les années futures, qui ont été frappées par la peste, les guerres, les ravages météorologiques, nous sommes à Palmares Três, où sévit un régime matriarcal. Comme tous les cinq ans, un Roi d'Eté est élu. Il s'agit du jeune et fougueux Enki, qui occupera sa fonction durant un an avant d'être sacrifié en public.

Dès sa première sortie officielle, Enki fascine et provoque la foule au cours d'une danse sensuelle avec Gil ... le meilleur ami de June, notre héroïne. Cette dernière appartient à un milieu privilégié, et protégé. Par contre, elle est en guerre perpétuelle avec sa mère, à qui elle reproche la mort de son père. June est aussi passionnée par l'art et l'évènementiel, elle aime attirer l'attention et susciter les oh et les ah du public.

Pour l'instant elle se cherche encore, et trouve un début de piste lors de sa rencontre avec Enki, qui va la brusquer et la booster pour le Prix de la Reine (une épreuve prestigieuse, qui pourrait lui conférer succès, estime et réputation au-delà des frontières, bref une aubaine !). June est troublée par le beau et sensuel Enki qui, comme chacun sait, "baise comme un éphémère", entretient une liaison avec Gil et d'autres.. Ce dieu vivant n'a que faire de la caste supérieure, lui vient du Verde, la souche populaire et pauvre, lui aussi est fasciné par l'expression artistique, via sa version la plus excentrique.

Le roman réunit les ingrédients les plus excitants et provocants qu'on pourrait imaginer : le sexe, la sensualité, la décadence, l'amour et la mort. A travers cette histoire troublante, on suit aussi le combat d'une jeune fille qui devient femme, en conflit avec l'autorité et l'image de sa propre mère, en quête d'une autre vérité, qui se vexe, se blesse et qui aime à perdre la raison. L'ensemble est plutôt dérangeant et suscite un certain malaise, et non je n'ai pas été sensible à cette histoire pleine de promesses, mais tellement confuse. A tenter seulement par curiosité, et la sensation unique de lire quelque chose à part.

Le prince d'été, par Alaya Dawn Johnson
Robert Laffont, coll. R, 2013 - traduit par Paola Appelius

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12/04/13

Y a des souvenirs quand on les jette, Qui r'viennent sans faute dans les maux d'tête...

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Lou, quatorze ans, ne connaît pas son grand-père. Ce dernier a été placé dans une maison de retraite, car il ne pouvait plus vivre seul depuis la mort de son épouse, mais ce choix de vie n'était pas de son goût puisqu'il vient de disparaître. Il a pris la route, à 80 ans, et sa fille est sens dessus dessous.

Lou comprend que les réactions intempestives de sa maman sont liées à son enfance délavée de tendresse, puis marquée par son divorce, c'est désormais une femme en colère, qui n'entend pas recevoir une psychanalyse de la part de son adolescente de fille ! Lou serait en pleine crise ? Allons donc, elle décide avec sa copine Najette de prendre la poudre d'escampette, sous couvert de retrouver elles-mêmes le grand-père en vadrouille.

Et le roman de nous proposer un joli portrait croisé des deux bouts de la chaîne : Lou, et ses premières fois, curieuse, soucieuse, pleine d'interrogations, un peu à la découverte de son moi profond, et son grand-père, au crépuscule de sa vie, avec son lot de dernières fois, ses trouilles, son amertume, son refus d'être parqué dans un mouroir et sa ferme intention de choisir où et quand il passera l'arme à gauche.

En chemin, Lou et Najette vont apprendre à se parler et s'apprécier (ce sont leurs mères qui sont copines à la base), mettre à plat des idées reçues, partager leurs rêves, leurs espoirs et leurs histoires de famille aussi. On assiste à la naissance d'une très belle amitié, en plus de percer les travers de l'adolescence, l'heure de tous les drames et autres remises en question permanentes. C'est amené en douceur, finement, sobrement, avec une note de poésie tellement appréciable. Même les interludes avec le grand-père sont extrêmement touchants. Souvent, ça a trouvé un petit écho en moi ...

J'ai terminé mon livre en soupirant bien fort, signe que j'ai passé un très bon moment et qu'il faut désormais que ma fille le partage à son tour !

Une histoire à vieillir debout, par Carole Prieur
Oskar éditeur, 2012 - illustration de couverture : Jérôme Meyer-Bisch

Moi, j'avais le cerveau qui bouillonnait de mille idées. J'avais envie de connaissances ! Oui, tout à coup, allongée sous un bosquet, dans un pull en  laine, j'ai eu une bouffée de vie, une grande bouffée de vie : j'ai tout l'avenir devant moi, à moi de décider ce que je vais en faire ! Quelle liberté tout à coup ! Comment dormir avec cette pulsion-là, avec tous ces possibles qui naissaient en moi ! Il est possible de choisir, il est possible de fuguer, il est possible de se débrouiller seule, il est possible d'aimer ses parents loin d'eux, il est possible d'avoir de bons souvenirs... Ces nouvelles sensations ne pouvaient me pousser qu'à l'insomnie ! Y a urgence à vivre, il faut la bouffer, la vie, il faut en profiter au maximum, donc ne pas dormir, respirer le bon air frais de cette nuit à la belle étoile. Ecouter tous les bruits partout autour. Sentir que chaque partie de son corps est là, prête à bouger, à toucher, à vivre de nouvelles aventures. Mon corps est prêt, je suis prête, je suis en VIE ! Waouh, quelle ivresse !

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“Maybe your unspeakable defects give you power too?”

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Quel roman troublant, mais envoûtant ! Pendant quelques heures, j'ai perdu tout sens de la réalité et j'avais le nez plongé dans le livre, avec un léger étourdissement au moment de tourner la dernière page. Pfiou, c'est qu'il s'en passe des choses dans cette histoire !

Pour résumer sommairement, nous sommes sur une île paradisiaque, Demesne, créée spécialement pour les gens aisés, lesquels embauchent des clones pour leur tenir compagnie ou servir de domestiques. Elysia est un modèle unique, une Version BETA, jugée irréprochable et délicieuse, car généralement les adolescents sont des sujets sensibles, aux humeurs changeantes, à manipuler avec prudence. Elysia a seize ans, elle est splendide, a un corps d'athlète, tout porte à croire que son Originale était une nageuse accomplie et une excellente plongeuse. Elle réussit tout ce qu'elle entreprend et séduit la famille Bratton, qui vient d'en faire l'acquisition. Alors qu'elle est censée ne pas avoir d'âme, et donc ne rien ressentir, ni même avoir le moindre souvenir, Elysia découvre qu'elle est capable du contraire ! Mais mieux vaut ne pas l'ébruiter. En effet, sitôt qu'un modèle est perçu comme étant ingérable, il devient un Défaillant, déclaré dangereux pour leur société et aussitôt éliminé. De fil en aiguille, l'histoire s'installe et tisse sa toile, en douceur. Elysia est une héroïne programmée pour se limiter au petit monde des interactions adolescentes : elle fait des rencontres, elle teste de la drogue, elle découvre le chocolat, elle tombe amoureuse, etc. C'est basique, presque simpliste.

Et pourtant, l'histoire travaille en profondeur. Je vais d'ailleurs vous laisser sur cette expectative, afin de mieux apprécier les trésors et autres petits secrets de l'intrigue. Sincèrement, il y a un effet grisant à s'imaginer dans ce décor exotique, dans une ambiance langoureuse (et un peu crapuleuse), on tombe vite sous le charme avant le réveil en sursaut ... Ouhlala, quel final ! mais quel final ! La suite, Emergent, doit paraître en Octobre 2013. C'est aussi une série en 4 tomes. Damned.

Version BETA, par Rachel Cohn
Robert Laffont, coll. R, 2012 - traduit par Alice Delarbre

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11/04/13

Et si je mangeais ma soupe ? ☺

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Et si je mangeais ma soupe, qu'est-ce que ça changerait ? se demande l'enfant de l'histoire. Sûr qu'il grandirait, grandirait, grandirait. Mais à quel point ? Deviendrait-il si grand qu'il ne pourrait plus passer une porte ? ou devrait dormir recroquevillé dans son lit ? ou ne prendrait sa douche que les jours d'orage ? ou aurait besoin de jumelles pour regarder la télé ? et voyagerait de façon inconfortable ? ... L'enfant énumère, dans sa tête, toutes les situations auxquelles il pourrait être confronté si jamais, à force de manger sa soupe, il deviendrait tellement grand que sa vie deviendrait ... invivable ! C'est plus simple de s'en abstenir, non ?

Le texte est comique, les illustrations sont également ravissantes, drôles, sur un humour espiègle. Les situations données en exemple sont toutes plus farfelues les unes que les autres. Ne doutez pas qu'un enfant retiendra vite la leçon, à ce propos ! (Pas obligé de finir son assiette !) Mais surtout, l'histoire peut aussi aider à décomplexer tous les petits bouts, qui se jugent pas plus grands qu'un chien assis.

Le format de l'album, très long, assez fin, force le coup d'œil, avec en couverture cette paire de jambes interminable... Vous résistez encore ? Alors, autre détail qui compte, Coralie Saudo et Mélanie Grandgirard sont toutes deux nordistes ! Pour moi, oui ça a de l'importance.

Et si je mangeais ma soupe ? par Coralie Saudo et Mélanie Grandgirard (Seuil jeunesse, 2013)

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