Kiki King de la banquise ☺
Voilà une toute nouvelle série pour les enfants, et aussi pour leurs parents, qui est excessivement drôle, avec des jeux de mots à foison, des clins d'oeil bien lourds sur des situations ou autres expressions que seuls les grands pourront capter, tout ça sur un scénario complètement barré : Kiki est un petit pingouin qui vivait peinard sur sa banquise, avec ses parents et ses copains. Le jour de ses quatre ans, c'est le drame et notre Kiki se retrouve seul, abandonné, entouré par des requins affamés. Il pensera être sauvé, par des écolos-crapules, et n'hésitera pas à se carapater de plus belle vers d'autres palpitantes aventures !
Cette série démarre sur les chapeaux de roue, pas le temps de se morfondre, ni de s'esclaffer, on vit la lecture à un régime d'enfer. On se surprend même à se pencher au ras des pages pour lire les remarques écrites en riquiqui (l'aparté des personnages secondaires) et on glousse de bonheur. Cette lecture ne se prend pas au sérieux (même si elle lance des piques bien sévères contre la pollution ou les tests sur les animaux pour la cosmétique) et propose un humour absurde qui fera mouche auprès des petits et grands ! Si, si, je vous jure, c'est désopilant.
Kiki King de la Banquise, par Vincent Malone (Seuil jeunesse, 2013)
Kiki vous propose même un petit interlude avec ce titre en format Small, qui vous explique pourquoi le petit pingouin égaré sur son bout de banquise n'a aucune inquiétude à avoir avec les requins, car ces derniers sont ... coprophages !
Délire assuré.
Kiki fait caca, par Vincent Malone et Jean-Louis Cornalba (Seuil jeunesse, 2013)
«C'est bizarre... je ne savais pas que je pouvais faire une fleur. Une jeune fille, ça ne fait pas de fleurs.»
Triple actualité pour Vincent Cuvellier ! ☺
Le retour d'Emile dans un nouvel épisode toujours aussi grinçant et hilarant !
Emile se déguise, par V. Cuvellier - illustrations de Ronan Badel (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)
"Je commence à en avoir marre de cette vie, de ma vie de plante verte, jolie fleur dans un petit pot, de jeune pousse, de mauvaise herbe, de brindille, d'asperge, de mauvaise graine, de graine de potence, de fruit amer, de grande tige, d'espèce de haricot, de grosse patate, de petit pois dans la tête, de vieille branche, en un mot comme en cent, j'en ai marre de ma vie de légume."
La Fille Verte, ou comment décrire l'adolescence, ce passage vécu entre rêve et réalité, où la jeune héroïne marche pieds nus dans l'herbe, prend racine dans la terre, avec un oiseau qui fait son nid dans ses cheveux, et une fleur qui pousse dans sa main, jusqu'au jour où elle entendra à nouveau les cris de sa famille, retrouvera l'envie de les rejoindre, elle qui se croyait transparente va enfin trouver sa place...
Cet album est à destiner aux grands enfants, qui comprendront plus facilement la subtilité du texte qui n'est que métaphores. C'est poétique, très beau, étrange aussi. C'est doux et envoûtant. Les illustrations sont magnifiques !
La fille verte, par V. Cuvellier - illustrations de Camilla Engman (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012)
Et pour finir,
Une lecture qui nous plonge dans la France de l'après-guerre, avec pour jeunes héros deux bandes que tout sépare : d'un côté, on trouve les Socquettes blanches, des filles prout-prout qui ont la bénédiction du curé de la paroisse, et de l'autre côté, il y a les Chats crevés, des durs à cuire qui aiment mener la vie dure à leurs rivales. Mais lorsqu'un projet immobilier vient menacer leurs territoires respectifs, ils décident de joindre l'utile à l'agréable : se serrer les coudes, unir leur colère contre les promoteurs véreux.
Fichtre, que c'est poilant ! En plus, les illustrations sont délicieusement kitsch et vintage dans l'âme... Cet album avait tout pour me séduire : de l'humour, un soupçon d'élégance et une histoire pétaradante !
Les Socquettes blanches, par V. Cuvellier - illustrations d'Alexandra Pichard (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)
NB : Toutes les illustrations sont visibles en plus grand, rien qu'en cliquant sur l'image !
"C’est exactement le goût du blues, dit-il. De ce blues-là même. C’est fort, votre invention, vous savez !"
Colin est riche et vit dans un appartement cossu, son meilleur ami Chick vient de trouver l'élue de son cœur, Alise, qui est la nièce de son cuisinier. A son tour, Colin voudrait tomber amoureux. Vivre une grande et belle histoire d'amour. Il rencontrera Chloé, douce, belle, charmante et délicate. Ils se marient, mais la maladie frappe la jeune femme et c'est le début de la déchéance.
Colin va s'appauvrir, son chez-lui va devenir tout riquiqui et il doit se résoudre à vendre ses biens, comme le pianocktail (géniale invention !), pour pouvoir acheter des fleurs à son épouse. Or, Colin ne veut pas travailler, ça l'ennuie et aucun labeur n'est digne de lui. (Il faut voir les déboires de Chick, avec les machines infernales ! Celui-ci est dans l'obligation de bosser, notamment pour assouvir sa passion dévorante pour Jean-Sol Partre, dont il collectionne toutes les œuvres en dépensant des fortunes.)
Je n'ai pas réussi à entrer tout de suite dans l'histoire, qui m'apparaissait plus qu'étrange et vraiment superficielle, mais j'avais juste besoin de m'habituer. L'écriture de Vian est poétique et musicale, il m'a donc presque semblé naturel d'écouter ce roman plutôt que de le lire ! C'est Arthur H qui habite les mots de Vian, le temps de 7 petites heures. Sa voix grave et aux accents de blues se fait une place au soleil dans cet univers onirique, aux images ensoleillées, spirituelles et surréalistes.
C'est aussi une histoire qui jongle sur plusieurs émotions, entre l'histoire d'amour juvénile, fraîche et pleine de vivacité, les inventions de mots, le langage fleuri, les personnages excentriques, des doux-dingues qui vont au bout de leurs idées, sans oublier le ton sarcastique, l'humour grinçant, la volonté de s'affranchir, l'anti-conformisme, les répliques pour se moquer, pour dénoncer (contre la médecine, contre le travail, contre Sartre...). L'histoire est un mélange de folie, de sophistication, d'ironie et de modernité. Je pense que cette mélodie m'accompagnera encore pendant un bon moment...
L'écume des jours, par Boris Vian
Audiolib, 2009 - Texte intégral lu par Arthur H, suivi d'un entretien exclusif