♪♫ Don't Stop 'Til You Get Enough ♫♪
Charlotte, bientôt trente ans, vit une liaison avec un homme marié, Richard, un réalisateur qui vient justement de sortir son nouveau film ... qui parle de son histoire avec sa jeune maîtresse, qu'il tourne en ridicule. Le goujat ! Charlotte, pigiste pour un journal de cinéma, se fait un plaisir de défouler sa rage et son désespoir dans un article assassin, en jurant ses grands dieux qu'elle ne veut plus entendre parler de lui.
Dans l'intervalle, la demoiselle a fait la connaissance de Martin, charmant, charmeur et disponible. Charlotte n'écoute que son cœur et savoure son bonheur. Mais disons que la vie n'est pas un long fleuve tranquille, et de nouvelles aventures cocasses et amusantes vont jalonner le récit. Pour notre plus grand plaisir ! Car j'ai dévoré ce livre en deux coups de cuillères à pot. Slurp, c'était délicieux. Je n'ai pas manqué de pouffer en lisant deux, trois scènes hallucinantes (la tentative de fuite par la lucarne des toilettes de La Closerie des Lilas, le serveur bien aimable, le coup du karaoké dans la cour d'école, le déjeuner cauchemardesque que Charlotte subit en tentant de retenir le zèle du groupe de gospel, la soirée anniversaire, etc. etc.).
Le ton est vif, sans temps mort, avec des répliques tordantes, des jeux de mots parfois ridicules, une mise en scène survoltée (et un final en clin d'œil au film Elle et lui de Leo McCarey), bref c'est du petit lait à boire, de la chick-lit légère, enjouée, drôle, coquine et charmante, j'avais besoin de rire et décompresser, cette lecture a su pleinement remplir son office, j'ai adoré !
Apocalipstick, par Charlotte Marin & Marion Michau
Pocket, 2012 - illustration de couverture : Diglee
Charlotte Marin est également chanteuse (clic) et double la voix de Katherine Heigl dans Grey's Anatomy.
All my worries fade away ... as soon as I start to play (Une guitare pour deux)
A été lu par notre miss C., guitariste, 13 ans :
Lyla Marks et Tripp Broody n'ont rien en commun, mais vraiment rien. Elle caracole en tête avec ses résultats scolaires irréprochables, elle joue du violoncelle, elle participe à des tonnes d'activités qui remplissent sa vie sociale, c'est une Miss Parfaite. Tripp, lui, est un solitaire, il aime jouer de la guitare dans son coin, il est mauvais élève, pas franchement populaire, même sa mère lui prend la tête pour faire des efforts.
Au collège, ils vont partager la même salle de répétition, un jour sur deux. Fidèle à sa réputation, Tripp est brouillon, ne range pas le matériel, abandonne des détritus, ce qui a le don d'agacer Lyla, très à cheval sur les principes. Elle décide alors de lui adresser un petit mot salé pour rouspéter. Surprise ! le garçon lui répond. Taquin, drôle, sympa. Commence alors une correspondance guillerette entre eux, qui donnera lieu à une connivence très forte.
Rapidement, ils vont réaliser qu'ils peuvent tout se dire, partager leurs problèmes, échanger des tuyaux, se lancer dans des projets musicaux, ils se comprennent instinctivement. Ils créent ainsi la Thrum Society, ambitionnent de se produire sur scène, dans des mariages ou dans le métro. Ils multiplient les idées, les envies, ils se sentent inspirés et enfin sur la même longueur d'onde.
En fait, les deux adolescents ont pourtant de gros soucis personnels. Lyla voudrait que son père cesse de la pousser à se dépasser constamment, elle n'aime pas le violoncelle, si ce n'est pour lui faire plaisir et lui rappeler le souvenir de sa mère qui est morte dans un crash d'avion. Tripp, lui, a le sentiment d'être abandonné par tous ceux qu'il aime, il joue de la guitare pour se rapprocher de son père, décédé lui aussi, mais sa mère ne le comprend pas.
C'est donc un roman bouleversant, qui donne envie de rire et de pleurer, selon ma fille de 13 ans, c'est beau, très touchant et il met vraiment du baume au cœur. Cela raconte non seulement l'amitié (amoureuse) entre deux adolescents, mais aussi l'importance qu'occupe la musique dans leur vie. La relation entre Lyla et Tripp est vraiment attachante, on se prête à rêver que leurs sentiments l'un pour l'autre vont au-delà des rapports platoniques qu'ils entretiennent avec soin (et sincérité). Après tout, chacun interprétera les gestes, les petits mots et les attentions de l'un et l'autre à sa guise !
C'est un chouette roman, qui plaira aux adolescents qui jouent eux-mêmes de la musique et apprécient les bonnes histoires avec de l'amitié, de l'authenticité, du partage, des sentiments, des émotions fortes, de l'humour.
Une guitare pour deux, par Mary Amato
Nathan, 2013 - traduit par Anne Guitton
Ne faites confiance à personne, même pas à vous-même !
Suite à l'enthousiasme suscité par Starters, j'étais impatiente de lire le second volet des aventures de Callie. *** Attention, risque de spoilers ! *** La société du Vieux a été démantelée, mais celui-ci s'est fait la malle et les autorités le recherchent activement. Callie mène désormais une existence confortable, avec son petit frère et son ami d'enfance (Michaël). Mais très vite, elle réalise que la puce qui a été insérée dans le cerveau des Starters constitue toujours un moyen de pression pour le Vieux, qui fait d'ailleurs une démonstration de sa puissance en commettant un attentat en plein centre commercial.
De nouveau, la traque infernale s'engage. Callie veut échapper à son tortionnaire, le retrouver et mettre un terme à ses ambitions démentielles. En chemin, elle rencontre Hyden, un adolescent passionné d'informatique, qui se dit proche du Vieux, mais a une dent contre lui, donc il entend bien prêter main forte à Callie pour déjouer ses maudits plans. La chasse à l'homme est effrénée, encore une fois on ne pourra pas reprocher au roman de manquer d'action, car c'est intense, haletant, sans cesse remuant. On ne s'ennuie pas une seconde.
Et pourtant, j'ai été moins emballée par ce qu'on me proposait. J'ai peut-être trouvé que cela manquait d'émotion, qu'on passait trop de temps en voiture, après un ennemi insaisissable, et même les révélations de la fin n'ont pas su me surprendre car j'avais deviné le pot-aux-roses depuis le début ! Ceci dit, les amateurs de sensations fortes en retireront beaucoup de satisfaction et ne bouderont pas leur plaisir.
Enders, par Lissa Price
Robert Laffont, coll. R (2013) - traduit par Cécile Ardilly
“La jeunesse s'en va sans jamais revenir. Ainsi va la vie.” (Mélo Pop)
Mélo Pop raconte l'épatante épopée d'un groupe de rock, inconnu du grand public, qui vient de décrocher un contrat pour jouer sur une croisière dans les Caraïbes. Nos quatre lascars envisagent de se la couler douce, tandis que leur manager a vite repéré la présence d'un producteur très célèbre, en vacances avec son épouse. Celle-ci est, par pure coïncidence, l'ancienne maîtresse du bassiste. Mais le mari voit rouge, sitôt que ces deux-là tentent de parler du bon vieux temps. Et pourtant, la jeune femme s'offrirait bien une échappée belle. Elle commence même à considérer son avenir d'un tout nouvel œil !
La vie à bord du paquebot est un condensé d'aventures cocasses et piquantes autour des relations amoureuses qui se tissent entre les uns et les autres : entre le guitariste beau gosse, qui fait tomber toutes les filles, la groupie qui se désespère dans son coin car plus personne ne fait attention à elle, le batteur bègue qui est dingue d'elle et qui n'arrive pas à se faire comprendre, le pianiste hypocondriaque qui se découvre une folle passion pour le capitaine, et j'en passe ... C'est un peu comme se rappeler la très kitchissime série, [[La Croisière s'amuse]], et en apprécier l'humour, la fraîcheur et le mélo à deux balles.
En somme, c'est encore un rendez-vous délirant et divertissant, avec des personnages pathétiques mais très attachants. J'aime beaucoup le style de Lucie Durbiano, faussement candide, mais avec toujours le petit détail insolite qui nous fait tirer le sourire jusqu'aux oreilles.
Mélo Pop, par Lucie Durbiano (Gallimard, coll. Bayou, 2013)
Poisson chat, de T. Dedieu
Un album sans texte, mais dont on imagine très bien l'histoire à raconter à voix haute...
Car le graphisme de T. Dedieu est très parlant, très évocateur dans l'ébauche de la situation : un chat, un poisson. Drôle de ménage... L'un fait sa sieste, l'autre sa gymnastique... Et ses loopings finissent par attirer l'attention du félin, pas bête l'animal... Une goutte d'eau qui s'échappe, deux, trois saltos réussis, puis le dernier à côté de la plaque... youplaboum, le voilà !
C'est un album tout simple, aux de belles couleurs et des illustrations sans chichi, mais surtout la chute est totalement inattendue et l'auteur a su admirablement entretenir le suspense ! Succès garanti.
J'ai beaucoup aimé. ** Découvert chez Fantasia ! **
Seuil jeunesse, mai 2013
Marée haute (pour y croire encore !)
Un grand et bel album qui fait bigrement rêver, surtout en ces journées tristes, grises et pluvieuses ! Alors, le temps d'une lecture, on s'évade et on rêve d'un bord de mer... La marée est basse, la plage appartient aux plagistes, on revêt son maillot de bain, on se prélasse sur son transat, on bouquine, on ramasse des coquillages, au loin la mer gagne du terrain, les pêcheurs de moules sont déjà l'attaque, mais l'insouciance est de mise, il fait bon, il fait beau, le soleil inonde le sable fin et la mer ne cesse d'avaler des centimètres, toujours et encore...
Lecture sans texte, juste pour le plaisir des yeux et de l'imagination. Croyez-moi, en ce moment, c'est précieux ! Les silhouettes de Bernardo Carvalho sont chaloupées, dégingandées, elles surprennent mais sont pleines de couleurs et de rondeurs. Ce qui fait tout le charme de cette lecture.
Marée haute, par Bernardo Carvalho (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)
Fusée !
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1,0 ! Le texte de cet album est un compte à rebours pour construire, page après page, comme un jeu de construction, une fusée. D'abord, 10 briques rouges, puis 9 barrettes bleues, puis 8 barreaux rouges... 4 hublots jaunes... 2 cosmonautes blancs... 1 flamme : c'est parti pour le décollage !
Ingénieux et facétieux, cet album séduira les plus jeunes à travers cette lecture qui apprend à compter et décompter d'une manière qui sort un peu de l'ordinaire, mais surtout autour d'un thème qui fait rêver (la fusée !). C'est coloré, drôle aussi (quand l'explosion survient, plouf, les compteurs sont remis à zéro), on peut même reprendre la lecture à l'envers... Absolument charmant !
Fusée, par Edouard Manceau (Seuil jeunesse, 2013)
Gina Sabayon détective
Très classe dans son costume noir et soyeux, extrêmement efficace grâce à ses grands yeux et à ses longues antennes, voici Gina Sabayon, une détective qui carbure au thé aux fleurs plutôt qu’au whisky, tout en jonglant avec des gadgets dignes de James Bond. Ce matin-là, son ami Max le chien l’appelle au secours : le collier d’or de sa maîtresse a été volé pendant la nuit. Max n’a rien entendu, il risque de perdre son travail de gardien !
J'ai aimé : le nom de Gina Sabayon, son petit look rétro, son sac de femme, ses bottes qui soulignent l'élégance de sa silhouette, son petit air pincé et naturellement son métier de détective de la vieille école ! La lecture est sympathique et a pour originalité de mettre en scène une mouche en tant qu'héroïne de l'histoire. Je pense que les enfants apprécieront, et puis il y a un peu de suspense et de l'action (avec un affrontement final contre l'ennemi). Petites palpitations à prévoir ! ...
Gina Sabayon, par Myrha Verbizh (Ecole des Loisirs, 2013)
A comme Association, VIII : Le regard brûlant des étoiles ☄
Pour ce dernier tome, vient l'heure de toutes les révélations : Jasper a plus que jamais besoin du soutien de Walter et Mademoiselle Rose car Fulgence, le grande patron de l'Association, ordonne que le garçon lui soit confié. Ses intentions étant très floues, tout le monde est sur le qui-vive. Une petite mise au vert, chez les Trolls, est donc fortement conseillée. Jasper y retrouve sa douce Arglaé, au grand mécontentement de Nina, mais le temps presse et notre joyeuse troupe doit de nouveau décamper.
Réfugiés dans les bureaux de la rue du Horla, transformés en bunker pour l'occasion, les rares survivants font front commun contre l'ennemi. Dans l'intervalle, Jasper se trouve face à son destin en découvrant la vérité sur ses origines et sur Ombe. Que de révélations au programme !!! Ce dernier tome, plus épais que la moyenne, avait tellement de choses à nous raconter, tant d'aventures à partager, qu'il ne pouvait en être autrement. Cette fin, donc, ne déçoit pas un seul instant. Nous sommes pris dans le feu de l'action, c'est intense et tourbillonnant, mais à côté de ça, l'émotion aussi est très présente, surtout vers les dernières pages, lorsque les masques tombent, quand les choix décisifs se posent à notre sémillant héros.
Jasper n'a jamais cessé d'évoluer au cours des 8 tomes de la série, en apparaissant d'abord comme un adolescent pataud, qui masquait son manque d'assurance derrière un humour foireux, puis il a essuyé des coups durs, a été confronté à des événements hors du commun, a su gagner en puissance, a multiplié ses dons et a finalement découvert sa réelle identité. Son personnage a grandi, mais il a su conserver ce mélange de sensibilité et d'ironie comme armure. Ombe, quand à elle, est un personnage à part. C'est un peu de son auteur qu'on retrouve aussi à travers elle. Et avec l'histoire qu'on sait...
Jusqu'au bout, l'ombre de Pierre Bottero aura plané sur cette série, que Erik L'Homme a su conduire et conclure de main de maître. C'est tout ça qui remue en nous, alors qu'on lit ce dernier tome. On se sent le cœur serré, on est captivé par le déroulement de l'intrigue, c'est un dernier tour de piste remarquable, touchant et passionnant. A l'image de la série, qui a été magistrale du début à la fin. Je n'oublie pas non plus, les couvertures superbes et les titres aux douces consonances poétiques. Une série à découvrir à tous les âges !
A comme Association, livre 8 : Le regard brûlant des étoiles, par Erik L'Homme
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2012)
☁♨ Le Réveil des Créatures ♨☁
Matt et Emily Calder sont des jumeaux de 12 ans, qui vivent à Londres avec leur maman, Sandie. Profitant que l'attention de celle-ci soit détournée, lors d'une visite à la National Gallery, les enfants se mettent à dessiner pour tromper leur ennui mais dévoilent ainsi leurs extraordinaires capacités à pouvoir mettre en vie leurs dessins. Aussitôt leur mère comprend qu'ils ne doivent plus traîner en ville et courent se réfugier sur une île écossaise, chez leur grand-père paternel, simplement appelé Renard.
Les enfants vont alors découvrir l'existence des Animare et des Gardiens. Une Société secrète se doit de les protéger et de canaliser leur folle imagination. Ils doivent aussi veiller à ce que leurs dons ne tombent pas entre de mauvaises mains, car les membres de la Société n'ont pas tous les mêmes objectifs et redoutent les jumeaux, dont le père a mystérieusement disparu, enfin ceci est une autre histoire...
A vrai dire, ce roman m'a plu instantanément. J'avais à peine lu les premiers chapitres que déjà je me surprenais à dévorer le reste du roman en un temps record. Non seulement le rythme est entraînant, mais l'histoire aussi est passionnante. Et puis c'est vif, intrépide, captivant. Les images sont presque réelles, les descriptions nous transportent dans cet univers fantastique, avec un pied dans le Moyen Âge où tout aurait débuté, dans le Monastère d'Era Mina, sur l'île d'Auchinmurn, qu'occupe aujourd'hui le grand-père R.
Je vous invite à découvrir cette lecture, préalablement ciblée jeunesse, tant elle est agréable et épatante, écrite en partie par John Barrowman, plus connu sous le nom de Captain Jack, alias M. Torchwood ! C'est le 1er tome d'une trilogie, j'espère que la suite verra jour, car il devient trop courant dans l'édition actuelle de stopper des séries en cours. Elle est cependant déjà disponible en VO, [[The Bone Quill]].
Le Réveil des Créatures, par John & Carole E. Barrowman
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2013 - Traduit par Raphaële Eschenbrenner
couverture : Laurent Besson