“En Grande-Bretagne une tasse de thé est la solution à tous les problèmes.” ツ
Monsieur Kipu est en apparence une histoire déjantée, autour d'un clochard qui porte bien son nom, puisqu'il ne sent pas la rose, mais l'étang, il vit sur un banc dans un parc, avec son chien aussi cradingue que lui. Un jour, une fillette à l'imagination débordante l'aborde, lui offre des saucisses puis l'installe dans la cabane à outils situé au fond du jardin de ses parents (ces derniers n'étant au courant de rien).
Chloé se sent incomprise parmi les siens : sa mère n'a d'yeux que pour sa jeune sœur, Annabelle, une abominable petite peste. Son père s'efface ou se planque dans le cagibi sous l'escalier pour ne pas avouer à sa femme son terrible secret. Celle-ci vient d'ailleurs de lancer sa carrière politique à l'aide d'un programme réduisant la liberté de chacun à néant. Une vraie terreur.
De toute façon, c'est une famille complètement désunie, au sein de laquelle Chloé trouve qu'elle n'a plus sa place. Monsieur Kipu est son seul ami, celui qui l'écoute et la comprend. C'est un peu son ange gardien, car il va remettre de l'ordre chez les Croûton et leur apporter un sentiment de paix et de bonheur retrouvé. Cette histoire est ainsi un savant mélange de situations loufoques autour de thèmes sensibles comme l'exclusion, le manque de confiance en soi et la solitude. Le talent de D. Walliams est, bien entendu, de ne jamais plomber l'ambiance et de prouver qu'on peut traiter de choses sérieuses en y mettant de l'humour. Effet top moumoute assuré, comme dirait l'autre.
Monsieur Kipu, par David Walliams (Albin Michel jeunesse, coll. Witty, août 2012)
Traduit par Valérie Le Plouhinec - illustrations de Quentin Blake
“Un biscuit bi-chocolaté, c'est parfois comme une lumière dans la nuit.”
Cette série poursuit son chemin et ne déçoit vraiment pas ! J'ai beaucoup aimé ce troisième tome où les aventures d'Olive Dunwoody prennent encore un tour inquiétant. La jeune fille est seule au courant du secret de sa maison, où les peintures sont magiques et peuvent être traversées grâce à une paire de lunettes spéciales. Il appartient à Olive d'empêcher les anciens propriétaires de poursuivre leur plan machiavélique (ils ont emprisonné les habitants de Lynden Street dans une vie sous cadre), mais ceux-ci sont redoutables et rusés.
Et puis, Olive est jeune, inexpérimentée, elle a la fougue de son âge, elle est aussi empressée et butée. Lorsque son meilleur ami lui apprend qu'il va quitter la ville, elle est profondément blessée et se croit abandonnée. Résultat, elle boude dans son coin et va doubler d'efforts pour sauver le jeune Morton, qui est coincé dans un tableau et veut retrouver ses parents. Elle va commettre des bêtises, c'est normal, et ça fait avancer l'histoire, donne plus de poids à l'ennemi, ajoute du stress supplémentaire, et rend l'ambiance d'autant plus énigmatique.
Que de charme dans cette lecture ! Cela vous séduit et vous captive en un clin d'œil. J'aime infiniment toutes les parures dont cette série s'entoure, les couvertures et les illustrations sont de toute beauté, les histoires sont de très grande qualité, même les chats sont au top. C'est donc un cocktail de fantaisie, d'humour, d'amitié et de bulles d'angoisse. C'est très bon ! On accroche instinctivement et on attend la suite (l'avant-dernier tome, il me semble) avec impatience.
La maison des secrets, tome 3 : L'espion surprise par Jacqueline West (Seuil jeunesse, septembre 2012 - traduit par Jimmy Montrose et illustré par Poly Bernatene).