Orpheline, sans le sou, Sophie Smith vit en pension dans une école privée à Londres. A l'approche des vacances, ses amies et elle sont invitées à se rendre en Russie pour rencontrer la princesse Volkonski. Cette dernière occupe un palais d'hiver, en rase campagne, dans la région de St-Petersburg. L'endroit est féérique, même s'il porte encore les stigmates des vieilles querelles politiques et des tragédies familiales. Sophie est, pour sa part, avide d'aventures merveilleuses. Elle tombe sous le charme de cette princesse au charisme ravageur - si énigmatique, mais envoûtante. D'autres mystères entourent les lieux, dont la forêt qui sert de refuge à une meute de loups. Chaque nuit, leurs hurlements hantent les rêves de Sophie qui se sent de plus en plus perdue, mélangeant la réalité et la fiction. Elle ressasse aussi des souvenirs de son père, qui avait coutume de lui chanter une même berceuse ou aimait lui raconter des légendes lointaines. Comment expliquer ces soudaines réminiscences, sinon qu'elles sont ravivées par le décor qui l'entoure et lui fait tourner la tête ?
Son histoire s'éclairera à l'aube de révélations éclatantes, qui surviendront dans les derniers chapitres. Mais n'imaginez surtout pas que celles-ci vous surprendront plus que de raison, car finalement la trame romanesque est toute simple et évidente. C'est finalement dans la forme et son décor que l'histoire est attachante. On baigne dans un cadre idyllique, au cœur de la Russie, en plein hiver, on vit et partage des activités toutes plus extraordinaires les unes que les autres (pique-nique de minuit sur un lac gelé, balades en vozok, patin à glace au coucher du soleil...). En somme, c'est un joli conte enchanteur qui séduit pour sa simplicité, son élégance et sa tenue. C'est ravissant, et cela m'a beaucoup plu.
Sophie et la Princesse des Loups, par Cathryn Constable (Gallimard jeunesse, août 2013 - traduit par Alice Marchand)
« Sophie tira la couverture jusque sous son menton et s'assit dans son lit pour regarder la lune. Peut-être qu'en se concentrant sur cette lumière blafarde, elle arriverait à comprendre ce qui venait de se passer, pourquoi elle était ici, dans ce palais oublié, perdue au milieu d'un immense pays désert, avec ces gens qui se comportaient d'une façon si étrange. Elle était déconcertée, déracinée, comme un petit bateau partant à la dérive sans espoir de retrouver la côte, livré aux marées, aux vents et aux courants. »
Autres idées de lecture : Nina Volkovitch, de Carole Trébor - Petite feuille nénètse, suivi de Un été sibérissime d'Anne Bouin