03/10/13

“Ermengarde, aimerais-tu qu'on te signale que tu as la bouche grande ouverte ou préfères-tu tout bonnement rester bouche bée ?”

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les petites pensionnaires

Pensionnat Miss Minchin, institution distinguée pour jeunes filles de bonne famille, Londres. C'est à cette adresse qu'est arrivée la Princesse Sarah, couverte d'or et de bijoux, avant de dégringoler dans l'échelle sociale, suite à la mort de son père, qui s'était ruiné en Inde. Sarah a finalement découvert qu'elle était l'héritière de mines de diamants, longuement recherchée, et avait obtenu son sésame pour s'échapper des griffes de Miss Minchin et vivre sereinement, en compagnie de Becky et de leur bienfaiteur.

Cette suite a donc imaginé la vie après le départ de Sarah, dans une atmosphère toujours aussi austère, savamment entretenue par une Miss Minchin plus revêche que jamais, mais quelque peu éteinte aussi. Un mystère plane autour de sa personne, depuis qu'elle passe ses journées cloîtrée dans sa chambre. Les filles en profitent pour se la couler douce, au salon ou en salle d'études. L'humeur est morose, mais les esprits vifs et guillerets des demoiselles remettent vite un peu de vie et d'éclat au décor.

Lottie est toujours aussi espiègle et incontrôlable, Ermengarde renonce à lui inculquer un soupçon de retenue ou de discipline, malgré les chaleureuses recommandations de son amie Sarah, elle qui avait longtemps imaginé que leur amitié était brisée a finalement surmonté sa timidité pour lui écrire de longues lettres et lui confier leur quotidien. Les détails insolites ne manquent pas, surtout depuis l'arrivée d'Alice, la nouvelle servante qui mène son monde à la baguette et n'entend pas dormir sous les toits, dans les courants d'air et en compagnie des souris. Même Lavinia est métamorphosée, depuis sa rencontre avec leur nouveau voisin, un jeune garçon aux cheveux rouges.

Celui-ci a trouvé leur école ‘loufoque’. A travers cette réflexion, Lavinia réalise qu'elle n'est pas à la hauteur des futures étudiantes d'Oxford. Certes, on lui enseigne le latin et la littérature anglaise, mais quid des mathématiques, du français, de l'économie, la philosophie etc. ? Elle a du pain sur la planche pour se mettre à niveau. Oui, Lavinia considère que le rôle de la femme n'est pas seulement de se marier, de procréer et de parader en société. Alors, elle dévalise les rayons de la bibliothèque et s'échine à prendre des leçons de piano, avec la complicité de ses camarades.

Tout ça se déroule sur un ton joyeux et alerte, dans une ambiance délicieusement guindée et typiquement anglaise. En un mot, c'est délectable ! On retrouve les histoires d'amitiés, de rivalités, de leçons à apprendre, de fous rires et de secrets à partager, avec un dénouement proche du conte de fées... encore une fois. Sincèrement, la magie est intacte !

Les petites pensionnaires, par Hilary McKay (Gallimard jeunesse, juillet 2010 - traduction de Bee Formentelli - illustrations de Nick Maland)

Posté par clarabel76 à 14:30:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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❅❅“C'était l'hiver. Il neigeait. Une petite fille était perdue dans les bois. Et il y avait...un loup.”❅❅

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Orpheline, sans le sou, Sophie Smith vit en pension dans une école privée à Londres. A l'approche des vacances, ses amies et elle sont invitées à se rendre en Russie pour rencontrer la princesse Volkonski. Cette dernière occupe un palais d'hiver, en rase campagne, dans la région de St-Petersburg. L'endroit est féérique, même s'il porte encore les stigmates des vieilles querelles politiques et des tragédies familiales. Sophie est, pour sa part, avide d'aventures merveilleuses. Elle tombe sous le charme de cette princesse au charisme ravageur - si énigmatique, mais envoûtante. D'autres mystères entourent les lieux, dont la forêt qui sert de refuge à une meute de loups. Chaque nuit, leurs hurlements hantent les rêves de Sophie qui se sent de plus en plus perdue, mélangeant la réalité et la fiction. Elle ressasse aussi des souvenirs de son père, qui avait coutume de lui chanter une même berceuse ou aimait lui raconter des légendes lointaines. Comment expliquer ces soudaines réminiscences, sinon qu'elles sont ravivées par le décor qui l'entoure et lui fait tourner la tête ?

Son histoire s'éclairera à l'aube de révélations éclatantes, qui surviendront dans les derniers chapitres. Mais n'imaginez surtout pas que celles-ci vous surprendront plus que de raison, car finalement la trame romanesque est toute simple et évidente. C'est finalement dans la forme et son décor que l'histoire est attachante. On baigne dans un cadre idyllique, au cœur de la Russie, en plein hiver, on vit et partage des activités toutes plus extraordinaires les unes que les autres (pique-nique de minuit sur un lac gelé, balades en vozok, patin à glace au coucher du soleil...). En somme, c'est un joli conte enchanteur qui séduit pour sa simplicité, son élégance et sa tenue. C'est ravissant, et cela m'a beaucoup plu.

Sophie et la Princesse des Loups, par Cathryn Constable (Gallimard jeunesse, août 2013 - traduit par Alice Marchand)

« Sophie tira la couverture jusque sous son menton et s'assit dans son lit pour regarder la lune. Peut-être qu'en se concentrant sur cette lumière blafarde, elle arriverait à comprendre ce qui venait de se passer, pourquoi elle était ici, dans ce palais oublié, perdue au milieu d'un immense pays désert, avec ces gens qui se comportaient d'une façon si étrange. Elle était déconcertée, déracinée, comme un petit bateau partant à la dérive sans espoir de retrouver la côte, livré aux marées, aux vents et aux courants. »

Autres idées de lecture : Nina Volkovitch, de Carole Trébor - Petite feuille nénètse, suivi de Un été sibérissime d'Anne Bouin

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [5] - Permalien [#]
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