Vive la différence ! de Leigh Hodgkinson
Hippolyte Patel est un troll poilu, qui ne ressemble pas aux autres trolls. Hippolyte est gentil, poli et ordonné. Mais ses copains trolls le trouvent particulièrement nul comme troll et ne l'aiment pas du tout.
Pétula Pétal est une fillette qui habite dans une maison avec ses parents. Elle est bruyante, fofolle et très désordonnée. Tout le contraire de ses parents !
Tous deux sont donc désemparés de partager une existence pleine de contradictions et d'immenses frustrations. Alors, lorsque Petula et Hippolyte se rencontrent par hasard, ils comprennent qu'ils viennent de trouver la solution idéale : troquer leur vie pour vivre celle de l'autre, qui semble davantage leur correspondre ou répondre à leurs aspirations.
Et c'est le rêve ! le bonheur parfait ... surtout au début ! Très vite, Petula et Hippolyte s'aperçoivent que faire toujours la même chose, être autorisé à confondre leurs interdits commence à leur peser sérieusement. C'est devenu trop facile, trop lisse... trop ennuyeux ! Il est temps de mettre fin au drôle de troc et retrouver chacun sa famille.
J'ai adoré cet album pour ses merveilleuses illustrations, si douces, si pétillantes, si pleines de vie et si colorées ! Chaque page est un véritable enchantement.
Tout est drôle et facétieux dans cette histoire : les noms des personnages, leurs décisions de troquer leur vie, jusqu'à leurs lubies tendrement rigolotes : faire le ménage, tout ranger et adorer ça, mais aussi se curer le nez sans vergogne, le revendiquer et préférer ça à cueillir des fleurs ! Le ton est cocasse, absolument désopilant - les enfants vont adorer !
J'ai beaucoup aimé aussi la farandole des polices et des caractères, lorsque le texte s'adapte au personnage - pour souligner les expressions fofolles de la fillette ou toutes discrètes du troll poli, par exemple. L'auteur a peaufiné chaque petit détail, a bichonné son texte, en plus du ton, elle a pris un soin scrupuleux à veiller sur la forme.
L'histoire parle évidemment du droit à la différence, du fait d'être accepté pour ce que l'on est, de ne pas juger les autres, etc. Un message clair, simple mais qu'il faut toujours répéter.
En somme, c'est un très chouette album qui séduira à coup sûr les enfants (et qui ouvre notre quinzaine consacrée aux lectures qui font gentiment peur, en attendant la fête des monstres et des esprits du 31 octobre) !
Vive la différence ! de Leigh Hodgkinson (Gallimard jeunesse, septembre 2013)
“Quelle naïveté ! Le Diable a juste joué avec lui... La terreur ne manquera jamais de valets.”
Ne nous attardons pas sur cette couverture peu engageante, et misons sur l'effet de surprise pour découvrir ce que cache le roman ! A priori, c'est une histoire plutôt banale au sujet d'un couple, Raphaël et Laura, qui s'aime mais se détache, depuis l'arrivée au lycée d'un nouvel élève, Melvil, qui cristallise les fantasmes les plus secrets de la jeune fille. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle est sous la coupe d'une possession maléfique, générée par une bague qu'elle vient de trouver dans une petite bijouterie vieillotte.
Son petit copain se débat comme un beau diable pour sauver leur relation amoureuse, mais sa jalousie complique tout et précipite l'inévitable. Leur amie Apolline tente aussi de leur venir en aide, elle-même se débattant au sein d'un flot de rêves brumeux qui cherchent à lui communiquer un message, au sujet d'une Fille des Brumes et d'un Démon, etc. L'intrigue n'a aucun secret pour nous, puisqu'on a connaissance des projets machiavéliques qui animent Melvil et celui qui se fait appeler l'Orfèvre. Au départ, je trouvais ces deux-là assez risibles à vouloir se fondre dans la masse, en adoptant le langage des jeunes de l'époque et en se mettant à la page sur le plan technologique.
Puis, j'ai été prise dans le feu de l'action, avec l'enchaînement des événements, la montée en puissance des forces démoniaques, la manipulation mentale basée sur les peurs les plus vives et l'élimination des éléments dérangeants. Sans mentir, toute la première partie est assez effrayante et sait nous tenir en haleine. La suite me voit plus réservée, avec l'entrée en scène d'une enquête policière plutôt bien menée, mais assez classique. C'est un autre rythme, une nouvelle façon d'aborder cette lecture, qui heureusement va reprendre sa cadence infernale dans les derniers chapitres. Au final, malgré de microscopiques réserves, je trouve que le roman a su parfaitement nous entraîner dans son univers (de possession, de forces maléfiques et de vieilles légendes démoniaques) et nous fait passer un bon moment de lecture.
Le Démon des Brumes, par Luc Blanvillain (Seuil jeunesse, septembre 2013)