Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows ❤
Et de trois ! Après la VO, la VF... voici maintenant la version audio. À chaque fois, ce livre me surprend, m'éblouit, me dorlote, me donne le sourire et les larmes aux yeux. Je suis irrémédiablement amoureuse du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, c'est un livre chéri, bichonné, chouchouté, je l'aime d'amour. Une fois encore, il m'a été précieux. Car il est tombé à point nommé, j'avais besoin de douceur, de tendresse, de bonnes ondes, et il s'est présenté à moi de façon logique, claire, indiscutable.
Quel régal ! J'ai replongé avec excitation dans l'histoire, à ma grande honte j'en avais un peu oublié les entournures, au moins j'ai pu doublement apprécier cette énième lecture. Tout commence autour d'un livre de Charles Lamb. Un jour, Juliet Ashton, une célèbre chroniqueuse qui vient de publier son premier ouvrage et connaît un succès fou, reçoit une lettre d'un certain Dawsey Adams, résidant à Guernesey. Entre autres banalités, il évoque le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates. Il n'en faut pas davantage pour titiller la curiosité de notre journaliste. S'ensuivra, bien évidemment, une correspondance enjouée, exaltante et exaltée entre Juliet et les habitants de l'île anglo-normande.
C'est ainsi toute une communauté attachante et passionnante qu'on découvre, Amelia Maugery, Isola Pribby, Eben Ramsey... et même l'insupportable Miss Adelaide Addison. Tous rapportent leurs conditions de vie durant la guerre, l'île ayant été occupée par les allemands. Ils avaient donc mis en place un cercle littéraire, pour sauver les apparences et permettre de se nourrir en douce, tout en prenant goût à la lecture en fin de compte. Quelle expérience ! Bien sûr, ils n'ont pas été épargnés par les drames non plus et on devine notamment qu'Elizabeth McKenna, autour de laquelle tournent toutes les discussions, figure comme étant une icône mystique et intouchable.
Juliet est fascinée, le lecteur aussi. Au fil des lettres, on est immédiatement pris dans le tourbillon des intrigues, des secrets, des révélations... Que d'émotions ! J'avais l'impression de tout (re)découvrir comme une première fois. C'était encore plus bouleversant, j'ai adoré. La version Audiolib est d'autant plus radieuse et enivrante ! Ce sont cinq comédiens qui se partagent l'affiche, Cachou Kirsch, Nathalie Hons et Nathalie Hugo, qu'on retrouve notamment dans des ouvrages aussi enthousiasmants comme Le Goût des pépins de pomme ou La couleur des sentiments, Thierry Janssen et Philippe Résimont. Ils ont donné vie à des personnages et à une histoire vraiment passionnante, bouleversante, drôle aussi et que je ne cesse de chérir au fil du temps.
Audiolib, novembre 2009. Texte intégral lu par Cachou Kirsch, Nathalie Hons, Nathalie Hugo, Thierry Janssen, Philippe Résimont (durée d'écoute : 8h 17).
Traduit de l'américain par Aline Azoulay, pour les éditions NiL.
La Femme du Ve, par Douglas Kennedy
Il y a encore quelques mois, Harry Ricks enseignait dans une université américaine et menait une vie tranquille. Aujourd'hui, il peine à survivre à Paris et loge dans une chambre de bonne minable. Son existence est devenue sordide, aussi se change-t-il les idées en fréquentant une soirée privée dans un quartier chic, où il fait la rencontre de Margit, une belle Hongroise, séduisante et cultivée. Leur liaison est passionnelle, mais dictée selon des règles strictes et mystérieuses (ils ne peuvent se voir que tous les trois jours, entre 17 et 19 heures).
Harry accepte, puis finit par s'interroger. Qui est-elle ? Comment expliquer aussi tous ces faits surprenants et ces coïncidences qui surviennent depuis peu dans sa vie, semblant résoudre soudainement, et comme par miracle, des soucis personnels ? C'est de plus en plus bizarre, finalement Harry va chercher à la confondre. Et puis, c'est une toute autre histoire qui nous éclabousse à la figure, qui nous renvoie dans nos filets et qui nous laisse abasourdi.
J'ai un gros problème avec les livres de Douglas Kennedy, je n'aime pas du tout ses personnages, que je trouve souvent lamentables, pathétiques et suffisants. Par contre, je dois m'avouer bluffée par la façon dont l'auteur manipule son lecteur, en brodant des histoires assez simplistes, mais qui parviennent à nous épingler. Cette fois encore, j'ai été complètement bernée. J'ai d'abord entamé ma lecture sans grande conviction, puis je n'ai eu qu'une envie : avancer dans l'histoire et en connaître l'aboutissement. C'est embêtant d'être une marionnette entre les mains d'un auteur qu'on n'apprécie pas forcément ! Mais passons.
Aux commandes de l'Audiolib, nous retrouvons Jean-Marc Delhausse, un comédien qui s'est déjà illustré à l'exercice [c'est la voix des romans d'Arnaldur Indridason] et qui réussit l'exploit d'agripper notre attention pour suivre les (més)aventures de l'américain Harry, un spécimen spongieux, qui s'encanaille en se justifiant, puis en culpabilisant à l'infini. Ce type est un gros nul ! Heureusement l'histoire n'est pas mal du tout, dans sa mécanique assez singulière et un peu déconcertante. L'auteur, lui, ne cesse de nous baratiner et on mord à l'hameçon. Un procédé habile, assez remarquable, je le reconnais avec amertume.
Audiolib, février 2008. Texte intégral lu par Jean-Marc Delhausse (durée d'écoute : 10h 30).
Traduit de l'américain par Bernard Cohen, pour les éditions Belfond.