Caulfield : Sortie interdite, de Harald Rosenløw Eeg
Eh bien, ce roman est absolument hallucinant ! L'ambiance est mystérieuse et pesante, elle tourne autour de la mort suspecte d'un adolescent, Sturla, que le narrateur de l'histoire, Klaus, a croisé juste avant la tragédie. Depuis, il enquête sur cette disparition et veut percer le secret de ses camarades de classe, lesquels sont tantôt enjoués et insouciants, tantôt fuyants et imprévisibles.
Klaus a pour début de piste un nom : Caulfied. Qui est-il, que veut-il ? Cet individu semble régenter la vie du lycée, telle une ombre menaçante et intransigeante. Tous paraissent le craindre mais lui obéissent au doigt et à l'oeil. C'est saisissant, l'intrigue est opaque et étouffante, l'ambiance particulièrement malsaine. Malgré tout, on est scotché au fil du livre et on n'est pas au bout de nos surprises, car les révélations sont stupéfiantes.
Il est donc impossible de se sortir de ce piège et de refermer le livre pour retrouver notre petite vie tranquille, en oubliant cette histoire. C'est fichu, on a envie de connaître le fin mot, on est pris dans un engrenage, le rythme est infernal, implacable même. Et plus on touche au but, plus on sent que ça va nous retomber comme un bloc de pierre dans l'estomac. C'est fatal.
Polar nordique, glaçant, efficace et perturbant, ce roman nous emmène là où l'on ne veut pas aller. Le dénouement est terrible. Vous tournez la dernière page du livre dans un état d'hébétude, c'est dur, c'est noir, mais c'est stupéfiant. Je ne regrette pas du tout cette lecture, juste d'avoir attendu tout ce temps pour pouvoir le lire enfin. C'est fort, très très fort. À ne pas mettre entre toutes les mains, cependant !
éditions Thierry Magnier, octobre 2009 - traduit par Jean-Baptiste Coursaud
Le Clan des Otori, tome 1 : Le Silence du rossignol, par Lian Hearn
J'avais entamé la série en 2008, mais j'avais négligé de la terminer. À force de remettre à plus tard, j'ai fatalement tout oublié des nœuds de l'intrigue, en plus des noms et des clans à retenir, des lieux, des enjeux, des drames, des trahisons. Bref, je n'avais plus d'autre choix que de m'y replonger et d'avaler cul-sec !
L'histoire : Tomasu vit dans les montagnes avec sa famille et échappe in extremis au massacre orchestré par les troupes de sire Iida, chef du clan des Tohan. C'est un voyageur solitaire, un certain Shigeru du clan des Otori, qui lui sauve la mise et l'embarque avec lui. Le garçon doit désormais s'appeler Takeo et devient le fils spirituel de Shigeru.
Ce dernier est contraint de sceller une alliance avec les Tohan - argh - en acceptant d'épouser la très belle Kaede, une héritière des pays de l'Ouest, retenue en otage par le seigneur ennemi. La jeune fille, porteuse d'une malédiction, est instrumentalisée pour fragiliser Shigeru et son clan, lequel semble déjà affaibli par des guerres internes qui font rage.
De toute manière, toute l'intrigue n'est qu'un vaste complot visant à éliminer les uns et les autres, à semer le chaos, à brouiller les cartes. Même le jeune Takeo devient un pion au centre de ce grand échiquier, lui dont les origines apparaissent sous un jour nouveau, faisant craindre les plus endurcis et distiller de la duplicité chez les plus fidèles.
Ce début de saga est absolument romanesque, bouleversant et palpitant ! J'ai été totalement emballée par cette épopée, au cœur d'un Japon médiéval flamboyant, avec ses traditions et ses légendes, mais surtout ses notions d'honneur souvent bafouées par la folie des hommes.
Folio, septembre 2003 - traduit par Philippe Giraudon pour les éditions Gallimard jeunesse