Double jeu, par Judy Blundell
New York, 1950. Kit Corrigan, 17 ans, a tout plaqué pour saisir sa chance de brûler les planches mais ne collectionne que des déboires ! Sans nouvelles de son petit copain Billy, avec lequel elle aurait rompu lors de leur dernière entrevue, Kit a la surprise de recevoir la visite de son père, Nate Benedict, qui lui propose de l'héberger dans son appartement et d'écrire à son fils pour tenter de le retenir (il vient de s'enrôler dans l'armée et doit partir en Corée). Coincée, mais faible, Kit accepte la proposition. Peu de temps après, elle décroche aussi un job de danseuse au Lido, reçoit une valise entière de vêtements neufs, la situation est plus que désespérante ! La jeune fille n'est pas idiote et se sent prise au piège, elle agit comme une automate, un peu malgré elle, car elle n'est plus sûre de vouloir renouer avec Billy (qui est d'une jalousie maladive et lui faisait constamment des scènes, parfois violentes).
Ce qui m'a beaucoup, beaucoup plu dans ce roman, c'est donc cette sublime et envoûtante atmosphère, digne d'un roman noir suranné, baignant dans un décor d'après-guerre, où l'on croise naturellement des cocotes, des avocats véreux, des gangsters, avec aussi en arrière-plan la chasse aux sorcières (le Maccarthysme) qui frappe notamment les voisins de Kit. Pendant longtemps, l'histoire se veut langoureuse, mystérieuse et follement élégante avant de déraper vers une issue capillotractée et bidouillée à la va-comme-je-te-pousse. Mais cela ne m'a pas chagrinée non plus, puisque je suis sortie de cette lecture en poussant un soupir d'extase tellement j'ai pu savourer l'ambiance générale du roman.
Albin Michel, coll. Wiz, février 2013 - traduit par Cécile Dutheil de la Rochère