Les Suprêmes, par Edward Kelsey Moore
Totale surprise encore une fois, ce roman s'est offert à moi avec sa couverture craquante et la promesse d'un rendez-vous à mi-chemin entre La couleur des sentiments (pour la communauté noire) et les Beignets de tomates vertes (pour la bande de copines inséparables et attachantes). Sans me douter du reste, je me faisais une joie d'aller au-devant de cette découverte. Et effectivement, j'ai adoré l'histoire de ces trois femmes extraordinaires.
Odette, Clarice et Barbara Jean ont grandi dans le même quartier populaire de Plainview (Indiana) dans les années 60 et ont très tôt instauré des petits rituels sacrés, comme le rendez-vous dominical chez Big Earl, à leur table attitrée, près de la baie vitrée. C'est tout aussi naturellement qu'elles ont été surnommées les Suprêmes, en hommage au groupe de Diana Ross, puisqu'elles sont apparues comme des filles intouchables, mais fascinantes.
Trois filles aux personnalités dissemblables mais complémentaires, et aux choix de vie souvent discutables, mais jamais discutés. « Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n'était pas mérité. » Aussi, lorsque Odette, le pilier du groupe, découvre qu'elle est malade, ses amies aussi décident de revoir leur existence soit en virant un mari trop volage ou en cessant de noyer un vieux chagrin d'amour dans l'alcool (de la vodka bue dans une petite tasse en porcelaine, avec un exemplaire de la Bible ouvert sur les genoux !).
J'ai ressenti un formidable élan de tendresse, de sympathie et d'affection pour les Suprêmes et leur petit monde de maris, de voisins, de cancans, de sermons, de blagues, de fantômes, de légendes, de coups durs, de grandes joies, de secrets et d'envies... Un joli univers, bouillonnant de vie et d'humanité. On sourit beaucoup, parfois on a le cœur gros, mais c'est juste un trop-plein d'amour. Cela déborde de partout, c'est touchant, léger, doux et attendrissant. Difficile à résumer, mais cette lecture est un remède miracle contre les petites baisses de régime et autres sensations vagabondes.
Actes Sud, avril 2014 ♦ traduit par Cloé Tralci, avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson