Elle marchait sur un fil, de Philippe Delerm
Marie, cinquante ans, partage sa vie entre Paris et la Bretagne. Attachée de presse indépendante, elle tient à défendre des ouvrages de qualité, dont un petit roman qui va connaître un succès fulgurant, duquel elle se détachera très rapidement, ne se reconnaissant plus dans le système et la soif de reconnaissance de l'auteur.
En fait, Marie vient de rencontrer une jeune troupe de comédiens, avec qui elle a décidé de monter un spectacle. Forte de son expérience, de sa passion dévorante pour le théâtre, elle se lance dans ce nouveau projet avec une énergie folle, quasi intransigeante. Une manière de la consoler du choix de son fils, comédien prometteur, qui a mis un terme à sa carrière pour une profession plus conventionnelle, et avec lequel elle a aujourd'hui bien du mal à accorder ses violons.
Aussi apprécie-t-elle chacun instant passé en compagnie de sa petite-fille Léa, chez laquelle elle entretient amoureusement la fibre artistique, dans le dos des parents. Finalement, je crois que ce qui m'a le plus touché dans ce roman, c'est la sensation de familiarité, de retrouver un vieil ami, de me sentir chez moi, à l'aise, parmi les pages du livre. Sans quoi, le personnage de Marie n'est pas du tout attachant, car trop froid, indifférent, rigide et au caractère exclusif et entier (au vu de la fin).
L'histoire aussi s'écoule lentement, timidement, avec des petites notes toujours appréciables sur la vie, les livres, Proust, la Bretagne, la vie parisienne, la vie précieuse et le théâtre, le don de soi, l'amour filial, conjugal, etc. De belles petites choses, à apprécier au compte-goutte, mais sur lesquelles on referme la dernière page du livre, en sachant pertinemment qu'elles s'évanouiront tout aussi vite dans les airs. Des retrouvailles savoureuses, mais trop fugaces...
Seuil ♦ avril 2014 ♦