Que fais-tu bébé ? de Zhihong He
Tous les bébés du monde ont besoin de rire, de rêver, de découvrir, d'être aimés. Dans de magnifiques peintures sur soie, He Zhihong saisit ces moments rares, précieux et universels, qui représentent aussi les moments phares de la journée : le bébé porté, à la découverte du monde, le bébé rêvant, riant, câlinant, jouant, mangeant, le bébé qui s'endort, les yeux dans les étoiles...
Cet album est juste MAGNIFIQUE et vous inspire beaucoup d'émotions. C'est de toute beauté, d'une grande pureté, sans beaucoup de texte, mais on saisit instantanément la poésie, la délicatesse et la tendresse qui respirent en marge des illustrations. Zhihong He est une artiste chinoise, qui a réalisé de nombreux ouvrages pour la jeunesse, illustrés dans la grande tradition chinoise, sur soie ou sur papier de riz. Que fais-tu bébé ? est son premier livre qui s'affranchit de la thématique chinoise.
Seuil jeunesse ♦ avril 2014
Te voilà ! d' Anaïs Vaugelade
Où l'on découvre la formidable épopée du bébé qui flotte dans le ventre de la maman et qui s'apprête à faire son grand voyage vers la sortie. Une libération sous forme d'explosion de couleurs, de poésie, de fantasmagorie... Effet prodigieusement magique et éblouissant !
Où l'on s'inspire aussi d'une la légende disant que les bébés avant la naissance ont la connaissance universelle mais qu'un ange la leur fait oublier en posant un doigt sur leurs lèvres (d'où le petit creux de la lèvre supérieure)...
Où l'on se dit que cet album se lit de façon libre et légère, libre de toute interprétation, complètement éthéré dans son esthétisme.
Et moi, j'ai beaucoup aimé les couleurs et les illustrations de cet album psychédélique...
Petite description théorique
Pourquoi avons-nous tous un petit creux entre la base du nez et les lèvres ? Un récit talmudique célèbre nous l'explique : à la naissance de chaque enfant, un ange arrive pour lui interdire de révéler tout ce qu'il a appris dans les limbes. Il pose son doigt sur la bouche du bébé puis le retire en laissant cette empreinte, et c'est alors que le nouveau-né peut crier. Anaïs Vaugelade a choisi de réécrire une version malicieuse et laïque de cette légende. Voici révélés quelques secrets de la vie antérieure du bébé !
Alors qu'il avait un an tout juste, le petit garçon d'Anaïs Vaugelade s'est trouvé nez à nez avec un téléphone, modèle 1960. Quand, avec le plus grand naturel, il a porté le combiné à son oreille, Anaïs est restée perplexe : «D'où sait-il que cette chose est un téléphone, alors qu'au cours de la seule année de sa vie il n'a vu que des modèles rectangulaires et à boutons ?» Puis, c'est en lisant un livre de morphogenèse, qui compare le tout premier instant du foetus à un big bang, qu'Anaïs a trouvé le point de départ de son histoire.
Cet album contient aussi un hommage appuyé aux sages-femmes, qui portent bien leur nom (surtout celles de la maternité des Lilas).
Ecole des Loisirs, novembre 2013
Elle marchait sur un fil, de Philippe Delerm
Marie, cinquante ans, partage sa vie entre Paris et la Bretagne. Attachée de presse indépendante, elle tient à défendre des ouvrages de qualité, dont un petit roman qui va connaître un succès fulgurant, duquel elle se détachera très rapidement, ne se reconnaissant plus dans le système et la soif de reconnaissance de l'auteur.
En fait, Marie vient de rencontrer une jeune troupe de comédiens, avec qui elle a décidé de monter un spectacle. Forte de son expérience, de sa passion dévorante pour le théâtre, elle se lance dans ce nouveau projet avec une énergie folle, quasi intransigeante. Une manière de la consoler du choix de son fils, comédien prometteur, qui a mis un terme à sa carrière pour une profession plus conventionnelle, et avec lequel elle a aujourd'hui bien du mal à accorder ses violons.
Aussi apprécie-t-elle chacun instant passé en compagnie de sa petite-fille Léa, chez laquelle elle entretient amoureusement la fibre artistique, dans le dos des parents. Finalement, je crois que ce qui m'a le plus touché dans ce roman, c'est la sensation de familiarité, de retrouver un vieil ami, de me sentir chez moi, à l'aise, parmi les pages du livre. Sans quoi, le personnage de Marie n'est pas du tout attachant, car trop froid, indifférent, rigide et au caractère exclusif et entier (au vu de la fin).
L'histoire aussi s'écoule lentement, timidement, avec des petites notes toujours appréciables sur la vie, les livres, Proust, la Bretagne, la vie parisienne, la vie précieuse et le théâtre, le don de soi, l'amour filial, conjugal, etc. De belles petites choses, à apprécier au compte-goutte, mais sur lesquelles on referme la dernière page du livre, en sachant pertinemment qu'elles s'évanouiront tout aussi vite dans les airs. Des retrouvailles savoureuses, mais trop fugaces...
Seuil ♦ avril 2014 ♦