L'éveil des Macchabs (Tome 1), de Ty Drago
« Ma vie bascula du tout au tout un mercredi matin ensoleillé du mois d'octobre, quand je découvris que mon voisin était un mort-vivant. »
La déferlante Zombie s'abat chez nos jeunes lecteurs (approx. 12 ans) et nous propose avec ce début de série un univers plutôt original et sympathique. Premier point stupéfiant, les héros sont des adolescents capables de voir les envahisseurs, lesquels ont l'apparence d'être normaux mais sont en réalité des cadavres ambulants. Ils veulent coloniser la planète, à commencer par la ville de Philadelphie, et aussi éliminer toute espèce humaine mais se heurtent à cette poignée d'ados, doués du don de Clairvoyance, qui ont constitué leur petite armée.
Will Ritter, 12 ans, est l'un d'eux. Un matin, en se rendant à l'école, il découvre non seulement que son voisin est un mort-vivant, mais aussi ses professeurs. Une camarade de classe, comprenant alors qu'il est en danger, l'emmène dans un repère de fuyards où il va apprendre que son père, agent de police mort deux ans auparavant, menait une vie secrète en entraînant cette armée de l'ombre, désormais dirigée par Tom et sa sœur Sharyn. Sans le savoir, Will est un élément précieux... chose impensable, puisqu'il rêve de retourner à sa petite vie ordinaire et oublier les Macchabs, le Refuge, la Base Alpha etc.
Ce 1er tome sert donc d'appoint à un ensemble qui ne demande qu'à s'enrichir. Pour l'heure l'intrigue paraît basique et calibrée pour toucher un lectorat adolescent : les personnages ont leur âge, mènent une vie de marginaux, loin des adultes, mais doivent sauver leur ville. Ils ont pour eux leur intelligence, leur audace et leur courage, mais ne sont pas infaillibles non plus. Si le début paraît un peu lent à vouloir faire les présentations, le roman basculera plus tard dans un rythme effréné, avec courses-poursuites infernales et affrontements sans pitié. Pour public jeunesse, et amateurs d'une version ultra soft de Walking Dead.
Bayard jeunesse, Avril 2014 ♦ traduit par Patrice Lalande
La cérémonie du café, de Franck Krebs
“ Il y a des mères qui ne devraient pas être permises. Leur amour détériore tout ce qui passe à portée de leur cœur. Leur tendresse ressemble à des fringales de vampires. Elles empoisonnent, déchiquettent, dévorent. Jusqu'à ce que l'avenir de leur enfant n'existe plus. ”
Voilà un court roman écrit sur un ton humoristique, mettant en scène deux sœurs, Leïla et Sabbah, livrées à elles-mêmes, dans leur petit appartement d'un quartier populaire. La sœur aînée souhaite le meilleur pour sa cadette, aussi refuse-t-elle qu'elle traîne dans les rues après le collège. Ce sont les voisines du dessous, “les siphonnées du huitième”, qui vont assurer l'intérim. Horreur et damnation, Madame Mavre et sa fille Brigitte traînent une sacrée réputation dans le quartier : sorcières tyranniques et tout le bastringue. Au début, c'est vrai que Sabbah n'en croit pas ses yeux, “c'est mieux qu'au cinéma : action garantie, en direct, avec son dolby stéréo, selon l'humeur de Brigitte”. Et puis, le temps passant, les cernes de Leïla se creusant davantage sur son visage, l'adolescente va apprendre à mieux connaître ses voisines, s'attacher à elles, recoller les morceaux d'une histoire familiale brinquebalante, prendre sa vie en mains et se donner toutes les chances de réaliser son rêve (devenir policière). C'est un texte résolument optimiste, avec une note de sensiblerie, mais écrit avec un pur sens de la comédie, qui fait qu'on passe un vrai, bon moment ! Très sympa, pour jeunes lecteurs niveau collège.
éditions Thierry Magnier, avril 2014 ♦ illustration de couverture : Véronique Figuière