Lycée out, de Claire Loup
Dans le but de se venger de la bassesse de son petit ami, qui a rompu par carte postale pour mieux filer le grand amour avec une autre fille, Emma devient la Napoléonienne, une guerrière de l'amour, avec pour seules armes sa plume, son esprit et son humour sarcastique. Elle dégaine vite et bien, pirate le journal du lycée, gagne en popularité et obtient gain de cause en assommant ses ennemis.
Forte de cette victoire, Emma pourrait regagner ses pénates la tête haute. Au lieu de quoi, elle a pris goût au jeu et flirte en ligne avec un certain Don Juan, le bien-nommé. Notre séducteur est obsédé par la mystérieuse lycéenne, qui est entrée en mutinerie contre la direction. Il est séduit, troublé, veut en savoir plus. Mais le problème, c'est que ces deux-là ont beau se faire du charme et séduire avec les mots, ils n'en demeurent pas moins deux handicapés sociaux dans la vraie vie.
C'est ce qu'on va effectivement découvrir au fil de l'intrigue, qui est nettement moins craquante sans ses artifices primesautiers. Les personnages apparaissent lourds, peu finauds, grossiers, aux humeurs changeantes, bref de vrais adolescents avec leur poussée d'hormones et en conflit avec les adultes. J'ai soupiré de déception, terriblement frustrée de devoir composer avec cette donnée inaliénable. J'avais dépassé les limites du supportable, et je regrettais amèrement les débuts virevoltants.
On retiendra donc de cette lecture une brillante entrée en matière, une adolescente revêche et orgueilleuse, ses réparties cinglantes, ses batailles menées avec beaucoup d'intelligence (et un brin de perfidie), la savoureuse partie de marivaudage et ce qu'on devine être une fresque insolite de notre jeunesse dorée et pinailleuse. Dommage que l'ensemble se soit révélé bancal.
Plon jeunesse, septembre 2010