14/05/14

Des canards trop bizarres, de Sara Varon et Cecil Castellucci

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Excentrique, cette chère Gwendoline ? Tous les matins, elle se livre à ses exercices de gymnastique, pousse des vocalises, puis fait des longueurs dans la mare, avec une tasse de tisane d'églantier sur la tête. Elle part ensuite faire ses courses, achète immanquablement de la sauce à la mangue, se rend à la bibliothèque pour y emprunter les mêmes ouvrages. Chaque soir, elle lève les yeux au ciel, contemple les étoiles et fait le vœu de ne rien modifier dans son existence de rêve.

Jusqu'au jour où débarque son nouveau voisin, Elvis, avec ses sculptures conceptuelles, ses plumes décolorées, son charabia incompréhensible et ses danses de sauvage... Petit à petit, il envahit son espace. Gwendoline apprend à le connaître, et tous deux deviennent inséparables. Leur belle amitié s'effrite pourtant lorsqu'ils vont surprendre en ville une conversation glissant « ce canard est trop bizarre ». Gwendoline et Elvis se méprennent et s'accusent mutuellement d'être trop originaux. Et là c'est le drame, le clash !

Finalement, ils vont raccommoder leurs petits bobos et se confondre en excuses, car franchement c'est tellement bon d'être différent, d'accepter les différences, personne n'est jamais « trop bizarre », on s'en balance du regard des autres, etc. L'essentiel, c'est de rester soi-même, de ne pas juger ceux qui sortent de l'ordinaire ou ne nous ressemblent pas. C'est une histoire charmante et pleine de tendresse, qui traite de la tolérance en toute simplicité. On craque pour les canards et les belles couleurs du livre !

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Rue de Sèvres, mai 2014

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Les Tchouks, de Kerascoët et Benjamin Richard

Les Tchouks La cabaneLes Tchouks La plage

Ils s’appellent Pitchouk, Patachouk, Tchougris, Tchoukrik, Tchoukidou, Tchougrak. Pas plus hauts que trois pommes, ils forment une chouette bande de copains à qui il arrive un tas d’aventures. Qu'ils décident de construire une cabane ou qu'ils passent la journée à la plage et voguent en mer sur un bateau, ils nous offrent un échantillonnage de chamaillerie, de copinage, de complicité, d'ingéniosité, de fantaisie, de rigolade... bref, c'est une petite série rafraîchissante, bien mignonne, avec des illustrations qui donnent envie de déposer un bisou sur les joues de ces Tchouks franchement adorables !

Rue de Sèvres, mai 2014

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Mon père ce héron, par Jul

Près de l'étang, se tient un conciliabule entre jeunes grenouilles. « Mon père, il présente la météo », « Mon père, il a défié les plus grands toréadors », « Mon père, il a fait chanteur en finale d'un concours international ». Chacun y va de sa petite surenchère, jusqu'à ce que l’une d’entre elles ose « Moi, mon père, c’est un héron » ! Pas possible. Tout le monde sait que les hérons mangent les grenouilles. Ils font quinze fois la taille d'une grenouille. Leurs pattes sont aussi grandes qu'un roseau. Et quand une grenouille voit un héros, généralement c'est la PANIQUE ! N'en doutez plus, cette lecture est très drôle et s'adresse aussi bien aux grands ou aux enfants. L'humour est décalé, grinçant, désopilant. On adore les retournements de situation et les jeux de mots dans l'histoire. Les dessins de Jul apportent aussi un petit zest de malice. Un parfait petit cocktail, relevé à la sauce aigre-douce. Très slurp ! 

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Rue de Sèvres, mai 2014

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La terre fredonne en si bémol, par Mari Strachan

« Le ciel est parfait, ce soir. Une fois, en cours de dessin, j'ai mélangé toutes mes gouaches pour obtenir un ciel identique : d'un bleu profond et dense dans le creux de la voûte, qui s'éclaircit et tire sur le blanc en rencontrant la terre, au niveau des collines de Llyn - qui semblent avoir été découpées dans du papier et collées là. M. Parry m'a dit que c'était trop beau pour être vrai, mais c'était pourtant bien ce que je voyais. Je veux m'envoler pour regarder les étoiles scintiller à travers ce bleu. La nuit dernière je n'ai pas voulu regarder en bas. Ni vers la ville ni vers la mer. J'ai plané sur le dos pour écouter le chant de la terre, les yeux perdus dans le ciel. Je me demande où il s'arrête. Et où se trouve le paradis ? Je n'ai jamais rencontré d'esprits là-haut. Je me demande s'il y a d'autres gens qui vivent aussi loin que les étoiles. Des extraterrestres. Les extraterrestres sont toujours des monstres dans les films. Mais s'ils étaient comme nous ? Est-ce qu'ils seraient quand même des monstres ? »

la terre fredonne

Gwenni, douze ans, est une enfant rêveuse et curieuse. La nuit, dans son lit, elle rêve qu'elle vole au-dessus de la campagne galloise. Le retour à la réalité est plus amer, sa mère ne lui fait pas de cadeau, sa sœur Bethan se moque d'elle. Bref, elle trouve un certain réconfort auprès de Mrs Evans, ses deux fillettes et les nombreux livres qui encombrent leur maison. Mais le jour où elle se rend chez elle et la découvre en larmes, Gwenni comprend que son époux, Ifan, a mis les voiles, avec son gros chien noir. Aussitôt la nouvelle court en ville, les adultes savent mais se taisent, ce qui rend perplexe Gwenni. Elle décide alors de placarder des avis de recherche, mais cette entreprise audacieuse va mettre sa mère en colère, elle ne veut pas, n'entend pas donner libre court à son esprit feu-follet. Les gens jasent, surtout pas de cinglée dans la famille ! Quand l'étrange disparition d'Ifan Evans finit par s'éclaircir, Gwenni est aux premières loges de l'enquête et fait cavaler son imagination débridée.

J'ai beaucoup aimé cette histoire singulière, portée par une jeune héroïne très attachante, une écriture poétique et une atmosphère à part, magique, envoûtante... On y avance à petit pas, en suivant les observations de Gwenni, dont l'esprit vif et romanesque nous livre une version extravagante d'une histoire hélas beaucoup plus sombre, cruelle et poignante. Et c'est ce mélange qui rend la lecture tellement plus attrayante ! On a une jeune fille dans toute sa candeur, qui ne réalise pas toutes les subtilités d'un monde adulte qui l'entoure, avec ses secrets et ses mensonges, dont on devine avant elle toute la noirceur. C'est bouleversant, mais tellement bien raconté que jamais on n'a le sentiment d'avoir le moral plombé. Au contraire, c'est drôle et grave, tendre et émouvant. On trempe dans un univers complètement décalé, et le résultat est prodigieux. Je suis littéralement tombée sous le charme de cette très belle révélation !

10-18 ♦ traduit par Aline Azoulay-Pacvon pour les éditions NiL ♦ décembre 2013 pour la présente édition

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