J'ai pas volé Pétain (mais presque...), de Bruno Heitz
Troisième rendez-vous avec notre cher Jean-Paul, grand amateur de combines foireuses et toujours au cœur de situations délicieusement louches. Comme on se marre bien, on ferme les yeux sur ses petites escroqueries aux méthodes peu orthodoxes. Cette fois, notre bougre hérite de sa vieille tante lorraine une série de garages, dont la location lui rapporte un beau petit pactole. Et puis, un box se libère, son pote Gérard, l'ancien flic, lui présente un riche client, un avocat, qui a juste besoin de stocker des meubles. De fil en aiguille, notre Jean-Paul fait la causette avec sa secrétaire, la très gironde Jacotte, et le voilà embarqué dans une véritable fumisterie : déterrer le cercueil de Pétain, où il repose dans un cimetière de l'île d'Yeu, pour le ramener à Verdun, au milieu des Poilus. Mais quelle embrouille ! Il s'agit pourtant d'un fait-divers véridique, peu connu, que Bruno Heitz a exhumé avec panache et qui fait sourire de consternation. L'histoire se laisse lire sans déplaisir et fait état d'une arnaque incroyable, racontée avec humour et ironie. Ce sont surtout les personnages qui valent leur pesant de cacahuètes, grotesques, bêtes, acharnés, malhonnêtes, animés par la rage, la folie, le désespoir... bref, c'est décidément une péripétie ébouriffante, qui s'inscrit comme un épisode attachant dans la biographie de notre Jean-Paul, l'anti-héros par excellence.
Gallimard ♦ coll. Bayou ♦ mai 2014