03/06/14

La Cerise sur le gâteau, par Jean-Philippe Arrou-Vignod

en poche ! 

La cerise sur le gâteau

La crise d'ado s'invite chez la famille des Jean-Quelque-Chose : Jean-A est chamboulé d'être le seul garçon dans sa classe de latin, même son séjour linguistique lui a mis la tête à l'envers, désormais il porte des pantalons à pattes d'eph', joue de la guitare et a pour but de devenir l'idole des jeunes. Quel beau métier, se dit Jean-B, notre narrateur. Celui-ci n'a pas changé d'un iota : agent secret il sera, comme James Bond, dont les aventures cinématographiques lui font raconter des histoires à ses parents.  “Le mensonge est le prix à payer pour devenir agent secret. Il faut faire croire aux autres qu'on a une vie absolument normale. Personne ne doit savoir qui vous êtes réellement, pas même vos frères ni vos parents, sinon on risque de les torturer avec un luxe de raffinement incroyable pour leur faire avouer vos véritables activités.” Encore un épisode savoureux de cette famille aux petits oignons, qui fleure bon la douce nostalgie des années 60-70 et qui fait la part belle à la complicité entre frères, les rêves et les délires qui fourmillent dans leurs jeunes têtes. C'est une lecture qui réchauffe le cœur et qui peut plaire à tous les âges. Bonheur assuré.

Folio junior, mai 2014 ♦ illustrations de Dominique Corbasson

Les cinq histoires - L'omelette au sucre, Le camembert volant, Une soupe de poissons rouges, Des vacances en chocolat, La cerise sur le gâteau - sont regroupées en un seul livre (doudouthérapie inside) : 

une famille aux petits oignons

Posté par clarabel76 à 16:00:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , ,


Yankov, par Rachel Hausfater

« J'ai tant de haine à jeter au monde, tant de chagrin à étouffer, tant de vengeances à commencer ! »

Yankov

Yankov est un enfant rescapé du camp de Buchenwald. Libéré par des soldats noirs américains, il est envoyé, avec l'uniforme des jeunesses Hitlériennes sur le dos (quelle ironie !), dans un château où se trouvent d'autres orphelins désabusés et vindicatifs. Tous sont des enfants brisés, devenus « des bêtes, des brutes, des bandits ». Ils se tapent dessus, se volent entre eux, ils ne savent plus communiquer, n'ont plus d'identité, ils se jettent sur la nourriture, dévorent tout ce qu'ils peuvent, mais ne se sentent jamais rassasiés, et bien évidemment ils ne croient plus en rien, ni personne. Et puis, l'arrivée d'une nouvelle directrice va enfin bousculer leur vie, à force de patience elle va réussir à les apprivoiser et leur rendre ce qu'ils ont perdu : leur enfance. Car ce tout petit roman d'à peine 150 pages ne paie pas de mine, mais il est extrêmement bouleversant ! Rachel Hausfater nous raconte l'histoire authentique de ces enfants à qui on a volé cette enfance sacrée et qui doivent réapprendre à redevenir eux-mêmes, libres et insouciants, après avoir vécu l'horreur. L'écriture est de toute beauté. Cela cogne dur et fort, ça vous noue parfois l'estomac. C'est un texte admirable, poignant, à recommander aux enfants, petits et grands, c'est une lecture indispensable !

éditions Thierry Magnier ♦ avril 2014 ♦ illustration de couverture : Séverin Millet

Quelques extraits, pour vous convaincre : 

« - Comment tu t'appelles ? me demande-t-elle doucement dans son yiddish hésitant.
Je ne lui réponds pas, je lui montre juste mon bras.
Mon numéro, c'est moi.
Alors elle tend la main et me touche la peau. Ça brûle ! Je me lève brusquement et me sauve en courant, regrimpe l'escalier et me jette dans mon lit. Mon cœur est tout battant et j'ai envie de pleurer.
Je veux pas ses caresses !
Car la tendresse, ça ment.
Ça fait croire aux mamans... »

« Toute ma vie, il y aura en moi un trou là où ma mère m'aimait. »

« Je veux repartir en enfance, réapprendre l'insouciance. Ne pas rester les yeux vitreux à regarder le vide avec envie de m'y jeter. Ne pas me cacher tout seul dans le noir à espérer qu'il va m'avaler. Ne pas penser sans cesse au cauchemar qui a duré presque toute ma vie.
Je ne sais pas si c'est possible, redevenir enfant après avoir été vieux, rattraper le temps volé, revivre, après une si longue mort. Mais je vais essayer.
Après mille ans de désespoir, je veux enfin avoir onze ans. »

« J'ai vu les pères tomber, les mères s'en aller et les enfants brûler. J'ai vu la fin du monde. Comment oublier ? »

Posté par clarabel76 à 08:30:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , ,