Lettres à pattes et à poils et à pétales, de Philippe Lechermeier et Delphine Perret
Voici cinq nouvelles correspondances, cinq histoires complètement folles et très drôles, après le très réussi Lettres à plumes et à poils écrit et illustré par le même duo, Philippe Lechermeier et Delphine Perret.
Ce recueil à la couverture orange vous réserve une nouvelle fournée de lettres désopilantes. Jugez plutôt, un dictyoptère amoureux éploré inonde la rubrique « courrier du cœur » de la coccinelle experte en conseils pour partager ses tourments (sa dulcinée ? une mante religieuse !), mais aussi la chèvre de Monsieur Seguin, qui n'écrit pas du paradis, prévient son ancien maître de la révolution en cours, et ça va fuser !
Cela nous renvoie à la fabuleuse lettre du Chienchien à sa mémère, qui n'en peut plus, du trop-plein d'amour de sa maîtresse et ses bonnes copines, il est en pleine crise (d'adolescence ?) et ça va saigner dans les chaumières ! ...
Autre trouvaille excellente, avec les lettres du moustique à la fenêtre qui refuse de s'ouvrir (vous êtes cernés !), mais sincèrement j'étais partagée entre le rire jaune et la grimace. Ouhalala !! Le cauchemar.
Petit instant de poésie, entre une rose et son jardinier, elle magnifique et fière de sa parure tombe sous le charme d'un promeneur dans le parc, elle y croit fort, fort, fort... leur amour est réciproque, du genre SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ ! ... Mais la réalité, une fois encore, est terriblement cruelle.
Triste et amer, ce petit bouquin ? Oh que non ! C'est tout le contraire.
L'humour y est grinçant, mordant, ravageur. L'auteur a su combiner à merveille les rencontres impossibles et les échanges inimaginables pour dénoncer l'inconscience collective, l'injustice, la colère, la frustration... avec une innocence feinte. Franchement, c'est irrésistible.
Chaque correspondance a sa petite touche personnelle, avec toujours cette note cocasse en arrière-plan, qui fait gausser le lecteur à la fin de chaque séquence. Les chutes sont vertigineuses, provoquant des éclats de rire ou des grincements de dents.
L'effet est souhaité. Après tout, sous la boutade, on notera une critique fine et intelligente des travers de notre société.
Vous avez là une lecture juteuse, à presser comme une orange. À déguster sans complexe.
En plus, les illustrations de Delphine Perret sont au poil !
éditions Thierry Magnier, mars 2014