Cher Bill, par Alexandra Pichard
Pendant toute une année scolaire, deux écoliers, Oscar la petite fourmi et Bill le poulpe, s'écrivent des lettres. Très vite, une vraie complicité se noue entre les deux correspondants, qui s'envoient des cadeaux (un coquillage, du sable, des moufles, des livres, etc.) et partagent aussi des goûts communs (le ping-pong, la lecture, les crêpes...).
Quelle adorable histoire, toute simple, mais absolument charmante de bout en bout ! On craque pour cette amitié naissante, qu'on voit éclore en suivant l'échange de lettres. C'est doux, spontané, raconté sur un ton ingénu... Mais c'est tout sauf une lecture banale, car elle respire la générosité, le bien-être, la chaleur, le bonheur et l'amitié sincère ! La fin est géniale.
Les illustrations d'Alexandra Pichard sont claires et épurées. J'avais adoré la couverture, rien que pour cette touche légère et très distinguée ! Une belle réussite. Charme, humour et simplicité en sont les clefs !
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, février 2014
Lettres à pattes et à poils et à pétales, de Philippe Lechermeier et Delphine Perret
Voici cinq nouvelles correspondances, cinq histoires complètement folles et très drôles, après le très réussi Lettres à plumes et à poils écrit et illustré par le même duo, Philippe Lechermeier et Delphine Perret.
Ce recueil à la couverture orange vous réserve une nouvelle fournée de lettres désopilantes. Jugez plutôt, un dictyoptère amoureux éploré inonde la rubrique « courrier du cœur » de la coccinelle experte en conseils pour partager ses tourments (sa dulcinée ? une mante religieuse !), mais aussi la chèvre de Monsieur Seguin, qui n'écrit pas du paradis, prévient son ancien maître de la révolution en cours, et ça va fuser !
Cela nous renvoie à la fabuleuse lettre du Chienchien à sa mémère, qui n'en peut plus, du trop-plein d'amour de sa maîtresse et ses bonnes copines, il est en pleine crise (d'adolescence ?) et ça va saigner dans les chaumières ! ...
Autre trouvaille excellente, avec les lettres du moustique à la fenêtre qui refuse de s'ouvrir (vous êtes cernés !), mais sincèrement j'étais partagée entre le rire jaune et la grimace. Ouhalala !! Le cauchemar.
Petit instant de poésie, entre une rose et son jardinier, elle magnifique et fière de sa parure tombe sous le charme d'un promeneur dans le parc, elle y croit fort, fort, fort... leur amour est réciproque, du genre SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ ! ... Mais la réalité, une fois encore, est terriblement cruelle.
Triste et amer, ce petit bouquin ? Oh que non ! C'est tout le contraire.
L'humour y est grinçant, mordant, ravageur. L'auteur a su combiner à merveille les rencontres impossibles et les échanges inimaginables pour dénoncer l'inconscience collective, l'injustice, la colère, la frustration... avec une innocence feinte. Franchement, c'est irrésistible.
Chaque correspondance a sa petite touche personnelle, avec toujours cette note cocasse en arrière-plan, qui fait gausser le lecteur à la fin de chaque séquence. Les chutes sont vertigineuses, provoquant des éclats de rire ou des grincements de dents.
L'effet est souhaité. Après tout, sous la boutade, on notera une critique fine et intelligente des travers de notre société.
Vous avez là une lecture juteuse, à presser comme une orange. À déguster sans complexe.
En plus, les illustrations de Delphine Perret sont au poil !
éditions Thierry Magnier, mars 2014
Revivre à Butternut, Tome 1 : Mon voisin du bord du lac, de Mary McNear
Veuve depuis deux ans, Allie décide d'offrir à son fils Wyatt un cadre de vie meilleur en s'installant à Butternut, où elle avait gardé de bons souvenirs d'enfance. Mais impossible de chasser son humeur morose et ses doutes constants quant à savoir si elle a pris la bonne décision ! Pourtant, elle peut compter sur le soutien sans faille d'amies précieuses, Jax et Caroline, mais aussi sur son voisin, le séduisant Walker Ford.
Ne vous emballez pas trop vite en fantasmant sur la rencontre, il n'y aura point d'idylle folle et sauvage à l'horizon, car la jeune femme est fermée aux autres, complètement éteinte. « Si elle est éteinte, à toi de souffler sur les braises. » confie le frère de Walker à celui-ci. Mouahaha.
L'histoire, aussi charmante soit-elle, n'est pourtant pas débordante de séduction, pour qui s'attend à une romance dans les règles de l'art. On suit aussi plusieurs histoires, et pas seulement celle d'Allie, qui tente de se reconstruire après son deuil.
Il y a, par exemple, Jax, l'amie d'enfance, désormais comblée en amour et mère d'une famille nombreuse, qui voit un spectre de son passé resurgir et fragiliser cette belle harmonie, et aussi Caroline, la gentille propriétaire du café, qui se sent terriblement seule depuis le départ de sa fille unique à l'université.
En somme, la lecture n'est que douceur, pudeur et sensibilité, un cocktail pas désagréable non plus. Surtout si l'on s'attache à la communauté de Butternut, un havre de paix, un cadre idyllique, bref le rendez-vous qui se voudrait incontournable le temps d'un été... (mais qui ne réussit pas à m'attacher complètement).
J'ai Lu, coll. Promesses, mars 2014 ♦ traduit par Sophie Dalle