La Patience du diable, de Maxime Chattam
Il est clairement préférable d'avoir lu La Conjuration primitive avant celui-ci.
L'histoire nous renvoie auprès de Ludivine Vancker, lieutenant à la Section de Recherche de Paris. La jeune femme est encore fortement traumatisée après les douloureux évènements survenus dix-huit mois plus tôt. Elle a tout tenté pour garder la tête hors de l'eau, même un stage chez le criminologue Richard Mikelis, avec qui elle a appris à cerner la sombre psyché des dangereux sociopathes. Très attachée à son boulot, elle peut s'appuyer sur une équipe solide et efficace, dont Segnon, son socle, sa valeur sûre, qui veille sur elle comme un bon papa gâteau.
Bref, un soir, en région parisienne, l'équipe intervient pour une arrestation de dealers, mais découvre avec horreur qu'ils ne transportent pas de la drogue, mais de la peau humaine ! Une découverte que les inspecteurs ne recoupent pas tout de suite avec la soudaine épidémie de violence qui sévit en France : deux ados qui tirent sur les passagers d'un TGV, des bombes artisanales déposées dans des salles de cinéma, des pistolets à eau remplis d'acide abandonnés dans un centre commercial, un commando suicide dans un restaurant... Le monde est devenu fou !
Mais tout ceci rappelle tristement à Ludivine la sinistre « conjuration primitive », une théorie flippante à laquelle elle avait été confrontée, et qui semble se rejouer sur les mêmes accords, à un seul détail près : l'implication du diable en personne. Hallucinations ou nouveaux préceptes délirants? La gendarmerie est à cran. Le lecteur aussi. Parce qu'on nous assomme de nouveau avec une succession de violence, avec force détails macabres et sanguinolents, et qu'on n'a pas le temps de dire ouf que les faits nous abreuvent, nous étouffent.
C'est la mécanique imparable de M. Chattam, et c'est sombrement efficace. Le livre est peut-être un tout petit peu moins bon que le précédent, avec un goût de réchauffé, mais le résultat est au final infaillible : on ne lâche jamais le morceau et on gobe tout !! La version Audiolib est en cela angoissante à souhait. La réalisation sonore étant quasi inexistante, cela vous fige une ambiance, glaciale et stressante, c'est bluffant. La lecture a de nouveau été confiée à Sylvain Agaësse, qui avait parfaitement réussi à instaurer une tension palpable dans le précédent opus et renouvelle brillamment l'exploit.
On sort de là avec le sentiment d'avoir vu ses cauchemars réveillés et sa paranoïa exacerbée ! Un cocktail de sensations dérangeantes mais tellement grisantes, qui nous fait revenir livre après livre...
Audiolib, juillet 2014 ♦ texte intégral lu par Sylvain Agaësse (durée d'écoute : 14h 45) ♦ éditions Albin Michel, mai 2014