Le Château de Cassandra, de Dodie Smith
Quel formidable roman ! J'ignore pourquoi j'ai autant attendu pour le lire, car c'est un pur régal. L'histoire est d'un classicisme absolu, un brin poussiéreuse, délicieusement guindée, c'est un bonbon anglais, avec un zeste de fantaisie. Un mélange sucré et acidulé... la combinaison parfaite !
Cassandra est une jeune fille de 17 ans qui vit dans un château délabré. Son père a écrit un roman à succès, mais n'a pas retouché la plume depuis des années. Il vit cloîtré dans son bureau, lit des romans policiers à la pelle et ne se préoccupe nullement des soucis domestiques. Car la vie quotidienne est une succession de petites débrouilles et autres sacrifices pour les femmes de la maison. Topaz, la belle-mère, use de ses charmes auprès de ses relations à Londres pour décrocher quelques contrats (elle était modèle pour les peintres à la mode), Rose, l'aînée de 21 ans, s'abîme les mains avec les lessives et les trempages de teinture verte pour redonner de l'éclat à leurs toilettes. C'est elle qui souffre le plus de la situation. Elle rêve de s'échapper de sa condition, de rencontrer un riche parti et de l'épouser.
La providence s'invite au château lorsque leurs nouveaux voisins débarquent à l'improviste. Deux frères, Simon et Neil Cotton, venus tout droit d'Amérique. Aussitôt, les esprits romantiques des jeunes filles s'embrasent et Rose papillonne de bonheur. Le journal de Cassandra nous fait ainsi partager les événements qui jalonnent leur existence, de mars à octobre, avec autant de sensibilité que d'ironie. Fine observatrice, pleine d'esprit et de talent, la jeune fille a pour ambition d'écrire un roman et s'entraîne à l'écriture rapide en relatant les exploits de sa famille. Elle-même est submergée par ses premiers émois sentimentaux, avec le jeune jardinier qui n'a d'yeux que pour Cassandra, sauf qu'elle se sent empruntée et confuse...
Ce roman vintage possède un charme fou et réserve un instant de lecture précieux et délectable. J'ai a-do-ré !
Folio junior, juin 2009 ♦ traduit par Anne Krief (I capture the castle)